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TOUTES LES RAISONS DE CROIRE
Les saints
n°461

Espagne

1499-1562

Pierre d’Alcantara, à qui Dieu ne refuse rien

Juan de Sanabria, en religion Pierre d’Alcantara, meurt à Arenas de San Pedro, en Espagne, le 18 octobre 1562, au bel âge, pour l’époque, de soixante-trois ans. Alors qu’il vient de rendre l’âme, Thérèse d’Avila a la vision de son directeur de conscience qui s’élève vers le Ciel et y entre, au son des concerts angéliques, sans le moindre petit détour par le purgatoire. « La Madre », qui reçoit souvent des lumières sur les destinées éternelles des défunts, confiera, admirative, que Pierre est le seul qu’elle ait vu accéder directement au paradis. Mais à quel prix !

© CC BY 3.0/Elemaki
© CC BY 3.0/Elemaki

Les raisons d'y croire :

  • Bien qu’elle soit récente, puisqu’ils se sont rencontrés en 1560, l’amitié spirituelle qui lie Thérèse d’Avila et Pierre d’Alcantara sera dans leurs deux vies déterminante. En particulier, Pierre apporte un soutien précieux à Thérèse d’Avila, ainsi que son aide pour la fondation du Carmel réformé. Ce type d’amitié, entièrement fondée en Dieu, n’est pas interrompue par la mort.
  • Plusieurs écrits de Thérèse d’Avila documentent la vie du franciscain et rendent compte de ses miracles. Il est difficile de mettre en cause la crédibilité de la sainte. Elle affirme avoir des visions et des visites de son directeur de conscience, et connaître la place éminente qu’il occupe au Ciel. Tout ce qu’elle dit à ce sujet a été tenu pour vrai par l’Église.
  • Les trois dernières années de sa vie, Pierre est constamment malade, quasiment mourant. Lui-même pense que sa survie est liée à ce qu’il doit encore faire afin qu’aboutisse la réforme du Carmel. Ce n’est qu’après avoir obtenu pour Thérèse l’appui de l’évêque d’Avila et assuré l’avenir du couvent San José qu’il sait venu pour lui le temps de terminer sa vie terrestre, comme il l’annonce à ses compagnons.
  • Pierre d’Alcantara meurt en entonnant le psaume « Je fus dans la joie quand on me dit : "Allons dans la maison du Seigneur." » À ceux qui l’entourent, il affirme voir en face la Sainte Trinité, la Vierge Marie et saint Jean l’évangéliste, son patron de baptême. Personne ne met en doute ses paroles, que confirme la vision de Thérèse.

  • Plus tard, alors qu’il apparaît une nouvelle fois à Thérèse d’Avila, il lui confie être dans la gloire céleste et lui dit : « Ô bienheureuse pénitence qui me vaut une si grande récompense ! » Pour son propre salut et pour assurer le difficile succès de la réforme de l’ordre, le jeune religieux s’impose en effet diverses pénitencesdès son entrée chez les Franciscains : seulement une heure et demie de sommeil par nuit et un seul repas tous les trois jours. Cela fait quarante ans qu’il suit ce régime surhumain, sans perdre la santé, lors de sa rencontre avec Thérèse d’Avila.

  • Telles sont les pénitences qu’il s’est infligées avec persévérance et dont il assure qu’elles lui valent d’être puissant sur le cœur de Dieu en faveur de ceux qui le prient. Thérèse d’Avila confirme dans son autobiographie : « Le divin Maître me dit un jour qu’on ne lui demanderait jamais rien au nom de Pierre d’Alcantara qu’il ne l’accordât. Quant à moi, je l’ai très souvent prié de présenter au Seigneur mes demandes et je les ai toujours vues exaucées. »

  • De fait, plusieurs témoignages de guérisons inespérées ont été rapportés, après que les malades ont prié saint Pierre d’Alcantara d’intercéder pour eux : par exemple en 1671, à Dijon (Bourgogne, France), la guérison d’une ursuline quasiment à l’agonie ; ou encore en 1674, à Cessenon (Languedoc, France), la guérison de Charlotte de Fraissinet après avoir prié le saint sur les conseils du père Julien des Camps, franciscain réformé de Saint-Chinian…
  • La popularité du saint, en Espagne et dans le monde hispanophone, accrédite cette réputation. Il est le patron de l’Estrémadure et du Brésil.

Synthèse :

Juan de Sanabria, héritier d’une noble famille, naît à Alcantara, cité dont son père est gouverneur, en 1499. Après la mort de son père, en 1514, et le remariage de sa mère, il part étudier le droit à Salamanque, mais renonce à toute carrière mondaine pour entrer à seize ans dans un couvent franciscain de Castille.

Bien que ce couvent appartienne aux maisons de la stricte observance, Juan, devenu Pedro en religion, le trouve en rupture avec les vues de François d’Assise, notamment en ce qui concerne la pauvreté. Ordonné prêtre en 1524, puis s’élevant rapidement au sein de son ordre, il tente de faire partager à ses frères ses rêves de retour aux exigences primitives de la règle et à l’idéal du Poverello. Se heurtant à leur mauvais vouloir, il doit changer souvent de province ecclésiastique. En 1555, le pape Jules III l’autorise à fonder son propre couvent réformé à Pedrosa ; il y impose l’obligation de marcher pieds nus, d’où l’appellation de franciscains déchaux (déchaussés).

En 1560, il est chargé par les autorités religieuses de rencontrer Teresa de Jésus, pour examiner la réalité de ses expériences mystiques et s’assurer qu’elles ne sont pas une illusion démoniaque. Lui-même passé par les mêmes étapes de l’avancée vers l’union à Dieu, Pierre est l’homme de la situation, qui saura rassurer Thérèse et la guider.

Il lui dit : « On ne doit discuter de la perfection de la vie qu’avec ceux qui mènent une vie parfaite, car nul n’a meilleure connaissance du bien que celui qui le pratique. » Nulle vanité dans ces mots que Pierre ne prononce pas en parlant de lui ! Thérèse est charmée : « Avec toute cette sainteté, il était extrêmement aimable », dit-elle. Il la rassure sur l’authenticité de ses expériences mystiques et demande à l’évêque d’Avila d’appuyer son désir de fonder un premier carmel réformé dans sa ville, en partie sur le modèle des franciscains déchaux. Pierre sera, avant Jean de la Croix, celui sur qui la Madre pourra s’appuyer dans son entreprise de réforme du Carmel.

Malgré ses apparents excès, les proches de Pierre le décriront comme « calme et prudent, pauvre et généreux, disponible et obéissant, humble et magnanime », vertus certes plus faciles à imiter que ses terrifiantes pénitences !

Spécialiste de l’histoire de l’Église, postulateur d’une cause de béatification, journaliste pour de nombreux médias catholiques, Anne Bernet est l’auteur de plus d’une quarantaine d’ouvrages pour la plupart consacrés à la sainteté.


Aller plus loin :

  • Saint Pierre d’Alcantara, Œuvres spirituelles complètes, diverses éditions.

En savoir plus :

  • Vie de saint Pierre d’Alcantara par un membre du tiers ordre franciscain, 1860. Disponible en ligne.
  • Marion Alphonse Habig, The Franciscan Book of Saints, Franciscan Order, 1959.
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