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Des miracles étonnants
n°454

Mer Égée

10 octobre 1918

Un navire de guerre sauvé par le Saint Sacrement

Dans la nuit du 10 au 11 octobre 1918, le cuirassé français Voltaire, qui rejoint la flotte d’Orient, navigue dans le canal de Cervi, non loin de Cythère (mer Égée). Le temps est beau et la visibilité excellente, ce qui l’expose à une attaque de la marine allemande, dont les sous-marins, les U-Boot, sont la terreur des navires alliés. Vers trois heures du matin, deux explosions secouent le Voltaire. L’équipage ne s’y trompe pas : ils viennent d’être torpillés deux fois… En pareil cas – les statistiques le prouvent –, les chances d’un navire de rester à flot et de réussir à se mettre à l’abri sont quasi nulles. Ordre est donné de gagner les postes d’abandon et se préparer à évacuer. Or, à la stupeur générale, le cuirassé ne prend pas de gîte, ne chavire pas et reste manœuvrable. Le responsable des machines dit alors au commandant, Henri de Stabenrath : « Ne vous en faites pas, commandant ! Nous ne périrons pas ! Nous avons le bon Dieu à bord. »

Le cuirassé Voltaire dans le port de Toulon / © CC0 Wikimédia.
Le cuirassé Voltaire dans le port de Toulon / © CC0 Wikimédia.

Les raisons d'y croire :

  • Nous sommes parfaitement renseignés sur les mouvements du cuirassé Voltaire, y compris le torpillage du 10 octobre, non seulement par les archives militaires françaises, mais aussi par celles de la Marine allemande, puisque le commandant du U-Boot 48, Wolfgang Steinbauer, signale avoir torpillé un cuirassé français dans le canal de Cervi. Ne l’ayant pas coulé, il croit à une erreur de tir qui aurait fait manquer la cible.
  • Or, à cet endroit, manquer le Voltaire reviendrait à manquer un éléphant dans un couloir. En fait, les torpilles allemandes ont bel et bien touché au but. Le cuirassier n’a pourtant pas coulé.
  • Depuis le début de la Grande Guerre, en France, un large mouvement d’opinion demande la consécration du pays et ses armées au Sacré Cœur, mouvement renforcé par les révélations du Christ à une jeune paysanne vendéenne, Claire Ferchaud, qui, en 1917, supplie le gouvernement français d’obéir aux demandes du Ciel et de placer le Sacré Cœur sur les drapeaux et fanions afin qu’il nous donne la victoire. Bien entendu, cette supplique est rejetée, mais des officiers acceptent de prononcer en secret des consécrations privées et n’appliquent pas les consignes condamnant le port, sous l’uniforme, à titre individuel, d’un insigne du Sacré Cœur. Cette dévotion est populaire parmi l’équipage du Voltaire et de nombreux officiers et matelots arborent visiblement l’insigne interdit. Cela n’est pas anodin.
  • Le navire n’a pas d’aumônier attitré mais, à Toulon, le père Jérôme Gabriel Niorthe est autorisé à monter à bord. L’équipage, en aménageant la cabine du dominicain, a voulu transformer sa petite armoire en tabernacle pour lui permettre d’y conserver la réserve eucharistique. Le Saint Sacrement se trouve donc à côté de la couchette du prêtre. En voyant le prêtre monter à bord, tous ont dit : « Celui-là va nous attirer la protection de Dieu sur ce vieux Voltaire ! »

  • La cabine du prêtre se trouve à tribord, au milieu de la longueur du bâtiment, c’est-à-dire au point le plus exposé du navire, celui où les effets d’un torpillage seraient les plus dévastateurs. C’est précisément le point que visaient les torpilleurs allemands et qu’ils n’ont pas atteint, une force inexpliquée ayant dévié les projectiles qui ont frappé plus haut, là où les avaries sont minimes.
  • Le premier souci du père Niorthe, quand il comprend que le cuirassier a été torpillé, est de récupérer la réserve eucharistique et, l’emportant avec lui, de descendre vers la salle des machines, alors qu’ordre est donné de monter sur les ponts pour évacuer. Insouciant de sa propre survie, il veut s’assurer que personne n’a besoin d’un prêtre en dessous.
  • Or, comme il le constate, le Voltaire ne compte ni mort ni blessé. L’équipage est indemne, ce qui relève de l’impossible.
  • Le Voltaire réussit à gagner le port grec de Milos, où l’on constate la gravité de ses avaries. On s’étonnequ’il ait pu continuer sa route et se mettre à l’abri, comme on s’étonne de l’absence de victimes. Seuls les officiers et l’équipage savent à qui ils doivent leur survie : ils n’ont pas attendu d’être à Milos pour demander au dominicain de célébrer à bord une messe d’action de grâce.
  • Certains officiers vont rédiger un récit des événements qui, à quelques semaines de la fin de la guerre, n’attirera pas l’attention. Seule la presse religieuse en fera état, en 1920, à l’occasion de la mort du père Niorthe.

Synthèse :

Construit en 1907 à La Seyne-sur-Mer, le Voltaire, cuirassé de type Danton – nom choisi telle une provocation calculée en cette période de tensions liées à la séparation de l’Église et de l’État, et qui a fait grincer des dents une marine restée très catholique –, a été lancé le 16 janvier 1909 et versé au service actif en 1911. Depuis qu’il a pris la mer, les accidents, nombreux, lui valent auprès des marins une réputation de navire maudit. Lorsqu’il appareille de Toulon le 6 octobre 1918 pour rejoindre Thessalonique, puis Moudra, les matelots sont inquiets et redoutent de sombrer avec ce navire porte-malheur. Peut-être est-ce l’une des raisons pour lesquelles beaucoup dans l’équipage arborent l’insigne, interdit car « calotin et contre-révolutionnaire », du Sacré Cœur.

Le Voltaire embarque un dominicain, le père Gabriel Niorthe, qui n’a pas statut d’aumônier militaire. Ce Breton, ordonné prêtre en 1914 en Belgique, s’est engagé alors qu’il était, comme tous les membres des grands ordres, condamné à l’exil depuis la loi sur les congrégations. Son courage sur le champ de bataille depuis 1914 a forcé l’admiration et on l’envoie sur le front d’Orient : il doit quitter le bord à l’escale de Thessalonique afin de rejoindre un hôpital militaire pour assister les blessés français et serbes.

Le prêtre séduit d’emblée tout le monde à bord et persuade les hommes que, pour une fois, malgré le mauvais nom du navire, la protection divine s’étend sur eux. Elle se concrétise sous la forme de la réserve eucharistique, les hosties consacrées, que Niorthe conserve dans sa cabine. Or, selon les règlements maritimes républicains, seuls les navires-hôpitaux sont autorisés à garder une réserve eucharistique pour les viatiques aux mourants. Sans le savoir, Niorthe est dans l’illégalité, raison pour laquelle les matelots qui ont installé le tabernacle n’ont rien dit aux officiers. Il est manifeste que le Saint Sacrement, installé à l’endroit précis où les deux torpilles allemandes devaient frapper le Voltaire le 10 octobre, explique la déviation du tir, sauvant équipage et navire.

Ce n’est qu’après le 11 novembre et la fin des hostilités que le Voltaire pourra gagner les chantiers navals de la base française de Bizerte, en Tunisie. En 1935, il sera envoyé au large de Port-aux-Moines (non loin de Saint-Gildas-de-Rhuys dans le Morbihan), où il servira de cible flottante aux pilotes de Lann-Bihoué. Définitivement coulé en 1949, il repose par le fond et représente un spot de plongée « sympathique »…

Spécialiste de l’histoire de l’Église, postulateur d’une cause de béatification, journaliste pour de nombreux médias catholiques, Anne Bernet est l’auteur de plus d’une quarantaine d’ouvrages pour la plupart consacrés à la sainteté.


Au-delà des raisons d'y croire :

Débarqué à Thessalonique, Niorthe terminera glorieusement sa guerre puis continuera à servir au Levant, où, refusant d’abandonner des soldats blessés, il tombe, en 1920, aux mains des Turcs, qui le fusillent parce qu’il refuse de renier le Christ et encourage ses camarades à proclamer jusqu’au bout leur foi catholique.


Aller plus loin :

  • Claude Mouton,Ce Voltaire qui portait le Sacré Cœur, Résiac, 1979.
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