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TOUTES LES RAISONS DE CROIRE
Les saints
n°152

Catalogne (Espagne), Cuba et France

1807 – 1870

Antoine-Marie Claret, un tisserand devenu ambassadeur du Christ

Antoine-Marie Claret est né au XIXe siècle en Espagne dans une famille de modestes tisserands. Enfin devenu prêtre, nourri par une vie spirituelle d’une rare intensité, il mène de nombreuses prédications qui le conduisent jusqu’à Cuba. À partir de 1859, il devient confesseur de la reine d’Espagne, qu’il accompagne dans son exil en France. Sa vie est un exemple évangélique et missionnaire ; à l’occasion de sa canonisation en 1950, le pape Pie XII dit de lui : « il put être humble d’origine et glorieux aux yeux du monde […] toujours en la présence de Dieu, même au milieu de sa prodigieuse activité extérieure ; calomnié et admiré ; fêté et persécuté. Et, entre tant de merveilles, comme une douce lumière qui éclaire tout, sa dévotion à la Mère de Dieu. »

Saint Antoine-Marie Claret, vers 1860. / ©CC0/wikimedia
Saint Antoine-Marie Claret, vers 1860. / ©CC0/wikimedia

Les raisons d'y croire :

  • Son obstination à devenir prêtre, malgré les éléments naturels qui s’y opposaient (modestie de moyens qui rendent difficiles et longues ses études), témoigne de la force de l’appel de Dieu.
  • De même, bien que les Jésuites lui refusent le départ en mission en raison de son état de santé fragile, Antoine-Marie est finalement nommé à Cuba par le pape Pie IX. Antoine-Marie y réalise une œuvre remarquable à tous niveaux, prenant notamment la défense des esclaves cubains.
  • Ses positions lui attirent beaucoup d’animosité : il échappe miraculeusement à chacun des attentats orchestrés contre lui – pas moins de quinze –, ainsi qu’à l’ordre donné par l’ambassadeur d’Espagne en France de l’arrêter et de l’extrader.
  • L’impact de ses actions missionnaires va au-delà de ce qui est à portée humaine : il réalise les plus surprenantes conversions par l’intercession de la Vierge Marie. À Cuba, en deux années de mission, il distribue à la population 100 000 livres et plus de 80 000 images pieuses diverses.
  • Il est marquant qu’Antoine-Marie réussisse à mener à terme ses projets successifs malgré un contexte politique difficile, au commencement de sa vie comme à la fin : son pays natal est occupé par Napoléon dès 1808, et il meurt exilé en France. Il fonde par exemple une congrégation à vocation missionnaire « les Fils de Marie Immaculée » qu’on appelle les Clarétains.
  • Les miracles authentifiés pour la béatification puis la canonisation d’Antoine-Marie Claret sont admirables et témoignent de la puissance de Dieu intervenant à la suite de son intercession, notamment la guérison du cancer de sœur Josefina Marín (Santiago de Cuba, 11 mai 1934) et la guérison d’Elena Flores d’une hémiplégie causée par une lésion cérébrale (Cordoue, 9 mai 1948).
  • « Pendant qu’il prêchait, son visage rayonnait de la charité dont brillait son âme […]. Les assistants étaient souvent émus jusqu’aux larmes et, qui plus est, inclinés à tendre d’un cœur sincère vers une vie meilleure et plus sainte. Aussi lui arrivait-il d’obtenir plus que de salutaires améliorations, le renouvellement des mœurs, qu’il confirmait efficacement en accomplissant au nom de Dieu d’extraordinaires miracles. » (Extrait de l’homélie de Pie XII pour la canonisation d’Antoine-Marie Claret, 1950).

Synthèse :

Antoine-Marie est le cinquième des onze enfants de Jean Claret, modeste tisserand de Catalogne, disposant de peu de ressources. Toute sa vie durant, sa terre natale traverse des graves crises successives : en 1808, les troupes de Napoléon Ier occupent l’Espagne ; soixante ans plus tard, il est forcé de prendre la route de l’exil jusqu’en France, où l’ambassadeur d’Espagne fait pression sur les autorités françaises pour le faire arrêter.

Une rencontre providentielle lui ouvre la voie à laquelle il se sent appelé intérieurement : missionnaire de Jésus-Christ. Le curé de son village lui enseigne des rudiments de latin et lui apprend la place que tient la Vierge Marie dans le christianisme. Le garçon devient un grand dévot de Marie.

Démunis, ses parents ne peuvent subvenir à ses études, et Antoine-Marie est obligé de travailler pour payer sa scolarité. Envoyé à Barcelone dans une entreprise de tissage, il suit courageusement des cours du soir, car il envisage d’entrer au séminaire. Il lui faut patienter encore plusieurs années avant de réaliser son vœu. En 1829, à force de travail et de renoncement, il est admis comme séminariste dans la capitale catalane. Ses dispositions intellectuelles et la puissance de sa foi font le font remarquer par les supérieurs. Il est enfin ordonné prêtre six ans plus tard, au terme d’un parcours remarquable.

Antoine-Marie a depuis longtemps une idée en tête : il désire devenir missionnaire. Il part pour Rome où il fait un an de noviciat dans la Compagnie de Jésus. Les appréciations de ses maîtres sont élogieuses, mais sa santé, précaire depuis l’enfance, lui ferme les portes de la mission. Il est recalé.

Loin de se laisser abattre, il déploie alors une énergie extraordinaire. Revenu en Espagne, il est nommé curé de Viladrau (Catalogne) ; il prêche une mission – pour ainsi dire – à l’improviste. C’est un succès retentissant. Le clergé diocésain est informé qu’un missionnaire remarquable travaille en Catalogne… Au printemps 1843, l’évêque diocésain lui demande de prêcher dans plusieurs paroisses catalanes. Il a trouvé sa voie ou, plus exactement, il sent qu’il répond dorénavant à ce que Jésus lui demande. En 1848, il effectue un long déplacement dans les îles Canaries, où son passage suscite un vif enthousiasme.

Il veut faire plus encore. Avec cinq amis prêtres, il veut fonder un ordre religieux missionnaire capable de porter la Bonne Nouvelle en Catalogne, puis, dans un second temps, au-delà de l’Europe, sans concurrencer les ordres déjà existants, mais en prenant exemple sur leurs traditions. Dès 1847, il fonde ainsi une première confrérie dite du Cœur Immaculé de Marie, dont il emprunte la spiritualité à la confrérie parisienne de Notre-Dame-des-Victoires. Puis, le 16 juillet 1849, il fonde au séminaire de Vic (Catalogne) les Fils du Cœur Immaculé de Marie (ou missionnaires clarétains), promis à un bel avenir sur les cinq continents.

Un mois plus tard, le pape Pie IX le nomme archevêque de Santiago de Cuba, pays où il est envoyé en mission comme il en rêvait depuis sa jeunesse. Il redouble d’efforts. Après avoir rencontré, ici encore, de façon toute providentielle, la mère Marie Antonia Paris y Riera, il fonde avec elle les religieuses de Marie Immaculée (missionnaires clarétines), destinées à l’éducation des filles pauvres. La mère Marie s’embarque pour Cuba le 22 octobre 1852. C’est le début d’une aventure spirituelle et humaine qui dure encore. Saint Jean-Paul II l’a déclarée vénérable en 1993.

Antoine-Marie ouvre une école pour les jeunes filles, aussi bien d’origine hispanique qu’autochtones : c’est un premier pavé dans la mare des partisans de l’esclavage : à cette époque règne la ségrégation absolue entre les enfants blancs et ceux de couleur ! Les années qui suivent sont celles d’un combat permanent contre les propriétaires terriens favorables à l’esclavage des populations locales. Il échappe miraculeusement à une quinzaine d’attentats meurtriers.

Dans son diocèse, il forme lui-même les prêtres, crée plus de cinquante paroisses, multiplie les homélies aux quatre coins du territoire, et ouvre un lieu d’accueil pour personnes âgées, puis un second pour les enfants pauvres.

En Espagne, on connaît ses aventures, et la reine Isabelle II lui demande de rejoindre l’Espagne afin d’avoir la vie sauve. La souveraine veut le prendre comme confesseur, et elle sait que sa vie est en danger. Antoine-Marie accepte. Mais il continue d’abord d’administrer son diocèse depuis Madrid. Puis en 1859, fatigué, il renonce à son ministère d’archevêque, et devient officiellement confesseur de la reine.

En réalité, il se sent poussé par une force intérieure qui le dépasse. Il s’occupe des futurs évêques, supervise les actions de charité de la cour royale, prêche quand il l’estime nécessaire, et accompagne Isabelle II dans ses déplacements, officiels ou privés. Mais en septembre 1868, Isabelle II est chassée du trône par la révolution de Joan Prim, comte de Reus, général de métier, futur régent d’Espagne. Exilée en France, elle est suivie par Antoine-Marie qui, contre toute attente, ne se contente pas d’exercer à merveille son ministère de confesseur. Il accompagne spirituellement et humainement les exilés espagnols à Paris du mieux qu’il peut et s’informe très régulièrement de l’état de son ancien diocèse cubain. L’âge et la fatigue ne semblent pas avoir de prise sur lui.

En 1870, il part pour Rome où il doit participer au concile Vatican I. Mais cette fois, il tombe malade dans les Pyrénées-Orientales, où le clergé lui offre l’hospitalité. Apprenant sa localisation, l’ambassadeur d’Espagne en France, collaborateur de Joan Prim et ennemi d’Isabelle II, demande qu’Antoine-Marie soit arrêté et extradé en Espagne. Mgr Etienne Ramadié, évêque de Perpignan, alerte le saint, qui a le temps de trouver refuge à l’abbaye de Fontfroide, où il est rappelé à Dieu le 24 octobre 1870. Il a 62 ans.

Béatifié par le pape Pie XI en 1934, il est inscrit au catalogue des saints par Pie XII en 1950.

Patrick Sbalchiero


Au-delà des raisons d'y croire :

La charité que le saint manifeste à l’égard de tous, à commencer par les esclaves cubains, les pauvres et les vieillards, révèle de façon absolue la richesse de sa personnalité et la fécondité de ses œuvres.


Aller plus loin :

Massimilaino Taroni, Sant’Antonio Maria Claret. Vescovo Missionario, préface du cardinal José Saraiva Martins, Éditions. Velar, 2018.


En savoir plus :

  • Antoine-Marie Claret, Autobiographie, Éditions clarétaines, 2003.
  • Pablo Moreno, Saint Antoine-Marie Claret, missionnaire, libérateur, saint, (Saje Distribution, 2020), DVD.
  • Dans l’Encyclopédie mariale, les différents articles concernant saint Antoine-Marie Claret.
  • Sur le site Vatican.news, l’audio de sœur Catherine Aubin revenant sur la figure de saint Antoine-Marie Claret.
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