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TOUTES LES RAISONS DE CROIRE
Histoires providentielles
n°123

Corée

XVIIIe siècle

La conversion autonome de la Corée

Alors que le christianisme est aujourd’hui la principale confession en Corée du Sud, surtout sous sa forme réformée, l’histoire de la conversion de ce pays à la religion du Christ demeure stupéfiante. C’est en effet seul que le « royaume ermite » s’est approché de la vraie foi à la fin du XVIIIe siècle, sans le recours direct à des missionnaires. La crise politique, intellectuelle et mystique que traverse le pays du Matin calme conduit son intelligentsia, les yangban, à remettre en cause le néoconfucianisme qui jusque-là guidait leur pensée. Quelques-uns de ces intellectuels, ayant entendu parler du catholicisme répandu en Chine voisine par des missionnaires jésuites, se procurent des livres, les étudient, sont séduits, et décident de se faire baptiser. Il faudra quelques décennies avant que les structures hiérarchiques de l’Église universelle s’implantent en Corée, mais, dès cet instant, la graine de la parole de Dieu est semée, par miracle. Un événement sans équivalent dans le monde.

La cathédrale Myeong-Dong, construite dans un style néogothique, Corée du Sud. /  © CC BY-SA 4.0/Asacyan
La cathédrale Myeong-Dong, construite dans un style néogothique, Corée du Sud. / © CC BY-SA 4.0/Asacyan

Les raisons d'y croire :

  • L’époque à laquelle se déroulent les faits est très récente et fort documentée historiquement.
  • La conversion des premiers Coréens au christianisme est le fait de leur seule recherche intellectuelle : c’est la cohérence remarquable de la doctrine chrétienne qui les interpelle.
  • Immédiatement, le message du Christ étanche leur soif. Une soif que le confucianisme, le bouddhisme et le taoïsme ne parvenaient pas à satisfaire.
  • L'enthousiasme des débuts n’est pas un feu de paille, et l’attirance pour le christianisme ne demeure pas propre à l’élite intellectuelle : l’Église chrétienne de Corée croît très rapidement sur tout le territoire, comme un champignon. En l’espace d’une dizaine d’années, on passe de 0 à 10 000 chrétiens coréens !
  • Cette croissance exponentielle questionne d’autant plus qu’il n’y a pas – avant longtemps – de missionnaire européen ni de prêtre sur le sol coréen. La foi chrétienne a été accueillie spontanément. Une fois baptisés, les chrétiens coréens se rassemblent par eux-mêmes en communauté et demandent avec insistance des prêtres à l’évêque de Pékin et au pape.
  • Après un développement pacifique rapide, les chrétiens deviennent progressivement indésirables et persécutés. Nombreux seront les croyants coréens qui donneront leur vie pour demeurer fidèles à la foi chrétienne, et des centaines de martyrs seront honorés.
  • Aujourd’hui encore plus de la moitié des personnes croyantes en Corée du Sud est chrétienne.

Synthèse :

Tout commence au XVIIIe siècle. Jusque-là, le royaume de Corée était resté fermé aux influences extérieures, particulièrement occidentales, et donc au christianisme – même si celui-ci était répandu en Asie dès les premiers siècles, sous le nom de « nestorianisme ». Cependant, sous la dernière dynastie coréenne, celle des Yi, le féodalisme centralisé sur lequel repose le pays vacille : on assiste à la montée d’une bourgeoisie, commerçante mais aussi intellectuelle, qui remet en cause la religion néoconfucianiste du pouvoir.

C’est alors que naît une nouvelle école, le Sil-hak (que l’on peut traduire par « étude du réel ») de tendance progressiste, pragmatique et positiviste : elle cherche à sortir de l’impasse où le néoconfucianisme a mené le pays. Ses intellectuels prennent connaissance d’ouvrages des jésuites, publiés en chinois et introduits en Corée. Mais si la plupart des membres acceptent l’aspect scientifique et pragmatique de la pensée occidentale, ils demeurent d’abord critiques vis-à-vis du dogme religieux catholique, surtout celui d’un Dieu personnel et Créateur ainsi que de la vie après la mort.

Vers la fin du siècle cependant, certains lettrés commencent à être séduits par les ouvrages présentant l’action du Dieu de la Bible. Ainsi, en 1777, quelques intellectuels organisent une réunion pour étudier les questions sur le Ciel, le monde, l’homme. Ils comparent les livres des lettrés anciens avec les livres écrits par les Occidentaux venus de Pékin. Durant cette réunion, ils sont convaincus par la cohérence de la doctrine chrétienne, et décident de pratiquer la prière.

Parmi eux, un jeune intellectuel coréen nommé Hong Yu-han. Ce jeune homme se met à pratiquer un catholicisme uniquement basé sur sa compréhension de ces livres. Il prie, célébrant même à sa manière un « jour du Seigneur » hebdomadaire. Hong Yu-han fait des émules, dont un certain Lee Byeok, qui va convaincre un ami de se convertir au catholicisme. Cet ami, Lee Seung-hun (ou Yi Seung-Hoon), fils d’ambassadeur, s’arrange pour faire partie de l’ambassade annuelle que la Corée envoie auprès de l’empereur de Chine, dont elle est le vassal, pour prêter allégeance et recevoir le calendrier de l’année.

Le père de Ventavon, un jésuite de Pékin, écrit le 25 novembre 1784 : « Les ambassadeurs vinrent, sur la fin de l’année dernière, eux et leur suite, visiter notre église ; nous leur donnâmes des livres de religion. Le fils d’un de ces seigneurs, âgé de 27 ans, érudit et très bon lettré, les lut avec empressement ; il y vit la vérité et, la grâce agissant sur son cœur, il résolut d’embrasser la religion après s’en être instruit à fond. »

En effet, une fois à Pékin, Lee Seung-hun entre en contact avec des jésuites, dont un Français, le père Grammont, auquel il demande le baptême. Comme les deux hommes ne parlent pas la même langue, ils ne communiquent que par écrit au moyen de caractères chinois. Grammont parvient à lui enseigner un catéchisme de base, et même à lui faire passer un examen que le catéchumène réussit.

Avec l’accord de son père, également membre de l’ambassade, le père Grammont baptise Lee Seung-hun dans l’église du Nord de Pékin en janvier 1784, et lui donne un nom chrétien : Pierre Lee, en référence à l’apôtre Pierre auquel le Christ avait confié la charge de bâtir l’Église. C’est le premier chrétien coréen de l’histoire. Pierre Lee retourne en Corée chargé de livres savants et religieux et, animé de l’esprit missionnaire, se met à son tour à baptiser ses compatriotes. À cause de leur pratique d’égalité entre les hommes et de leur refus du rite des ancêtres, considérés comme subversifs, les nouveaux convertis seront bientôt martyrisés pour leur foi chrétienne.

Qu’importe, la foi chrétienne est entrée dans le pays, et par un moyen pour le moins « providentiel ». L’occasion d’admirer une fois encore l’abondance et la vérité des grâces divines.

Jacques de Guillebon est essayiste et journaliste. Il collabore notamment à la revue catholique La Nef.


Aller plus loin :

Missions Étrangères de Paris, Lumière sur la Corée, Paris, Le Sarment-Fayard, 1984


En savoir plus :

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