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TOUTES LES RAISONS DE CROIRE
Les grands témoins de la foi
n°649

Italie

1266 – 1328

François de Sienne confie tout à la Vierge Marie et lui livre son cœur

Né à Sienne en 1266, François entre à vingt-deux ans dans l’ordre des Frères Servites de Marie, au sein duquel il est ordonné prêtre. Dans la vie fraternelle, on voit croître les vertus qui brillaient déjà en lui quand il était dans le monde, toutes soutenues par une dévotion filiale envers Marie, qu’il appelle « sa Dame ». Toute sa vie, il lui a confié ses pensées, ses actes, son cœur. Son souci d’annoncer la Parole de Dieu, la sagesse de ses conseils spirituels et sa charité envers tous font que ses contemporains le tiennent pour un authentique homme de Dieu. Il quitte cette terre pour le Ciel le 26 mai 1328.

© Shutterstock/Marijana Batinic
© Shutterstock/Marijana Batinic

Les raisons d'y croire :

  • La vie de François est connue essentiellement par la notice rédigée par le frère Christophe de Parme peu après sa mort, quand les témoins vivaient encore. Ce religieux, servite comme François, fut son confident et devint le secrétaire du frère Pierre de Todi, prieur général et historien lui aussi.
  • Depuis son plus jeune âge, rapporte son biographe, François a choisi « la Vierge pour Mère et Reine ». Tout au long de sa vie, dans sa conduite, François manifeste envers la Mère de Dieu une grande dévotion filiale. Il l’appelle sa Dame et l’invoque fréquemment. Cohérent avec lui-même, il demande et obtient d’être reçu dans l’ordre des Servites de Marie. La dévotion mariale médiévale, dont François est un exemple, est empreinte de respect et de vénération : l’homme dévoue à la Vierge des vierges ses pensées, ses paroles et ses actes, c’est-à-dire sa vie entière. Cet état d’esprit imprégna la vie profane et modela l’amour humain, et s’est ainsi traduit dans la littérature par le roman courtois, qui nous est aujourd’hui encore connu. Mais la source de l’idéal de l’amour courtois est surnaturelle : c’est l’offrande du cœur, que tout homme est appelé à formuler, à la Vierge Marie.

  • Ainsi, la foi de François, enracinée dans une dévotion mariale totale, produit des fruits que seul l’Esprit de Dieu peut faire naître, et l’on voit croître ses vertus : l’attention aux besoins de ses frères, des plus pauvres et des malades, qu’il accueille et soigne, une paix rayonnante, une sagesse sans orgueil… montrant que la dévotion mariale n’est pas sentimentalisme, mais chemin sûr vers le vrai Dieu.
  • Ordonné prêtre trois ans après son entrée dans l’ordre, il manifeste un amour particulier pour l’Eucharistie. Quoi d’étonnant puisque la sainte Eucharistie est le mystère – c’est le sens du mot « sacrement » – sous lequel Jésus-Christ, homme-Dieu, se rend en personne perceptible à nos sens. Quand François célèbre la messe, il est envahi d’une telle joie « qu’on disait qu’il voyait, sans le voile des sacrements, le Christ incarné dans la gloire ».

  • Il a un grand souci d’annoncer aux fidèles la Parole de Dieu. Pour ce faire, il s’applique avant tout à la prière. Il est étonnant que, pour devenir excellent orateur, il n’ait pas eu à privilégier l’étude des livres. C’est parce qu’il doit s’y sentir invisiblement invité qu’il se rend compte que, le concernant, la théologie ne s’apprend pas tant par l’érudition que par la piété, non pas tant par la connaissance des lois que par la pratique de la charité.
  • Ce raisonnement est mis en valeur par de nombreux auteurs spirituels : la voie intellectuelle, qui est nécessaire, ne suffit pas à l’apprentissage de la théologie. La pratique des bonnes œuvres (respect des dix commandements et accomplissement des œuvres de miséricorde, spirituelle comme corporelle) ne peut être négligée, parce qu’elle influence l’intelligence dans sa quête de Dieu : celui qui ne vit pas selon la volonté de Dieu ne pourra pas bien connaître Dieu – selon la mesure possible ici-bas. Conjointement à la connaissance intellectuelle de Dieu se trouve une connaissance par connaturalité : on connaît d’autant mieux Dieu qu’on tâche de lui ressembler.
  • François se montre de fait charitable envers tous : ceux qui vont confesser leurs péchés auprès de lui sont touchés par sa bonté discrète. Il n’est pas avare de conseils spirituels, qui sont toujours appropriés et avisés. Il apaise les différends. Sa renommée s’étend si bien qu’hommes et femmes de tous âges et de toutes conditions viennent en grand nombre le trouver.

Synthèse :

François naît en 1266 à Sienne, de parents très pieux, rapporte son confrère et confident Christophe de Parme. Tout enfant, il commence à visiter les églises de sa ville et assiste avec attention aux offices liturgiques, dont la beautéhiératique et la noblesse des gestes comme des chants, ainsi que la grandeur et la bonté qu’expriment les textes qui y sont chantés ou lus, lui parlent de Dieu. Il entend aussi avec assiduité les prêches qui sont donnés, particulièrement ceux du célèbre frère dominicain Ambroise de Sansedoni (1220 – 1286). Un jour que ce dernier loue la valeur aux yeux de Dieu d’une vie passée dans le silence et la solitude, François comprend que c’est là une invitation que Dieu lui fait. Il décide de se retirer dans la solitude.

Mais il a la charge de sa mère, qui est aveugle. Il ne veut pas la laisser seule et il se dévoue auprès d’elle, sans toutefois oublier son propos. Quand elle décède, François a vingt-deux ans. Il peut désormais satisfaire l’appel qu’il ressent en lui-même à se retirer du monde. Mais il lui semble entendre une voix intérieure qui corrige son point de vue : « On ne pèche pas en fréquentant les hommes, mais en imitant leurs vices », affirme-t-elle. François comprend alors que Dieu l’appelle à la solitude intérieure, c’est-à-dire à éviter les bruits et les divertissements vains du monde, qui détachent de lui celui qui s’y adonne. En revanche, Dieu ne lui demande pas la solitude extérieure, mais attend plutôt de François qu’il travaille à amener les pécheurs à cette solitude intérieure, qui est le chemin vers la pratique d’une vie juste. Comment y parvenir ? Dieu favorisera sa prédication de la Parole divine, révélée dans les Saintes Écritures, et mettra en valeur l’exemple de sa vie offerte.

« Si ce n’est en temps de maladie ou d’extrême faiblesse, il ne se reposait jamais de sa fatigue en se couchant dans un lit. Mais il étendait son corps exténué à même le sol avec un petit oreiller sous la tête. Si, la nuit ou le jour, le sommeil s’emparait de lui, au réveil, il se rendait aussitôt à l’oratoire aménagé dans sa cellule et, devant l’image de la Vierge, après avoir achevé une Heure de l’office, il redisait presque toujours avec dévotion le salut à la Vierge et d’autres louanges en son honneur », rapporte son biographe. Tous remarquent son amour de la pénitence et de la pauvreté, et son humilité du cœur. Il met un soin jaloux à garder la chasteté et se montre patient dans les difficultés. La notice de sa vie indique : « Il implorait la Vierge Marie de conserver toujours intacte sa virginité. Avec ardeur, il demandait l’humilité du cœur, la patience dans les difficultés, la force dans la lutte contre les ruses de l’Adversaire. Il obligeait la chair à se soumettre à l’esprit. Si des passions violentes s’élevaient dans son âme, par sa prière il les brisait contre le roc qu’étaient pour lui le Christ et la Vierge Marie, sa Dame. Dans les larmes et les soupirs, il purifiait les fautes qui s’insinuent parfois dans l’âme. Il portait un cilice à même la peau et flagellait son corps pour le maîtriser. » On voit que, pour François, la pratique de la pénitence n’est pas voulue pour elle-même, mais pour se donner tout entier à « sa Dame », et par elle au Christ. Il avait coutume de réciter cinq cents fois chaque jour la salutation angélique (le Je vous salue, Marie).

Quand arrive sa soixante-quatrième année, peu avant la fête liturgique de l’Ascension du Seigneur, François sent que l’heure de sa mort approche. Il met alors en ordre ses livres et ses affaires, et visite et bénit ses fils spirituels. Il se sait comme un voyageur sur le départ. La veille de l’Ascension, il veut être présent au couvent pour prendre son repas à la table commune, en signe de charité fraternelle et d’adieu. Le jour de l’Ascension, d’après le récit de frère Christophe de Parme, il purifie son âme par le sacrement de pénitence. Il célèbre ensuite la messe avec difficulté, car il est affaibli. Puis il se rend, avec la bénédiction du prieur, au village de Prisciano, près de Sienne, pour y prêcher. Mais, en chemin, les forces lui manquent et il tombe sur le genou droit. Il soupire alors : « Je vous aime, Seigneur, ma force ; Seigneur, mon roc, ma forteresse, Dieu mon libérateur, le rocher qui m’abrite » (Ps 17,2-3). Puis il reprend lentement sa route. On peut lire aussi ailleurs que le serviteur de Dieu rencontre alors une femme inconnue qui sortait d’un village. Elle s’approche de lui avec un bouquet de roses et lui dit : « Frère François, prenez ces roses. » Avec joie, le serviteur de Dieu les reçoit de ses mains. Avec le peu de forces qui lui restent, il les porte devant l’image de la Vierge, peinte dans un ermitage de cet endroit. Il commence l’Ave Maria. Il s’affaisse alors peu à peu sur les genoux, puis sur le côté gauche et enfin sur le bras. Ramené mourant au couvent, François expire en présence de ses frères, le 26 mai 1328.

Son corps repose à Sienne, dans la basilique Sainte-Marie-des-Servites (San Clemente in Santa Maria dei Servi). Son culte fut approuvé par le pape Benoît XIV en 1743.

Docteur en philosophie, Vincent-Marie Thomas est prêtre.


Aller plus loin :

La Legenda beati Francisci de Senis, c’est-à-dire la notice de la vie du bienheureux François de Sienne, rédigée par le frère Christophe de Parme, est traduite en italien sur le site Internet des Servites de Marie, à la rubrique « Storia », « Breve storia », sous le titre « il trecento » (à la dernière page).


En savoir plus :

  • P. M. Suarez O.S.M., Due beati senesi. Legende trecentesche del beati Gioachino e Francesco, Monte Berico, 1965, coll. Panis Servorum, 7.
  • Pérégrin M. Soulier, ed., Monumenta Ordinis Servorum Mariae, Bruxelles, 1897-1930, ici vol. V, p. 24-25, 28 et 34 passim.
  • Ménologe historique de la Mère de Dieu, par une Religieuse Bénédictine de l’Institut de l’Adoration perpétuelle du très-saint Sacrement, sœur Jacqueline de Blémur, 1682, p. 318-319. Peut être consulté en ligne.

Sur l’histoire de l’ordre des Servites :

  • Sostène Ledoux, O.S.M., Paris, Delhomme et Briguet, 1888, 624 p. En ligne.
  • Le site Internet de l’ordre présente différentes facettes de la vie religieuse des Servites. La rubrique historiqueest assez riche.
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