Recevoir les raisons de croire
< Toutes les raisons sont ici !
TOUTES LES RAISONS DE CROIRE
Lévitations
n°435

Italie

1603 – 1663

Saint Joseph de Copertino, le « moine volant »

Joseph de Copertino, surnommé le « moine volant » en raison de ses lévitations, est une grande figure spirituelle du XVIIe siècle, tant par la qualité évangélique de sa vie que par les nombreux phénomènes extraordinaires qui jalonnent celle-ci. Né pauvre, il épouse « Dame pauvreté », comme son modèle saint François d’Assise, en devenant franciscain. Gratifié de charismes exceptionnels, sujet de méfiance pour un temps aux yeux de l’Inquisition, vite innocenté, il est canonisé en 1767. Il est aujourd’hui patron des aviateurs, des cosmonautes et des étudiants.

© Unsplash/Andrew Spencer
© Unsplash/Andrew Spencer

Les raisons d'y croire :

  • Le 4 octobre 1630, lors de la procession en l’honneur de saint François d’Assise, Joseph vit sa première lévitation. Joseph est surpris de ce qui lui arrive, puis perd à moitié connaissance. Lorsqu’il se rend compte de ce qui vient d’arriver, il prend peur et s’enfuit pour se cacher. Sa réaction est ingénue. Cette lévitation sera suivie d’une centaine d’autres, dans différents endroits, devant une grande variété de personnes.
  • Parmi les très nombreuses personnes ayant témoigné de ces phénomènes, nous pouvons citer, outre les franciscains de différents couvents, plusieurs cardinaux, dont le futur cardinal Lorenzo Brancati di Lauria, le duc Jean-Frédéric de Brunswick-Lunebourg (converti au catholicisme à la suite de sa rencontre avec le saint), le pape Urbain VIII (législateur peu versé dans la mystique) et beaucoup d’autres…
  • En 1645, l’ambassadeur d’Espagne auprès du Saint-Siège, l’amiralJuan Alfonso Enriquez de Cabrera, accompagné de sa femme et des hommes de sa suite, rencontre Joseph au parloir du couvent d’Assise. Le saint, prévenu, entre normalement dans la pièce, mais son regard est attiré par la statue de la Vierge située à quatre mètres de hauteur. Aussitôt, il s’élève dans les airs en passant au-dessus de la tête de l’ambassadeur et de son épouse et de tous les témoins présents. La femme s’évanouit. Joseph redescend jusqu’à l’endroit où la lévitation a débuté et regagne sa cellule en marchant, confus de ce qui lui est arrivé.
  • Toutes les possibilités humaines de fraude et d’illusion ont été passées en revue et éliminées, à commencer par les enquêteurs venus auprès du saint sur ordre du Saint-Office. Jamais quiconque n’a découvert la moindre supercherie. D’ailleurs, comment cela pourrait-il être le cas ? Joseph de Copertino ne s’élevait pas à quelques millimètres mais le plus souvent à plusieurs mètres dans les airs et parfois pendant près de deux heures.
  • Dans l’entourage du saint, certains ont soupçonné Joseph d’être un « sorcier » et ses lévitations de résulter d’opérations magiques ou de manifestations psychiques paranormales. Sa vie chrétienne en tous points édifiante contredit définitivement ce genre d’hypothèses. En effet, ces phénomènes ne font que traduire l’attachement de Joseph au Christ. En dehors d’eux, le saint mène une existence de moine sans aucun particularisme. Par ailleurs, il a souvent été rappelé que les lévitations cessaient fréquemment sur ordre de ses supérieurs religieux.
  • Le saint ne s’élève pas au-dessus du sol pour satisfaire une curiosité ou faire plaisir à quelques admirateurs. Chaque lévitation est systématiquement précédée d’une courte extase, provoquée par la vue d’une image pieuse ou l’audition d’un chant sacré, d’une prière liturgique, ou simplement d’une parole édifiante.
  • Le procès intenté contre lui en 1638 tourne court. Sa complète innocence est reconnue par l’Inquisition : aucune supercherie, aucun mensonge, aucune complicité, aucune quête matérielle ni volonté de séduire, aucune erreur doctrinale chez Joseph, pourtant quasi illettré… On l’arrête une seconde fois en 1653 et on l’interroge à nouveau pendant des semaines. Une nouvelle fois, son innocence éclate à la vue de tous.
  • Avant son ordination sacerdotale, tandis qu’il séjourne dans le couvent franciscain d’Assise, il est surpris en bilocation par plusieurs témoins : son « corps » est immobile, comme assoupi, à Assise, mais il assiste en même temps sa mère mourante à Copertino, à plus de cinq cents kilomètres de distance.
  • Aussi exceptionnels qu’ils paraissent, les phénomènes extraordinaires recensés dans la vie du saint n’innovent en rien : nous les rencontrons en nombre dans les annales de la mystique chrétienne.
  • Joseph est reçu de justesse chez les Franciscains grâce à un oncle religieux, après avoir essuyé plusieurs refus. On le jugeait inapte à la vie communautaire, aux tâches matérielles : trop rêveur. Il se révèle un franciscain remarquable, non par ses capacités intellectuelles, mais par la profondeur et l’étendue de sa foi : il mène une vie enfouie en Dieu malgré les épreuves qu’il a pu subir, les accusations malveillantes qui l’atteignirent et les vexations de son entourage.
  • Par ailleurs, les qualités de Joseph font de lui un exemple remarquable de religieux contemplatif. Humble, charitable, pauvre, priant et pleinement obéissant (à ses supérieurs, aux évêques, au Saint-Office, au pape, etc.) jusque dans les tracasseries qu’il subit en raison de ses charismes peu communs.
  • Joseph est incapable de dire le moindre mal sur quelqu’un, y compris sur ses persécuteurs. On ne l’a jamais entendu critiquer, insulter, invectiver quiconque, et il obéit, totalement confiant dans la providence divine, lorsqu’il est contraint à l’isolement.
  • Quelques instants après sa mort, le corps et les vêtements du saint exhalent une fragrance inconnue de tous les témoins, et ce pendant de longues heures.
  • Depuis sa disparition, voici trois cent soixante et un ans, l’Église catholique a perpétuellement vénéré saint Joseph de Copertino et accompagné la dévotion populaire qui lui est rendue avec enthousiasme et détermination. Le pape Benoît XIV (1675 – 1758), qui a béatifié Joseph, a authentifié les divers phénomènes extraordinaires collectés au cours de la vie de « Frère âne ». Or, c’est précisément ce souverain pontife qui posa les règles modernes du discernement des faits mystiques, dans un souci de renforcement des contrôles et d’une plus grande collaboration avec les scientifiques.

Synthèse :

Lorsque Joseph Desa vient au monde à Copertino (Italie, Pouilles) le 17 juin 1603, dans une étable, après que sa mère a été chassée de son logement, son père, charpentier, est déjà mort, peu de temps auparavant. C’est sa mère, Francine Panara, qui l’élève. La jeune femme est isolée et criblée de dettes. Ce sont des années matériellement trèsdifficiles. Cependant, Francine, tertiaire franciscaine, femme pieuse et dévouée, lui apprend la vie de Jésus et les rudiments de la foi. Le saint lui vouera un amour filial jusqu’au terme de son existence.

Joseph est un enfant rêveur, pieux, mais nonchalant et distrait, peu doué pour l’apprentissage scolaire. Adolescent, il manifeste le désir de devenir moine. Il essuie plusieurs échecs consécutifs. On le juge inapte à la vie communautaire et trop peu doué sur le plan intellectuel. Surnommé « a bocca aperta » (« bouche ouverte, bée ») en raison de la fréquence de ses rêveries, il fait alors figure de marginal. Après avoir appris le métier de cordonnier, il obtient l’appui d’un oncle franciscain qui l’aide à demander son admission au couvent des franciscains conventuels de Naples (Italie). Nouvel échec, ses carences scolaires étant jugées incompatibles avec la vie franciscaine.

Il finit toutefois par être admis en 1625 au couvent franciscain de La Grottella, non loin de Montepulciano, à Balsorano. Reçu comme frère convers, ses débuts de vie religieuse sont pénibles, non par manque de ferveur spirituelle, mais à cause de ses extases régulières. Il manque de peu que les supérieurs le renvoient une nouvelle fois. Finalement, on le charge de s’occuper de la mule du couvent. Il se fait alors appeler « Frère âne ».

Devant la pureté et l’intensité de sa foi, les supérieurs de l’ordre finissent par passer outre ses rêveries et son incapacité à apprendre à lire et à écrire. Ils l’apprécient pour son humilité et son intériorité et décident de le pousser vers l’ordination sacerdotale en lui faisant suivre des cours. Au départ de sa formation, rien n’est évident. Il est incapable de comprendre les textes évangéliques et ignore le latin. Néanmoins, il s’applique du mieux qu’il peut à assimiler ce qu’on lui apprend. Après avoir reçu l’habit franciscain en juin 1625, il est ordonné prêtre en mars 1628.

Une anecdote mérite de prendre place ici : Mgr Jean-Baptiste Deti, évêque de Castro (Italie), chargé de faire passer les examens aux candidats au sacerdoce, est ébloui par la qualité des réponses des trois premiers d’entre eux. Aussi décide-t-il d’admettre le quatrième – Joseph – sans l’interroger ! Il est vraisemblable, s’accordent les historiens, que celui-ci aurait été recalé s’il avait dû subir l’examen...

Dès cette époque, la vie courante de Joseph est jalonnée de phénomènes mystiques : extases, bilocations et visions se succèdent, à tel point que les frères qui l’entourent s’interrogent sur l’origine des faits. Certains franciscains émettent un avis réservé, d’autres se plaignent des longs ravissements qui viennent troubler la vie communautaire. En privé, on le considère comme un illuminé.

Les franciscains n’ont encore rien vu. La première lévitation du saint a lieu en public le 4 octobre 1630, lors d’une procession. Joseph s’élève subitement au-dessus du sol en poussant un cri. Flottant ainsi pendant plusieurs minutes, il redescend dans un état de demi-inconscience. Mais quand il se rend compte de ce qui vient d’arriver, il prend peur et s’enfuit pour se cacher. C’est le début d’une longue série de lévitations. Au total, on chiffre le nombre des lévitations du saint à près d’une centaine, dont soixante-dix pour le seul couvent de Copertino. Ce phénomène va, bien malgré lui, lui assurer la célébrité dont il n’a que faire, mais aussi se transformer en une source de tracas beaucoup plus grave.

En effet, il est dénoncé au Saint-Office car on considère ses charismes comme l’œuvre du diable. On l’accuse même d’être un pseudo-messie et un faux mystique. En 1638, l’Inquisition napolitaine lui intente un procès en bonne et due forme pour fait de sorcellerie, la lévitation étant présentée comme signe possible de possession démoniaque dans le rituel des exorcistes, promulgué en 1614. Malgré une enquête rigoureuse, les enquêteurs sont bredouilles : aucune erreur doctrinale dans les propos de Joseph ni dans les quelques prières qu’il a écrites de sa main. Rien ne le confond. Il est totalement innocenté. Cependant, on le contraint à l’isolement pour éviter les débordements de piété populaire à son sujet. Il va rester isolé dans le couvent d’Assise pendant neuf ans. Il lui est interdit d’entendre les confessions et de prendre part aux processions extérieures.

En 1653, sur ordre du pape Innocent X, l’inquisiteur Vincent-Marie Pellegrini le fait arrêter et emprisonner au couvent des capucins de Pietrarubbia, puis dans celui de Fossombrone. Une fois encore, ses extases et ses lévitations lui coûtent cher. Sa bonne foi est mise en doute. Joseph serait-il un sorcier ? Il est à nouveau interrogé pendant plusieurs semaines. Mais en l’absence d’indices et de preuves, il est relâché, comme après le premier procès inquisitorial.

À la mort du pape Innocent X (1655), les Franciscains demandent au nouveau pape Alexandre VII de mettre fin à son exil à Assise. Mais celui-ci refuse. Au contraire, le saint est envoyé à Osimo (Italie, Marches), où il ne peut parler à personne à l’exception de l’évêque du lieu, du général de l’ordre franciscain et aux religieux du couvent. Personne n’a jamais entendu Joseph se plaindre, y compris lorsque le frère cuisinier « oublie » de lui apporter à manger sur ordre du supérieur, pour connaître ses réactions.

Parmi les multiples témoins directs des lévitations, le pape Urbain VIII est assurément le plus célèbre. La scène est improbable : lors d’une audience pontificale que le chef de l’Église accorde aux Franciscains, Joseph attend son tour pour baiser la mule du souverain pontife, comme l’exige le rituel d’alors. C’est à lui. Il s’agenouille mais il est brusquement soulevé en l’air au-dessus du niveau du trône pontifical et reste ainsi de longs instants. Dans la salle règne un silence absolu. Urbain VIII est blanc comme un linge. À l’ordre donné par son supérieur, le saint revient sur le plancher des vaches. Le pape se tourne alors vers ce supérieur et dit : « Si frère Joseph meurt durant notre pontificat, nous voulons servir de témoin à son procès de canonisation pour déposer du prodige dont nous venons d’être témoins. »

La dernière lévitation est datée du 15 août 1663 ; elle a lieu lors d’une messe que le saint prêtre célèbre. À cette date, il est atteint par une forte fièvre qui fatigue son organisme déjà secoué par l’ascétisme et les renoncements. Dans les premiers jours de septembre, alors qu’il est alité, il dit à ses frères l’entourant : « L’âne a commencé à gravir la montagne. » Il reçoit les derniers sacrements puis, le 18 septembre 1663, il s’éteint en paix en récitant les Litanies de la Sainte Vierge Marie. Son corps et ses vêtements se mettent alors à exhalerun merveilleux parfum, en rien comparable à une odeur terrestre selon les témoins unanimes, dont Marie des Anges et les pères François de Levanto et Jérôme Angelucci.

Joseph de Copertino est béatifié par le pape Benoît XIV le 24 février 1753. Sa sainteté est proclamée par Clément XIII le 16 juillet 1767. Il est à noter que Benoît XIV, le pape qui a donné à l’Église moderne les règles en matière de discernement des phénomènes mystiques, a admis l’exactitude des prodiges de saint Joseph. Il a précisé ce qui suit : « Tandis que je remplissais la charge de Promoteur de la Foi, la cause du vénérable serviteur de Dieu Joseph de Copertino vint en discussion devant la Sacrée Congrégation des Rites ; après mon départ, une conclusion favorable fut atteinte ; dans cette cause, des témoins oculaires, d’une honnêteté indiscutable, portèrent témoignage des fameuses élévations au-dessus du sol et des vols prolongés du serviteur de Dieu (ci-dessus nommé) alors qu’il était ravi en extase. »

Patrick Sbalchiero, membre de l’Observatoire international des apparitions et des phénomènes mystiques.


Au-delà des raisons d'y croire :

Même en mettant de côté tous les phénomènes incroyables que les sources documentaires décrivent minutieusement, y compris la bulle de canonisation, il reste l’image d’un immense saint, tant pour la valeur inestimable de ses vertus évangéliques que pour son amour du prochain.

L’humilité de Joseph est particulièrement confondante : il se voyait comme incapable de servir Dieu d’une manière un tant soit peu satisfaisante et ne voulait jamais être admiré par quiconque, en particulier à cause de ses lévitations. Instrument entre les mains du Christ, il était un signe probant de sainteté au milieu de ses frères franciscains et, au-delà d’eux, aux yeux du monde.


Aller plus loin :

G. Parisciani et G. Galeazzi (dir.), San Giuseppe da Copertino tra storia e attualita, Padoue, EMP, 1984.


En savoir plus :

  • Prosper Lambertini (cardinal, futur Benoît XIV), De servorum Dei beatificatione et beatorum canonizatione, t. 3, Tapavini, 1753.
  • Olivier Leroy, La Lévitation, Paris, Valois, 1928.
  • Herbert Thurston, Les Phénomènes physiques du mysticisme, Paris, Gallimard, 1961.
  • Jean Guitton et Jean-Jacques Antier, Les Pouvoirs mystérieux de la foi. Signes et merveilles, Paris, Perrin, 1993.
  • Patrick Sbalchiero, « Joseph de Copertino (saint), 1603 – 1663 », dans Dictionnaire des miracles et de l’extraordinaire chrétiens, Paris, Fayard, 2002, p. 418-419.
  • L’émission de CNews « Les Belles Figures de l’Histoire » du 6 juillet 2024 : « Joseph de Cupertino, le saint volant ».
  • Dans le Guide des Saints d’Hozana : « Saint Joseph de Cupertino : vie, rayonnement, héritage, prières ».
Partager cette raison

LES RAISONS DE LA SEMAINE