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TOUTES LES RAISONS DE CROIRE
Les interventions du Christ dans l'Histoire
n°167

Tolbiac (près de Cologne)

Vers 496

La conversion de Clovis : « Si tu m’accordes la victoire, je croirai en toi. »

Clovis, roi des Francs saliens, était païen ; malgré l’insistance de sa femme sainte Clotilde, il refusait de se convertir au christianisme, et la mort de leur fils ne fit qu’aggraver sa défiance vis-à-vis de la religion chrétienne. Pourtant, lorsque Clovis, à la bataille de Tolbiac (vers 496), se vit sur le point d’être vaincu par un adversaire supérieur en nombre, il cria vers le Dieu de Clotilde, Jésus-Christ, pour lui demander son secours, et promit de se convertir s’il en réchappait. Aussitôt, le cours de la bataille s’inversa, les Francs furent victorieux, et Clovis devint le premier roi franc catholique.

Ary Scheffer, Bataille de Tolbiac, 1836, Château de Versailles. / © CC0/wikimedia
Ary Scheffer, Bataille de Tolbiac, 1836, Château de Versailles. / © CC0/wikimedia

Les raisons d'y croire :

  • Comme beaucoup d’entre nous, Clovis avait des raisons d’en vouloir à Dieu, puisqu’il attribuait la mort de son fils aîné au fait que celui-ci avait reçu le baptême.
  • Clovis n’avait pas besoin de se convertir pour se rallier la faveur des chrétiens, qui le considéraient déjà comme leur protecteur, comme l’atteste la lettre enthousiaste de l’évêque saint Remi à l’occasion de son avènement.
  • Au contraire, en se convertissant, il prenait le risque de mécontenter ses guerriers en abandonnant la religion de ses ancêtres.
  • Si la conversion de Clovis avait été politique, il serait sans doute devenu arien plutôt que catholique, l’arianisme (une hérésie chrétienne niant la divinité de Jésus) ayant déjà été adopté par la majorité des rois qui l’entouraient, tandis que le catholicisme était minoritaire.
  • Si la date précise de ces événements reste discutée (on retient le 10 novembre 496 pour la bataille de Tolbiac), leur réalité historique ne fait pas de doute pour les historiens.

Synthèse :

Clovis devient roi des Francs saliens (dans l’actuelle Belgique) à l’âge de quinze ans, en 481. Quelques années plus tard, il épouse une princesse catholique, la future sainte Clotilde. Dès le début, Clotilde essaye d’amener son mari à la foi catholique ; elle lui dit par exemple : « Les dieux que tu honores ne sont rien, eux qui ne peuvent aider ni eux-mêmes ni les autres ; car ils sont sculptés dans la pierre, ou dans le bois, ou dans quelque métal… Mais celui qu’il convient plutôt d’honorer, c’est celui qui par sa parole a créé ce qui était privé d’existence : le ciel et la terre, la mer et tout ce qui s’y trouve » (Grégoire de Tours, Histoire des Francs, II,29). Mais Clovis refuse d’y croire, et il répond à son épouse : « C’est par l’ordre de nos dieux que toutes ces choses ont été créées et produites ; il est clair au contraire que votre dieu ne peut rien. Et plus encore, il est prouvé qu’il n’est même pas de la race des dieux ! »

Vers 494, la reine met au monde un premier enfant, un fils nommé Ingomer. Malgré les réticences de son époux, elle obtient qu’il soit baptisé ; Clotilde espère même que la splendeur de la célébration impressionne favorablement le roi. Mais Ingomer meurt juste après son baptême, provoquant la colère du roi : « Sans indulgence, il faisait des reproches à la reine et lui disait : “Si l’enfant avait été consacré au nom de mes dieux, il aurait vécu ; mais maintenant qu’il a été baptisé au nom de votre Dieu, il n’a pas pu vivre !” » Deux ans plus tard naît un second fils, Clodomir ; et lui aussi tombe malade juste après son baptême, éloignant encore davantage Clovis de la foi de son épouse. Il dit : « Il ne peut rien lui arriver d’autre que ce qui est arrivé à son frère : puisqu’il a été baptisé au nom de votre Christ, il va mourir. » Cette fois, pourtant, l’enfant guérit et Clotilde continue à parler du Christ à son mari ; mais Clovis ne veut plus rien entendre.

Tout change en 496. Cette année-là, Clovis entre en guerre contre un peuple voisin, les Alamans, et livre une importante bataille à Tolbiac (près de Cologne). Voici ce que raconte l’historien Grégoire de Tours (II,30) : « Comme les deux armées se battaient avec une grande violence, celle de Clovis commençait à être taillée en pièces ; voyant cela, Clovis, touché au cœur, leva les mains au ciel en pleurant et dit : “Jésus-Christ, toi que Clotilde affirme être le Fils du Dieu vivant ; toi qui, paraît-il, viens au secours de ceux qui sont en danger, et donnes la victoire à ceux qui te font confiance, je te supplie de me secourir : si tu m’accordes la victoire sur mes ennemis, si j’expérimente cette puissance dont le peuple qui est consacré à ton nom prétend avoir tant de preuves, je croirai en toi, et je me ferai baptiser en ton nom. Car j’ai appelé mes dieux, mais je m’aperçois qu’ils ne m’ont pas secouru, et cela me fait croire qu’ils n’ont aucun pouvoir, puisqu’ils ne viennent pas à l’aide de ceux qui les servent. Je t’invoque donc, et je croirai en toi si j’échappe à mes adversaires.” Alors qu’il parlait encore, les Alamans firent demi-tour et commencèrent à fuir ; et voyant que leur roi était mort, ils se rendirent à Clovis. »

Après cette victoire inespérée et miraculeuse, Clovis accepte de recevoir les enseignements de saint Remi, évêque de Reims, et de se préparer au baptême. Il lui reste toutefois une objection : il ne veut pas mécontenter ses soldats, dont il pense qu’ils refuseront d’abandonner le paganisme de leur peuple. Mais ceux-ci, sans doute séduits par le charisme de saint Remi, sont prêts à devenir chrétiens, eux aussi. C’est ainsi que Clovis reçoit le baptême le jour de Noël 496, avec trois mille de ses soldats, devenant ainsi le premier roi franc catholique.

Tristan Rivière


Au-delà des raisons d'y croire :

  • On voit dans tout ce récit l’importance majeure dans la vie de Clovis de sainte Clotilde, l’une de ces femmes admirables qui ont illustré l’histoire chrétienne de la France (sainte Geneviève, sainte Jeanne d’Arc) et notamment dans la famille royale (sainte Radegonde, sainte Jeanne de Valois, Blanche de Castille, etc.).

Aller plus loin :

Renée Mussot-Goulard, Clovis, coll. « Que sais-je ? », Paris, Presses Universitaires de France, 1997.


En savoir plus :

  • Le récit d’origine : Grégoire de Tours, Histoire des Francs, trad. Robert Latouche, coll. « Les classiques de l’Histoire de France au Moyen Âge », Paris, Éditions Les Belles Lettres, 1995.
  • La biographie de référence : Michel Rouche, Clovis, coll. « Histoire », Paris, Fayard, 1996.
  • L’émission « Au risque de l’histoire », sur KTO, avec Christophe Dickès et Bruno Dumézil : « La foi de Clovis », 6 février 2020.
  • L’homélie de saint Jean-Paul II à Reims, à l’occasion du quinzième centenaire du baptême de Clovis (disponible en vidéo).
  • Et même en bande dessinée pour les enfants : Éric Mestrallet, Frédéric Fagot et Bruno Bertin, Clovis ou les origines de la France, Paris, Association Mémoire du baptême de Clovis, Éditions Fagot du Maurien, 1995.
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