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Corps conservés des saints
n°92

Lyon et Diémoz

1859-1908

Le corps incorrompu de Marie-Louise Nerbollier, la visionnaire de Diémoz

Marie-Louise Nerbollier est née dans une famille lyonnaise très pieuse. Dès l’âge de 24 ans, elle a des apparitions de la Vierge Marie, qui lui demande de poursuivre la mission qu’elle avait confiée à Anne-Marie Coste en 1882. Marie-Louise se rend ensuite à Diémoz, où les apparitions se poursuivent. Tous les vendredis du Carême, et durant la Semaine sainte, elle vit la passion du Christ dans son corps. Les stigmates de Marie-Louise laissent voir une spiritualité axée sur le don de soi pour la réparation des péchés du monde. Elle meurt à Diémoz le 15 août 1908, et son corps est retrouvé trente ans plus tard, incorrompu.

© iStock/Getty Images Plus / Giorez
© iStock/Getty Images Plus / Giorez

Les raisons d'y croire :

  • Les plaies qui marquent les mains, les pieds et la tête de Marie-Louise ne peuvent être en aucun cas des blessures naturelles ou feintes : elles épousent le calendrier liturgique, s’ouvrant et se refermant sans raison et sans aide médicale ; il en coule des quantités de sang invraisemblables, bien supérieures à un saignement épidermique naturel. Ses stigmates sont constatés par plusieurs centaines de témoins, croyants et incroyants, religieux et laïcs, médecins et simples curieux.
  • La résistance à la souffrance et à la maladie, dont Marie-Louise fait preuve, ainsi que la manière dont elle intègre et dépasse celles-ci dans sa vie de foi, montre de manière très claire une âme touchée par Dieu, ouverte à toute l’humanité.
  • À l’époque, le qualificatif d’hystérique, dont a été affublée Marie-Louis Nerbollier par des journalistes lyonnais, n’est pas tant un diagnostic médical fiable qu’un signe de misogynie ! Sa sûreté de jugement, la qualité de ses relations humaines, sa patience et son sens pratique : la personnalité de Marie-Louise est à mille lieues d’un quelconque tableau psychiatrique.
  • Marie-Louise est toujours restée humble et obéissante, en tous points, vis-à-vis des autorités ecclésiastiques.
  • La concession de la tombe de Marie-Louise Nerbollier n’étant pas renouvelée, son corps doit être exhumé et déplacé le 10 juillet 1939, soit trente ans après son décès. On le retrouve en parfait état, sans rigidité ni détérioration ; la peau est souple et fraîche. Les personnes présentes ont signé un procès-verbal en bonne et due forme, relatant ces faits extraordinaires.

Synthèse :

Marie-Louise Nerbollier vient au monde en 1859 dans une famille lyonnaise, démunie mais très pieuse. Dès son enfance, elle souffre d’une santé précaire. Avant ses dix ans, une arthrite cervicale épouvantable la contraint à porter régulièrement un corset. Adolescente, elle effectue plusieurs séjours à l’hôpital de la Croix-Rousse ; les hospitalisations deviennent courantes à partir de ses vingt ans. Elle est très rapidement amenée à abandonner l’école, et elle reçoit une formation d’ouvrière tisseuse grâce à laquelle elle décroche un travail dans une manufacture locale où les conditions de travail, en cette période de révolution industrielle, sont si épouvantables qu’elle doit bientôt renoncer à cet emploi.

À partir de mars 1884, la Vierge Marie apparaît à Marie-Louise, dans le 2e arrondissement de Lyon, rue d’Égypte (future rue Charles Dullin). Auparavant, la jeune femme, catholique pratiquante, appréciée de son entourage tant familial que paroissial, n’avait jamais vécu la moindre expérience mystique. La Vierge lui demande de s’installerdans une soupente, rue Bonnet, où, deux ans auparavant, Anne-Marie Coste (1861-1924) avait vu également la Mère de Dieu, afin de poursuivre sa mission auprès des habitants (pauvres et malades) du quartier.

Au fil des apparitions (19 au total), une relation véritable se noue entre Marie et sa protégée qui, selon les témoignages de l’époque, oriente dorénavant sa vie entière vers l’Évangile. À la demande de la Vierge, Marie-Louise se rend à Diémoz (France, Isère) où elle doit trouver soutien et réconfort, prophétie qui a été pleinement réalisée : elle débarque, sûre d’elle, chez madame Piellat, dont la famille est riche, et dont le fils, Amédée, catholique fervent, a connu sœur Joséphine Rumèbe († 1927), extatique et morte en odeur de sainteté.

Le 29 novembre 1884, à 10 h 30 du matin, elle a une apparition dans ce village : Marie, environnée de roses magnifiques, apparaît sous le vocable de « Notre-Dame du Très Saint Rosaire ». Elle demande à Marie-Louise de prévenir le clergé qu’il faudra construire un oratoire à cet endroit : vœu lui aussi réalisé ! Les paroles de l’apparition sont en totale concordance avec la théologie de l’Église catholique : amour, conversion, prière du Rosaire. Marie-Louise a décrit la Vierge touchant de sa main une source d’eau, à un endroit inconnu d’elle (située derrière le lieu de l’apparition), qu’elle découvrit après le phénomène. Enfin, l’apparition lui demande de faire graver une médaille portant l’inscription : « Mère délaissée, priez pour moi. »

À Diémoz, Marie-Louise n’est jamais laissée à l’abandon. Outre Amédée Piellat, elle est entourée par l’abbé Germanet, curé du village, des habitantes, dont les nombreuses habituées de la famille, et plusieurs religieuses dont personne n’a jamais entendu le moindre penchant pour le merveilleux. C’est pourtant dans ce village que Marie-Louise vit régulièrement la passion du Christ sur un mode extraordinaire, en particulier les vendredis de Carême et durant chaque Semaine sainte. Les stigmates apparaissent sur ses mains, ses pieds et sa tête (couronne d’épines). Ils sont constatés par plusieurs centaines de témoins, croyants et incroyants, religieux et laïcs, médecins et simples curieux. Les descriptions qui en sont faites sont d’une clarté absolue : plaies ouvertes apparaissant et disparaissant mystérieusement, sans suppuration ni infection et versant d’incroyables quantités de sang. Ces plaies surgissent au cours de longues extases, pendant lesquelles Marie-Louise voit les scènes successives de la Passion, non à la manière d’une spectatrice au théâtre ou au cinéma, mais pleinement participante à ces moments évangéliques, comme si elle remontait le temps jusqu’à l’époque de Jésus. Le Christ et la Vierge s’adressent parfois à elle.

De son vivant, elle a dû essuyer bien des critiques et des accusations infondées. Des journalistes travaillant pour Le Petit Lyonnais et Le Courrier de Lyon sont venus à son chevet pour tenter de démasquer une supercherie.Certains sont repartis avec l’idée que Marie-Louise était une « hystérique » : catégorie fourre-tout utilisée à l’époque par le Docteur Charcot à La Salpêtrière, à Paris, et par ses émules en France. Toute la vie de cette femme prouve le contraire : qualité relationnelle jamais remise en question par qui que ce soit, patience exceptionnelleface aux maladies, obéissance à l’Église (elle est agrégée à un petit tiers ordre franciscain), sens pratique jamais pris en défaut, fruits spirituels en faveur de maints visiteurs de Diémoz…

Marie-Louise est rappelée à Dieu à l’occasion d’un jour fort de significations : le 15 août 1908. Elle est d’abord inhumée au cimetière de Loyasse, sur la colline de Fourvière, à Lyon, où elle avait grandi, dans une concession trentenaire. En avril 1939, un fait providentiel survient : cette concession n’est pas renouvelée, ce qui nécessite de déplacer le corps de Marie-Louise. Elle est par conséquent exhumée le 10 juillet 1939. Ce jour-là, les personnes présentes, qui toutes ont signé un procès-verbal en bonne et due forme, n’en reviennent pas : le corps de la stigmatisée est en parfait état, sans rigidité ni détérioration ; sa peau est souple et fraîche. On approche des chapelets de ses mains. Le surlendemain, elle est inhumée une seconde fois dans le cimetière de Pouilly-lès-Feurs (France, Loire).    

Patrick Sbalchiero


Au-delà des raisons d'y croire :

La stigmatisation de Marie-Louise Nerbollier, accompagnée de souffrances morales très fortes, exprime une spiritualité extrêmement puissante, axée sur le don de soi servant à réparer les péchés : c’est pourquoi elle se considère elle-même comme une victime expiatoire, catégorie spirituelle qu’elle ne connaît pas par les livres, tant son niveau socioculturel restait humble, mais par l’expérience.


Aller plus loin :

René Laurentin et Patrick Sbalchiero, « Lyon II », dans Dictionnaire des apparitions de la Vierge Marie, Paris, Fayard, 2007.


En savoir plus :

  • Archives diocésaines de Lyon, dossier Marie-Louise Nerbollier : I. 1911.
  • Abbé Théotime de Saint-Juste, Les Capucins de Lyon, de la fin de la Révolution française à nos jours, Lyon, Petit Messager de Saint-François, 1942.
  • Le site Stigmatics.
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