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TOUTES LES RAISONS DE CROIRE
Histoires providentielles
n°8

Égypte

Vers 292-348

L’intuition surhumaine de saint Pacôme le Grand

Rien ne prédisposait saint Pacôme, né et élevé dans le paganisme, à devenir l’inventeur de la forme universellement répandue du monachisme chrétien, qui inspirera au cours des siècles des multitudes d’hommes et de femmes quittant tout pour se consacrer entièrement à Dieu. Sa vie et son parcours sont étonnants et parfaitement connus.

Saint Pacôme reçoit sa règle monastique d'un ange messager (Fresque du XIVe s., Mont Athos)
Saint Pacôme reçoit sa règle monastique d'un ange messager (Fresque du XIVe s., Mont Athos)

Les raisons d'y croire :

  • Catholiques, orthodoxes, coptes, chaldéens et maronites célèbrent unanimement saint Pacôme depuis le haut Moyen Âge.
  • La vie monastique de Pacôme a eu une postérité extraordinaire depuis le IVe siècle jusqu’à aujourd’hui, sans interruption ni remise en cause.
  • La vie de Pacôme, l’histoire de ses fondations et de la réception de sa Règle sont parfaitement documentées.
  • La Règle qu’il rédige pose tous les principes de la vie monastique toujours en vigueur actuellement.
  • Cet apport extraordinaire est venu d’un homme qui est né dans une famille païenne et qui ne devient chrétien qu’à l’âge adulte, suite à des circonstances humainement improbables, son milieu étant strictement égyptien.
  • Jusqu’à ses vingt ans, il ignore tout du monde grec et des autres courants spirituels de son temps et ne connaît rien de la foi chrétienne jusqu’à son baptême.
  • Le plus extraordinaire est l’incroyable puissance d’organisation de la vie contemplative par un homme simple, ainsi que la longévité de ses intuitions.

Synthèse :

Pacôme est né à Kénobsoskion (actuelle Nag Hammadi) en Haute-Égypte, dans une famille très modeste, de faible niveau scolaire, dans laquelle on est étranger aux grands courants philosophiques et religieux de l’époque. Pacôme ne parle et n’écrit que le copte : le syriaque et le grec, principales langues dans lesquelles a été traduite la Bible en Orient à partir du IIIe siècle, lui sont inconnues. Il ignore quasiment tout du christianisme jusqu’à l’âge adulte.

Pacôme ne remet jamais en cause son paganisme dans la première partie de son existence : à 20 ans, il est enrôlé de force dans l’armée impériale de Constantin en lutte contre les Perses. Dans ce cadre militaire, il ne modifie en rien ses croyances et ne rencontre aucun chrétien.

En 314, il est démobilisé, sans ressource connue. Un événement providentiel va bousculer sa vie : il est accueilli par des chrétiens de Thèbes. Logé, nourri, soigné par ces gens, il est profondément touché par la charité de ses hôtes en qui il rencontre pour la première fois l’Évangile. Il se convertit et demande le baptême.

Trois ans plus tard, tandis qu’il n’est encore qu’un jeune chrétien, il quitte tout et se retire au désert. Pour la première fois, il y fait la rencontre en chair et en os d’un religieux solitaire (anachorète) nommé Palamos, auprès duquel il passe 7 ans. Sa vocation est ainsi née de circonstances fortuites ; rien n’avait jamais préparé cet ancien soldat à devenir un moine solitaire, au péril de sa vie.

Ensuite, c’est la rencontre avec l’autre « géant » égyptien : saint Antoine le Grand († 356). Pacôme a donc reçu une « formation » complète, non d’institutions éducatives (inexistantes à cette époque), mais de la bouche même de deux saints moines.

Dernière étape couronnant son cheminement intérieur : le miracle de la « voix » d’un ange lui demandant de fonder à son tour une communauté de moines. Pour certains, ce « message » céleste se réduirait à une illusion ou à un trouble mental occasionné par l’ascèse et l’isolement. Il n’en est rien : c’est à partir de cette audition extraordinaire que Pacôme va imaginer un genre de vie totalement nouveau pour les moines et rédiger une règle qui influencera toute la chrétienté : aucun des Pères latins du monachisme ne critiquera ou ne modifiera substantiellement saint Pacôme.   

Le premier monastère, fondé à Tabennesi en 323, devient le centre du monachisme égyptien en quelques décennies. La règle de Pacôme, écrite en copte, est traduite en syriaque, en grec (elle est ainsi transmise au monde byzantin), puis en latin par saint Jérôme († 420), permettant sa diffusion dans toute la partie occidentale de l’Empire romain. Par ailleurs, ce texte a été traduit très tôt en Éthiopie, en Arménie, en Géorgie, en Palestine, en Syrie… La « voix » entendue par le saint a été pour le moins constructive !

Les intuitions de Pacôme posent toutes les modalités d’organisation de la vie des communautés monastiques encore en vigueur actuellement : noviciat, vêtement unique porté par les moines, repas pris en commun en silence, oraison continue dans la journée et la nuit (liturgie des Heures), service divin (messe), obéissance aux supérieurs, pauvreté absolue et mise en commun des biens, temps de probation pour les postulants, travail obligatoire en proportion des capacités de chacun, attention particulière aux malades, devoir d’hospitalité, séparation du couvent des religieuses (la sœur de Pacôme fonde elle aussi, avec l’appui de son frère, une communauté de femmes sur la rive opposée du Nil).

Ce surgissement du « cénobitisme » (du grec koinos bios, « vie commune ») au IVe siècle est d’autant plus incroyable que, dans l’Égypte de cette époque, il n’existe aucune forme de vie contemplative qui lui ressemble : les « anachorètes » (solitaires) et les « gyrovagues » (moines errants) dominent jusqu’à l’arrivée de Pacôme.

Le succès dépasse les capacités naturelles de Pacôme – intellectuelles comme physiques – puisque, à sa mort, 9 monastères masculins et 2 féminins sont déjà répertoriés, chacun comptant au minimum une trentaine de personnes. À la fin du IVe siècle, ces religieux sont plusieurs milliers. Au VIe siècle, 24 monastères constituent l’héritage laissé par Pacôme sur son sol natal.

La vie de Pacôme est parfaitement connue grâce à de multiples sources sûres et diversifiées, notamment une Vie écrite en grec par Syméon Métaphraste, adaptée au XIXe siècle par la société savante des bollandistes dans les Acta Sanctorum (t. 3, p. 22-43) ; ces mêmes bollandistes ont publié plusieurs récits intitulés Paralipomena de SS. Pacomio et Theodoro, très voisins et sur la base d’un manuscrit grec du Xe siècle conservé à Paris ; une Vie du saint ancienne, rédigée en syriaque par le moine Enanjésus au VIIe siècle, etc.

Patrick Sbalchiero


Au-delà des raisons d'y croire :

Le mystère de la vie intérieure et contemplative est un trésor que chacun, quel que soit son état de vie, est appelé à découvrir et à vivre, à des degrés divers.


Aller plus loin :

Placide Deseille, L’esprit du monachisme pachômien, Abbaye de Bellefontaine, 1968.


En savoir plus :

  • Henri-Irénée Marrou, L’Église de l’Antiquité tardive (1963), Paris, Le Seuil, Points-Histoire, 1985.
  • Béatrice Caseau, « Christianiser la société », dans Jean-Robert Armogathe (dir.), Histoire générale du christianisme, vol. 1, Paris, PUF, Quadrige, 2010, p. 415-478.
  • Patrick Sbalchiero, Histoire de la vie monastique, Paris, Desclée de Brouwer, 2008.
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