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Les martyrs
n°261

Thessalonique (Grèce)

28 février 1751

« C’est lui que j’aime et je suis prête à mourir pour lui »

Kyranna naît en 1731 à Avisoka, aujourd’hui Ossa, près de Thessalonique (Grèce), dans une famille chrétienne, modeste et pieuse. Elle devient très belle en grandissant, ce qui s’avère dangereux dans un pays occupé par les Ottomans, et dans lequel les Turcs s’arrogent le droit d’enlever aux familles chrétiennes autochtones les enfants qui leur plaisent pour en faire leurs esclaves. Dès l’adolescence, Kyranna voue sa virginité au Christ. Un haut fonctionnaire turc, n’arrivant pas à la séduire, la fait jeter en prison. Elle y subira la torture jusqu’à succomber, le 28 février 1751.

© Unsplash/Dan
© Unsplash/Dan

Les raisons d'y croire :

  • Kyranna sait son vœu de virginité sans valeur face au droit islamique, mais elle souhaite se lier elle-même par cette promesse et s’engage à préférer la mort au reniement. Cet acte de piété héroïque révèle sa foi profonde, son amour du Christ et la confiance qu’elle lui fait.
  • En 1751, le préfet de police de Thessalonique et contrôleur des impôts, de passage à Avisoka, aperçoit Kyranna et, fasciné par sa beauté, en tombe amoureux fou. Il entreprend de la séduire, tente de la couvrir de cadeaux, lui fait miroiter une vie facile et heureuse dans un palais entourée de domestiques. Nombre de jeunes filles de modeste condition, condamnées à une rude vie de labeur et de sacrifices, se laisseraient tenter, mais Kyranna, quoiqu’elle sache ce qu’elle risque, repousse les avances du janissaire. L’attirance pour les biens matériels et le bonheur terrestre représentent une tentation à laquelle il est d’autant plus facile de céder qu’en y résistant l’on s’expose aux pires ennuis, voire à la mort. Kyranna est donc d’une très haute vertu et d’un courage exceptionnel, puisant sa force dans la grâce divine.
  • Fou de rage de ne pas obtenir ce qu’il veut, le Turc soudoie de faux témoins pour affirmer devant un juge que Kyranna a accepté ses offres, et qu’elle a promis de l’épouser et de se convertir à l’islam. Ce dernier mensonge est redoutable, car cette prétendue promesse qu’elle n’aurait pas tenue fait d’elle une musulmane apostate – crime passible de mort. Face au magistrat, elle ne perd pas contenance et répond hardiment, ainsi que Jésus l’a promis à ses témoins, les assurant que tout ce qu’ils auront à dire leur sera donné d’en haut sans qu’ils aient à s’en préoccuper. Les ripostes de cette paysanne grecque sans éducation évoquent celles des plus célèbres martyres de l’Antiquité. Elle nie fermement avoir jamais accepté la demande en mariage du musulman et déclare : « Je suis chrétienne, le Christ est mon seul époux ; en guise de dot, je lui ai fait don de ma virginité. C’est lui que j’aime et je suis prête à mourir pour lui. »

  • Kyranna est emprisonnée, mais l’homme qui se prétend épris d’elle obtient du juge la permission de lui rendre visite chaque jour pour la ramener à la raison. En fait, ces visites sont l’occasion de séances de tortures quotidiennes de plus en plus cruelles, comme en témoigneront les autres prisonniers qui assistent à ces sévices. Seule l’aide de Dieu peut donner à cette jeune fille la force de supporter quotidiennement pareilles souffrances sans abjurer. Kyranna meurt sous les coups de son tortionnaire au bout d’une semaine.
  • Le soir même, la prison est réveillée par une clarté surnaturelle qui inonde les cachots, tandis qu’un parfum exquis se répand dans les couloirs et en couvre la pestilence habituelle. On observe que parfum et lumière proviennent du corps martyrisé de Kyranna. Les gardiens et les autres détenus en témoigneront.
  • Effrayés par ce phénomène et pris de remords, les gardiens décident de se débarrasser du cadavre qu’ils remettent, contrairement à l’usage, aux chrétiens de Thessalonique, les autorisant à l’enterrer selon leurs rites, pourvu que ce soit « hors les murs de la ville ». Tandis que l’on emporte la dépouille, chacun constate que l’odeur de sainteté se répand dans les rues au passage du cadavre, duquel émane toujours la lueur miraculeuse. Juifs et musulmans, aussi bien que chrétiens, attesteront de ces événements.

  •  La vie de sainte Kyranna a été mise par écrit peu de temps après sa mort par un de ses contemporains et figure dans le Synaxaire (vies des saints de l’Église orthodoxe).

Synthèse :

En 1751, dans la Grèce occupée par les Ottomans, le responsable de la police de Thessalonique, de passage au village d’Avisoka, y remarque une jeune fille de vingt ans, Kyranna, d’une telle beauté qu’il en devient amoureux fou et n’a plus qu’un but : la mettre dans son harem/ Mais la jeune paysanne est une pieuse chrétienne qui a voué sa virginité à Dieu et refuse toutes les offres de son prétendant turc.

Celui-ci trouve deux faux témoins pour attester en justice qu’elle a accepté de l’épouser et de se convertir à l’islam en échange d’une vie riche et facile. Une telle promesse équivaut, si elle n’est pas tenue, en droit islamique, à une abjuration, et doit à ce titre être punie de mort. Arrêtée et conduite devant le juge, Kyranna s’affirme chrétienne et assure n’avoir jamais accepté la demande en mariage du musulman. Persuadé de parvenir à la faire apostasier, le janissaire obtient son incarcération et la permission, scandaleuse, de la visiter chaque jour dans la prison. En fait, à chaque visite, la jeune fille est torturée devant les autres détenus, battue de verges, suspendue des heures sous les aisselles, etc.

Ces traitements révoltants scandalisent même les femmes des geôliers turcs, qui menacent leur mari d’une vengeance céleste s’ils tolèrent plus longtemps ce qui se passe. L’un d’entre eux ose aller trouver le cadi pour dénoncer ce que le janissaire fait de son droit de visite, mais le magistrat, complice du préfet de police, menace le gardien de renvoi s’il ne se tait pas. Effrayé, l’homme décide d’administrer lui-même une séance de torture à Kyranna, si douloureuse que la chrétienne abjurera et qu’il obtiendra les compliments de ses supérieurs pour l’avoir amenée à résipiscence. La brute s’empare d’une grosse bûche avec laquelle il frappe la malheureuse, toujours suspendue en l’air, sur tout le corps, mais sans plus de résultat, de sorte que, se fatiguant plus vite que la martyre, le bourreau part prendre tranquillement une tasse de café. Sa pause finie, il constate que sa victime a rendu l’âme. Il ne prend même pas la peine de décrocher la suppliciée, qui reste ainsi suspendue. Kyranna n’a pas abjuré et a tenu sa promesse de verser son sang pour l’amour du Christ.

Vers vingt-trois heures, ce 28 février 1751, une merveilleuse lumière éclaire soudain les sombres geôles, tandis qu’un parfum exquis s’y répand. Il faut se rendre à l’évidence : lumière et parfum proviennent du cadavre supplicié de la Grecque. Ce miracle plonge les Turcs dans la panique et ils décident de se débarrasser du corps en le remettant aux chrétiens, à condition que la martyre soit enterrée sans cérémonie hors les murs.

En réalité, Kyranna est ensevelie secrètement et illégalement sous le maître-autel de l’église des Saints-Archanges, à Thessalonique. Après l’indépendance de la Grèce, le secret ayant été bien gardé et tous les acteurs de l’époque étant morts, il s’avère impossible, malgré les efforts des patriarches successifs, désireux d’honorer leur plus glorieuse martyre, de retrouver la trace de sa sépulture. On bâtit cependant dans le village natal de Kyranna, en 1840, une grande église qui porte son nom, mais où les seules reliques vénérées sont des vêtements lui ayant appartenu.

C’est miraculeusement, après que les investigations scientifiques ont échoué, que le corps de la sainte est retrouvé, en septembre 2011. L’affaire, suivie de près par la presse, fait grand bruit en Grèce et dans les communautés orthodoxes. Le patriarche Jean de Lagada procède à la translation solennelle de la dépouille vers son sanctuaire d’Ossa. Kyranna est notamment invoquée contre les faux témoins et les calomniateurs.

Spécialiste de l’histoire de l’Église, postulateur d’une cause de béatification, journaliste pour de nombreux médias catholiques, Anne Bernet est l’auteur de plus d’une quarantaine d’ouvrages pour la plupart consacrés à la sainteté.


Aller plus loin :

  • L’article de R. Bousquet : « Néo-martyres orthodoxes », tiré de Revue des études byzantines, 1907 (consultable en ligne).

En savoir plus :

  • Macaire de Simonos Petra, Le Synaxaire, vies des saints de l’Église orthodoxe, Éditions To Perivoli tis Panaghias, Thessalonique, 1996.
  • La vidéo en anglais « New martyr Kyranna of Thessaloniki », du frère Steven Ritter, tiré des podcasts Hidden Saints.
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