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TOUTES LES RAISONS DE CROIRE
Les mystiques
n°413

Pérou

1586 – 1617

Sainte Rose de Lima, « un lys parmi les épines »

Née à Lima (Pérou) dans une famille pauvre, Rose fait l’expérience de Dieu dès sa jeunesse. Visions, locutions, charismes extraordinaires, prophéties se succèdent chez elle. Recluse dans une cabane édifiée dans le jardin familial, où elle reçoit tout ce que sa ville natale compte de pauvres, elle mène une ascèse radicale, qu’elle considère comme une voie menant à Dieu. Après une vie de charité, elle meurt en odeur de sainteté. Des miracles se produisent lors de ses funérailles. Canonisée en 1671, elle devient la patronne des Amériques et la première sainte originaire d’Amérique latine.

© Shutterstock/Janusz Pienkowski
© Shutterstock/Janusz Pienkowski

Les raisons d'y croire :

  • La vocation de Rose est miraculeuse : en 1603, elle s’enfuit du domicile familial et se réfugie dans l’église Saint-Dominique. Là, une « force invincible » la cloue au sol ; elle reçoit une illumination intérieure : c’est ici que le Seigneur la désire.

  • Malgré les nombreuses visions de Jésus, de Marie et de saints dont elle est gratifiée, malgré la rudesse ascétique de son existence, elle n’a jamais été considérée comme une déséquilibrée, que ce soit par le clergé ou par les habitants de Lima.
  • Vivant dans une familiarité extraordinaire avec Dieu et ses saints, Rose sait que vivre l’Évangile consiste d’abord à voir en chaque homme le Christ souffrant. Aussi sa charité n’est ni ponctuelle ni dépendante d’aucun facteur humain. Elle aménage un espace dans la maison de ses parents, où elle accueille sans cesse dans la charité enfants abandonnés et vieillards invalides. Cette œuvre de bienfaisance est une première dans la ville de Lima à cette époque.
  • On ne peut expliquer naturellement son activité de prière et d’assistance aux démunis lorsque l’on connaît la faiblesse de son alimentation (pain, soupe d’herbes, jamais de viande) et de son sommeil (à peine trois heures par nuit).
  • Rose de Lima ne recherchait ni publicité ni bénéfices, mais, au contraire, la fuite du monde, pour prier et aider les plus pauvres.
  • Rose de Lima a eu plusieurs paroles prophétiques. Par exemple, elle annonce la création future d’un monastère dominicain, dix-sept ans avant les faits, alors qu’il n’est aucunement question d’un tel projet. De la même manière, elle a annoncé, des mois avant, la date précise de sa mort : le 24 août 1617.
  • Rose est accompagnée chaque jour par un confesseur remarquable, grand connaisseur de la vie spirituelle et de ses embûches : le prieur du couvent dominicain de Lima. Avec Juan del Castillo, médecin laïc, co-auteur d’un ouvrage remarquable sur la mystique, ils recueillent les paroles de la sainte au cours d’entretiens fréquents.
  • Après sa mort, Rose apparaît simultanément et séparément à trois personnes. Sans se concerter, chacune la décrit de la même façon : une femme vêtue de blanc, une palme à la main, conduite par les anges devant la Vierge Marie, qui lui offre une « couronne ».

  • Les centaines de personnes qui défilent devant Rose le jour de ses obsèques décrivent un visage anormalement « radieux », comme transfiguré. Le confesseur de Rose est l’un des nombreux témoins qui prennent acte de ce phénomène.

  • Lors des funérailles, un autre prodige a lieu dont sont directement témoins plusieurs évêques et un grand nombre de prêtres et de laïcs : tous voient la statue de Notre Dame du Rosaire « saluer d’un sourire »Rose de Lima.

  • Des guérisons sont rapportées de manière très circonstanciée durant les trois jours que durent les obsèques, après qu’on eut touché le corps de la sainte. Infirmes, adultes ou jeunes enfants, les miraculés sont d’origines diverses.
  • Les détracteurs de la mystique chrétienne échafaudent des hypothèses invraisemblables : tricherie de Rose et du clergé, faux documents, fausses déclarations, intérêts matériels liés au culte populaire, mensonges répétés, complicité des autorités municipales… Mais aucun de ces griefs ne résiste à l’analyse des faits historiques. Rose a fait preuve toute sa vie durant d’honnêteté, d’humilité, d’obéissance, de charité et de mépris des biens terrestres. Les phénomènes extraordinaires et les rapports détaillés sur les guérisons pendant et après les funérailles de la sainte ont été examinés avec prudence et probité… Rien ne manque. Rose est béatifiée par le pape Clément IX en 1668, puis canonisée seulement trois ans plus tard, par Clément X.
  • Le 15 avril 1668, jour de la béatification de Rose, une partie des habitants de Lima voient distinctement briller une étoile inhabituelle à côté du soleil. Une hallucination collective à cette échelle est impossible et le prodige a lieu en pleine journée.

Synthèse :

Née en 1586 à Lima, Isabel de Flores, plus connue sous le nom de Rose – nom qu’elle adopte définitivement à sa confirmation – est espagnole par son père et créole par sa mère. Son enfance est marquée par un grand intérêt aux choses de la foi. En ce domaine, l’enfant fait figure de surdouée. Avant ses sept ans, elle passe de longs moments en prière, les yeux clos, immobile. Elle n’a pas encore dix ans lorsqu’elle se met à jeûner deux ou trois fois par semaine.

Son père a construit au fond de son jardin un petit oratoire et une cabane qui vont devenir le lieu où Rose aime se rendre pour prier. Elle y effectue des petits travaux de broderie et aide ses parents aux tâches ménagères. Le Christ commence à la visiter et l’encourage, ainsi que la Vierge Marie. Son projet de devenir religieuse mûrit. Mais elle essuie un refus catégorique de ses parents lorsqu’elle leur fait part de son idéal. Du reste, la famille est pauvre et elle ne peut lui offrir la dot nécessaire à toute nouvelle moniale, comme le veut la tradition de l’époque.

En 1603, ses parents sont informés qu’une tante de l’archevêque de Lima peut faire entrer leur fille chez les clarisses de la ville, sans aucune dot. Rose est en joie mais sa mère refuse une nouvelle fois, prétextant que sa fille doit aider une grand-mère grabataire. Cette fois, c’en est trop. La sainte s’enfuit du domicile familial. Elle trouve temporairement refuge dans l’église Saint-Dominique de Lima. Là, tandis qu’elle prie intensément, elle sent une « force indestructible » qui la cloue au sol. Elle est incapable de bouger. Elle comprend en un éclair que sa vocation sera liée à saint Dominique et à son modèle, sainte Catherine de Sienne.

Rentrée à la maison, elle adhère avec la permission des siens à un tiers ordre dominicain et transforme la cabane du jardin en ermitage. Là, elle vit comme une recluse, priant et travaillant de ses mains. Elle n’en sort que trois fois par semaine, pour entendre la messe. L’ascétisme qu’elle pratique est radical : sommeil limité à trois heures par nuit, régime à base de soupes d’herbes, de pain et d’eau, sans aucun confort. En Rose de Lima, tout est cohérent. Elle désire suivre le Christ, c’est-à-dire l’imiter dans ses états de vie successifs, jusqu’à la croix. Aussi ses mortifications ne sont pas un supplément gratuit et vain, mais, au côté de la prière et de la charité, c’est le socle de sa spiritualité. En effet, ce qui est encore plus radical que l’ascèse chez elle, c’est la charité : elle accueille enfants abandonnés, indigents et vieillards dans une pièce de la maison qu’elle a préparée à cet effet. Dans Lima, la rumeur enfle : une jeune femme détachée de tout et de tous aime les êtres déclassés et rejetés avec les yeux du Christ.

Elle vit alors d’intenses expériences mystiques : visions de Jésus, de Marie, de son ange gardien et de sainte Catherine de Sienne, visions du purgatoire et de l’enfer, prophéties, participations à la Passion, etc. Malgré son absence de formation, Rose sait que ces expériences peuvent être source de désagréments et même de danger spirituel. Elle demande qu’un confesseur l’accompagne sur ce chemin épineux et, de manière providentielle, elle trouve en la personne d’un prieur dominicain le prêtre expérimenté qu’il lui faut. De plus, un médecin laïc, Juan del Castillo, spécialiste des états mystiques et auteur d’un livre sur ce sujet avec un père jésuite, lui apporte éclaircissements et réconfort. C’est grâce à lui et au confesseur que nous connaissons les paroles de la sainte ainsi que les messages célestes qu’elle recueille.

Elle rend son âme à Dieu le 24 août 1617, comme elle l’avait prédit. Ses funérailles durent trois jours, tant la ferveur populaire est intense. On se bouscule dans l’église Saint-Dominique, où son corps est exposé à la vénération de tous. Chacun essaye de s’emparer d’un bout d’étoffe, d’une mèche de cheveux, même d’un doigt de Rose… La force publique doit faire appel aux gardes du vice-roi d’Espagne pour contrôler la situation. Des guérisons miraculeusessont attestées autour de la dépouille. Dans les mois qui suivent, un procès de béatification est ouvert.

En 1668, celui-ci est sur le point d’aboutir. À l’époque, l’Église n’a encore jamais proclamé la sainteté de quiconque originaire d’Amérique latine. Mais il reste un document officiel à signer et le seul qui puisse le faire, c’est le pape. Or, Clément IX est méfiant vis-à-vis de toutes ces merveilles : une dévotion populaire exubérante et trop de prodiges, songe-t-il… Il réfléchit et s’exclame : « Sainte et de Lima ? J’en donnerais bien une pluie de roses. » À peine a-t-il prononcé ces mots que des pétales parfumés tombent sur le bureau du Saint-Père, achevant de le convaincre.

Rose est béatifiée le 15 avril 1668. Ce jour-là, de nombreux habitants de Lima voient une étoile étrange et inconnue briller à côté du soleil. Canonisée seulement trois ans plus tard, Rose est nommée patronne des Amériques, puis des Philippines, des Indes orientales et des JMJ de Madrid.

Sa popularité au Pérou est permanente : Rose est une gloire nationale depuis le XVIIe siècle, bien avant sa canonisation. Sur l’emplacement de sa maison natale a été construit un vaste monument et, en 2021, elle a été représentée sur un billet de banque de deux cents sols péruviens.

Patrick Sblachiero, membre de l’Observatoire international des apparitions et des phénomènes mystiques.


Au-delà des raisons d'y croire :

En 2017, pour le 400e anniversaire de la mort de sainte Rose de Lima, le Pape François parle d'elle comme « un lys ayant poussé au milieu des épines », en s'inspirant du Cantique des cantiques.


Aller plus loin :

S. Melchior-Bonnet, « Sainte Rose de Lima », Histoire des saints et de la sainteté chrétienne, t. 8. Les saintetés chrétiennes (1546-1714), Paris, Hachette, 1987.


En savoir plus :

  • Melquiades Andres, Historia de la mistica de la Edad de Oro en Espana y America, Madrid, BAC, 1994.
  • Marie-France Schmidt, « Rose de Lima (sainte), 1586 – 1617 », dans Patrick Sbalchiero (dir.), Dictionnaire des miracles et de l’extraordinaire chrétiens, Paris, Fayard, 2002, p. 687-689.
  • Dans le Guide des saints d’Hozanna : « Sainte Rose de Lima, vie, miracles, prières, citations, association ».
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