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Histoires providentielles
n°511

Turin (Italie)

1661 – 1717

La prière de sœur Marie des Anges sauve deux fois Turin

En ce tournant des XVIIe et XVIIIe siècles, le duc Victor Amédée II de Savoie joue un jeu diplomatique risqué, misant tantôt sur l’alliance française, tantôt sur celle de l’Autriche afin de sauvegarder les intérêts de ses États, mais ses constants revirements lassent ses puissants voisins, qui aimeraient annexer la Savoie. Par deux fois, en 1696 puis 1706, Louis XIV est près d’y parvenir. Pourtant, la Savoie sauve son indépendance dans des circonstances miraculeuses. Elle le doit à la prière d’une carmélite réputée pour sa sainteté et ses charismes de prophétie, mère Marie des Anges.

CC0/wikimedia
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Les raisons d'y croire :

  • À l’adolescence, Marianna Fontanella, qui appartient à la plus haute noblesse piémontaise, est une jeune fille belle, frivole et riche. Elle ne pense qu’aux agréments du monde et au grand mariage qui l’attend. Elle a quinze ans lorsqu’une ostension du Linceul de Turin la bouleverse. Face au linge ayant entouré le corps du Christ mort sur la Croix, Marianna se convertit et décide de répondre à l’amour de Jésus et à son sacrifice par un amour mutuel.
  • Malgré les réticences familiales, elle décide d’entrer au carmel de Turin. Marianna fait profession religieuse au carmel turinois Santa Cristina le 26 décembre 1676. Elle prend le nom de sœur Marie des Anges, « Maria degli Angeli » en italien.
  • Des dons surnaturels lui sont accordés : capacité d’oraison extraordinaire, esprit de sacrifice, prière constante, compassion l’amenant à prendre sur elle les souffrances du prochain et à intercéder pour lui afin de l’en délivrer, guérisons inexplicables, extases et lecture de l’avenir… Malgré la discrétion des carmélites, la réputation de sainteté de la jeune femme se répand dans Turin et dans toute l’Italie.
  • Bien que cloîtrée, Marie des Anges jouit d’une connaissance des événements politiques qui ne peut venir que de Dieu. En 1696, elle est convaincue que son pays, qui est pourtant en mauvaise posture sur la scène internationale et qui risque d’être annexé par la France, sauvegardera quoi qu’il en soit son indépendance. Elle informe la Cour que le salut de la Savoie doit être réclamé à saint Joseph, l’époux de Marie, et qu’il faut promettre en échange de placer Turin, capitale du Piémont, sous le patronage du père nourricier de Jésus et d’aider à la fondation d’un second carmel.
  • Peu après, en 1696, contre toute probabilité, un traité de paix est négocié entre la France et la Savoie, bien plus favorable à Victor Amédée II que ce qui aurait pu être envisagé.
  • Comme promis, Turin est solennellement placée sous le patronage de saint Joseph, et il est reconnu à l’époque que les sacrifices et les prières de Marie des Anges ont permis ce dénouement heureux. Le carmel Saint-Joseph de Calieri est fondé en 1704.
  • Mais lorsque éclate la guerre de succession d’Espagne, qui met l’aîné des petits-fils de Louis XIV, le duc d’Anjou, futur Philippe V, sur le trône de Madrid, Victor Amédée II trahit l’alliance française. Les troupes françaises envahissent alors la Savoie et, en 1706, assiègent Turin. Nulle négociation n’étant possible après la trahison, il faudrait un miracle pour sauver le pays.
  • Alors que le siège dure depuis quatre mois et que la situation semble désespérée, sœur Marie des Anges promet que les Français n’entreront pas dans la capitale, qui est miraculeusement libérée au dernier moment. Elle affirme que le Ciel demande d’invoquer Notre Dame des Grâces et de lui élever un sanctuaire.
  • Une contre-attaque du prince Eugène, au service de l’Autriche, alliée de la Savoie, délivre Turin et met les armées françaises en fuite. La Savoie est sauvée. En remerciement, l’on élève sur la colline de Superga une basilique qui reste aujourd’hui le grand sanctuaire marial de la cité. Les prophéties de sœur Marie des Anges disaient donc vrai.

Synthèse :

Née à Turin le 7 janvier 1661, onzième des treize enfants du comte et de la comtesse di Baldissero, Marianna Fontanella appartient à la plus haute noblesse piémontaise. Par sa mère, elle est apparentée aux princes souverains de Mantoue et à saint Louis de Gonzague. Elle pourrait aspirer dans le monde à une vie dorée. Elle y renonce après avoir médité, lors d’une ostension, devant le Saint Suaire, et avoir reçu la pleine révélation des souffrances du Christ. En 1675, après avoir désarmé les réticences familiales – ses parents ne la pensant pas faite pour une vie si rude –, elle obtient d’entrer au carmel de Turin, fondé trente ans plus tôt. Elle ne le quittera plus.

Celle qui est devenue en 1676 sœur Marie des Anges est rapidement en proie à diverses épreuves spirituelles, physiques et mystiques. Quelques jours après sa profession religieuse, la jeune religieuse est saisie de terribles doutes et tentations contre la foi, puis sombre dans une nuit de l’âme qui dure trois ans. Pendant tout ce temps, malgré l’absence totale de consolations spirituelles et le sentiment d’être abandonnée d’un Dieu auquel il lui semble ne plus croire, elle trouve la force de demeurer fidèle à ses engagements carmélitains et de vivre comme si la foi ne l’avait pas quittée. Elle écrira plus tard que ne pas sentir la présence divine ne signifie nullement que Dieu vous abandonne. Cette certitude lui permet de traverser l’épreuve et d’en faire un tremplin spirituel pour progresser de manière fulgurante dans les voies de la sainteté.

Malgré la discrétion des carmélites au sujet de celle qui est devenue, en 1694, avec dispense d’âge, leur prieure, la réputation de sainteté de la jeune femme se répand dans Turin et dans toute l’Italie. Elle devient la conseillère de Victor Amédée II et de ses proches. Ses prophéties concernant la libération de Turin achèvent d’asseoir sa réputation de sainteté.

Sœur Marie des Anges meurt à Turin le 16 décembre 1717. En 1865, le pape Pie IX la déclare bienheureuse.

Spécialiste de l’histoire de l’Église, postulateur d’une cause de béatification, journaliste pour de nombreux médias catholiques, Anne Bernet est l’auteur de plus d’une quarantaine d’ouvrages pour la plupart consacrés à la sainteté.


Aller plus loin :

  • Père Sernin-Marie de Saint-André, Vie de la bienheureuse Marie des Anges, carmélite déchaussée, 1865. Peut être consulté en ligne.

En savoir plus :

  • Sur le site Internet Santi e beati, l’article « Beata Maria degli Angeli » (en italien).
  • La notice rédigée par le frère John of Jesus Mary : « Mary of the Angels (1661 – 1717) », en anglais.
  • Sœur Marie des Anges laisse derrière elle beaucoup de lettres et des récits spirituels autobiographiques, mais, à notre connaissance, ils n’ont pas été édités.
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