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TOUTES LES RAISONS DE CROIRE
Une vague de charité unique au monde
n°301

Hawaï

1840 – 1889

Damien de Molokai, missionnaire lépreux

Jozef de Veuster, qui deviendra le père Damien, naît en 1840 en Belgique. Il s’engage très tôt dans la vie religieuse, comme quatre de ses frères et sœurs. Lorsque son frère Auguste tombe malade, après avoir émis le désir de partir en mission à Hawaï, Damien le remplace au pied levé. Il a vingt-trois ans. Il est ordonné prêtre quelques mois après son arrivée à Honolulu, en 1864. Dévoué entièrement à sa mission d’évangélisation et d’éducation, le père Damien désire répondre à l’appel de l’évêque pour se rendre à Molokai, une léproserie apparentée à un mouroir. Destiné à y rester seulement quelque temps, il choisit finalement d’y demeurer. Dès lors, il va réorganiser totalement l’île et la léproserie, et s’acharnera à rendre aux lépreux leur dignité et la santé de leur âme, ne s’épargnant aucune peine. Il décède à quarante-neuf ans, le 15 avril 1889, quatre ans après avoir contracté la lèpre.

© Shutterstock, CREATISTA.
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Les raisons d'y croire :

  • Sans le désir de servir Dieu, qui peut se rendre dans un archipel aussi lointain en étant assuré de ne jamais revoir ni sa famille ni sa patrie ? C’est le sort de tous les missionnaires chrétiens de l’époque, qui partent bien pour offrir le salut de Jésus-Christ aux insulaires, et non pour des raisons économiques ou touristiques.
  • Le père Damien est totalement absorbé par sa mission. Il déploie une énergie incroyable dans son ministère. Il aime son sacerdoce et s’y engage pleinement : « J’aime beaucoup nos pauvres insulaires ; je donnerais volontiers ma vie pour eux, comme l’a fait notre divin Sauveur. Aussi, je ne m’épargne pas quand il s’agit d’aller voir des malades. » C’est l’amour du Christ qui lui donne l’amour de sa mission et de ses insulaires.

  • Se sachant condamné s’il reste sur l’île, il choisit tout de même d’y demeurer, alors même que l’évêque demandait un roulement dans les missionnaires amenés à y séjourner, connaissant parfaitement la réalité de la situation insulaire et la mort assurée de ceux qui y vivent. Le père Damien sait alors que, pour des raisons sanitaires, il ne pourra jamais revenir en arrière : son oui est un engagement total et définitif.
  • La vie du père sur l’île est matériellement et humainement extrêmement difficile. Privé de tout, il confesse : « Sans la présence constante de notre divin Maître dans ma pauvre chapelle, je n’aurais jamais pu persévérer à associer mon sort à celui des lépreux de Molokai. »

  • En outre, le père Damien de Molokai est sans cesse critiqué et confronté à des obstacles de la part de sa hiérarchie et des autorités civiles. On critique sa pratique médicale, son emploi des donations, des approximations administratives, etc. Plus douloureux, on croit la lèpre liée à l’immoralité sexuelle (même ses confrères doutent de sa moralité), ce qui nourrit les calomnies, qui seront publiquement colportées après sa mort. Face à cette épreuve, il ne cherche jamais à se justifier, faisant preuve d’une immense humilité.
  • Peu après sa mort, le célèbre voyageur Robert Louis Stevenson se rend à Hawaï pour rencontrer les témoins de la vie du père Damien. Il rentre en Angleterre et publie dans le Times un ferme démenti de toutes les accusations portées contre lui en démontrant leur fausseté une par une. Selon lui, ces accusations étaient essentiellement motivées par la jalousie et la méconnaissance de la lèpre.

Synthèse :

Jozef de Veuster naît en janvier 1840 à Tremelo, en Belgique, dans une famille de huit enfants, dont quatre entreront en religion. À dix-huit ans, il entre dans la congrégation des Sacrés-Cœurs de Jésus et de Marie (ou pères de Picpus), un ordre missionnaire fondé en 1800. Pendant son noviciat, il choisit le nom de Damien, en référence à saint Damien, frère de saint Côme, tous deux pratiquant la médecine et morts en martyrs en 303.

Damien prononce ses vœux en octobre 1860 au couvent de Paris, puis rentre à Louvain un an plus tard pour se préparer au sacerdoce, étudiant la philosophie et la théologie avec ardeur.

En octobre 1863, alors que son frère Auguste se porte volontaire pour partir en mission dans le Pacifique, ce dernier tombe malade. Damien se propose pour le remplacer et c’est à la fin du mois d’octobre qu’il s’embarque pour un voyage de six mois jusqu’à Honolulu. À cette époque, Hawaï est annexée aux États-Unis, mais l’archipel ne devient le cinquantième État américain qu’en 1959. Damien est ordonné prêtre deux mois plus tard, dans la cathédrale d’Honolulu. Dès lors, celui qui est devenu le père Damien s’active sur toutes les routes de l’archipel. Il visite les communautés chrétiennes, baptise et construit des chapelles, ce qui lui vaut le surnom de « prêtre menuisier ». Dans certains districts, il se retrouve seul prêtre et pâtit de ne pouvoir se confesser. Il est accaparé par la construction de chapelles, la supervision de quatre écoles et les cours de catéchisme. Peu à peu, des conflits naissent avec les protestants. « Les hérétiques sont toujours en embuscade pour surprendre mes pauvres chrétiens », écrit-il dans une lettre à ses parents, en 1869.

Une léproserie est créée en 1865 sur l’île de Molokai par le gouvernement américain afin d’y déporter tous les lépreux, dont le mal est alors incurable. Mais le sort de ces quelque mille deux cents hommes et femmes abandonnés à la maladie préoccupe les autorités religieuses. « Un lieu que Dieu semblait avoir abandonné », décrit le célèbre Mark Twain dans le Herald Tribune.

En 1873, l’évêque fait appel à des volontaires pour se rendre sur l’île de Molokai et apporter un secours spirituel aux déportés de l’île. Damien se porte volontaire avec quatre autres religieux et décide peu après de rester sur l’île, se condamnant alors à y mourir. « Les pauvres chrétiens à moitié mourants criaient à grands cris pour avoir un prêtre avec eux. Pendant sept ans, bien des malheureux sont morts sans recevoir soit le baptême, soit les sacrements des mourants », écrit-il dans une lettre à son frère. Les malades arrivent par navires entiers et la maladie se répand rapidement. La situation sur l’île est totalement chaotique ; c’est une jungle humaine sans foi ni loi.

Le père Damien s’active dès lors à construire des maisonnettes en bois en remplacement des paillotes humides pour les malades, à réorganiser la léproserie en véritable village : canalisations d’eau, chapelle, infirmerie. Il crée même une fanfare avec des instruments de fortune, enseigne aux malades comment prodiguer des soins. Il organise les semailles et les récoltes. Il harcèle les autorités américaines et religieuses pour obtenir des vêtements, des vivres et du matériel. Il construit un hôpital, des chemins, un orphelinat et une école, il reconstruit l’église. Le père Damien devient vite un héros national et il est invité par le roi Kamehameha V. Il reçoit la princesse sur l’île et est gratifié de la plus haute décoration hawaïenne, l’équivalent de la Légion d’honneur. Un médecin agnostique qui se rend régulièrement sur l’île est impressionné par son engagement. Il force même l’admiration des protestants. Peu à peu, sa renommée dépasse la région et en fait une figure universelle de sauveur.

Dans toutes ces difficultés, il avoue : « La joie et le contentement que les Sacrés Cœurs me prodiguent font que je me crois être le missionnaire le plus heureux du monde. » Pour se confesser, il s’installe dans une barque et se confesse à voix haute à un prêtre, qui se tient à distance dans une autre barque.

En janvier 1886, le diagnostic de la lèpre est confirmé pour le missionnaire désormais célèbre, et la nouvelle fait le tour du monde. Les dons et les volontaires commencent à affluer. Mais, peu après, le dernier religieux qui l’accompagnait lui est retiré ; il se retrouve donc à nouveau seul prêtre sur l’île. Pire, il est accusé d’avoir rompu son vœu de chasteté. À l’époque, on croyait que la syphilis était un premier stade de la lèpre. Il fallait donc forcément l’avoir contractée pour être lépreux. Les soupçons de ses supérieurs attisent les souffrances causées par une santé déjà défaillante.

Deux mois avant sa mort, il écrit à son frère : « Je suis toujours heureux et content, et quoique bien malade, je ne désire que l’accomplissement de la sainte volonté du bon Dieu. » Il décède le 15 avril 1889, âgé de quarante-neuf ans.

La léproserie de Molokai ferme définitivement en 1969. Le père Damien est béatifié en 1995 et canonisé en 2009.

Camille Mino di Ca, récemment baptisée, s’est convertie à cinquante ans. Passionnée par les récits de conversion et les vies de saints, elle rédige pour Hozana et d’autres supports. Elle pratique l’écriture sous différentes formes, y compris la biographie, le théâtre, la poésie et la chanson.


Aller plus loin :

Damien de Molokai, film de Paul Cox, 1999.


En savoir plus :

  • Hilde Eynikel, Le père Damien. Un saint parmi les lépreux, Bruxelles, Racine, 2009.
  • La bande dessinée de Cécile Schmitz, L’Homme de Moloka’i, Dargaud, 1989.
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