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TOUTES LES RAISONS DE CROIRE
Les saints
n°248

Grenoble (France)

1797-1863

À Grenoble, le « saint abbé Gerin »

Curé de la cathédrale de Grenoble, confesseur extrêmement populaire, l’abbé Gerin a laissé une profonde empreinte dans le cœur des fidèles, tant par son inlassable zèle pastoral que par son extraordinaire charité envers les pauvres, les malades et les déclassés de son époque. Il meurt le 13 février 1863 : ses obsèques sont célébrées devant une foule impressionnante, et la cause de béatification est officiellement introduite dès 1925. Plus d’un siècle et demi après son décès, la tombe du « saint abbé Gerin » reste constamment fleurie.

Portrait colorisé de l'abbé Gerin exposé dans la sacristie de la cathédrale de Grenoble / © CC BY-SA 3.0
Portrait colorisé de l'abbé Gerin exposé dans la sacristie de la cathédrale de Grenoble / © CC BY-SA 3.0

Les raisons d'y croire :

  • En devenant prêtre, l’abbé Gerin engage sa vie entière et sa personne, corps et âme, au service du Christ, au point de se passer de sommeil et de nourriture. La façon dont il accomplit sa vocation sacerdotale témoigne de l’authenticité et de la profondeur de sa foi.
  • Parfaitement équilibré sur le plan psychologique, le père Gerin est toujours resté très discret au sujet du fait surnaturel, pourtant certain, qui a suscité son désir de devenir prêtre, à savoir une locution de la Vierge Marie.
  • Il reçoit en confession des milliers de personnes chaque année, et parfois jusqu’à une centaine de fidèles par jour. Ce succès improbable est un signe manifeste de l’action surnaturelle que Dieu accomplit par l’abbé Gerin dans le sacrement de la réconciliation.
  • L’abbé passe le reste de son temps à visiter malades et familles, non seulement pendant la journée, mais également en pleine nuit, lorsque le besoin s’en fait sentir. Une telle abnégation est surhumaine.
  • Le nombre et la diversité de ses fondations caritatives impressionnent : ateliers d’apprentissage pour les jeunes, écoles pour les enfants pauvres, association de prières pour les domestiques, accompagnement spirituel et matériel des religieuses, structure d’hébergement pour les jeunes adultes sortant de prison... En outre, son activité de prédicateur est incessante, donnant près de cinq cent cinquante enseignements catéchétiques par an. Il semble impossible qu’un homme puisse accomplir autant.
  • Dès son vivant, le père Gerin a été reconnu comme un homme de Dieu exceptionnel, à la fois par les autorités ecclésiastiques, qui l’ont fait chanoine, par les responsables publics, qui l’ont décoré de la Légion d’honneur, et par les laïcs, qui lui ont largement manifesté leur affection.
  • Il ne recherche pourtant jamais les honneurs, les titres ou les distinctions : il affiche même une certaine distance avec celles et ceux qui veulent le décorer à tout prix.
  • L’inventaire de ses biens matériels après décès se passe de tout commentaire : il ne laisse et n’avait aucun argent, distribuant tous les bénéfices des quêtes et autres revenus aux pauvres de Grenoble et aux œuvres catholiques. Il est évident que l’intérêt personnel n’a jamais été le moteur de ses actions.
  • Son amitié avec le saint curé d’Ars et la ressemblance, factuelle, humaine et spirituelle, de leur ministère, font du père Gerin un nouveau modèle de prêtre.
  • Des guérisons inexpliquées, fort documentées, sont rapportées sur son tombeau les jours puis les semaines suivant sa disparition.

Synthèse :

Jean Gerin vient au monde dans une famille modeste des Roches-de-Condrieu (France, Isère) en 1797. Il est le quasi-contemporain de deux grands saints français : saint Benoît Labre et saint Jean-Marie Vianney, avec qui il se liera d’amitié. Son père confectionne des vêtements et sa mère veille à l’éducation de ses dix enfants. À la maison, aucune ostentation, aucun luxe, mais il y règne un esprit de partage et de bonne humeur, avec un goût de la prièreen commun.

Adolescent, Jean devient apprenti chez un maître tailleur lyonnais qui lui apprend les rudiments du métier que pratique déjà son père. Ses années d’apprentissage sont placées sous le signe de l’amour du travail manuel et de l’abandon entre les mains de la providence. Un jour, Jean se recueille dans la primatiale Saint-Jean de Lyon. Il est brusquement surpris par une « voix » douce et maternelle. Il se retourne et scrute l’intérieur de l’édifice : personne aux alentours. Pourtant, il est sûr et certain que « quelqu’un » vient de lui « parler », une femme qu’il ne connaît pas, lui qui n’a jamais été sujet à aucun trouble, illusion ou hallucination… Le contenu de cette locution le perturbe et l’émeut au plus haut point : elle lui demande, au nom de Dieu, de quitter son métier pour devenir prêtre, lui qui n’a jamais songé, de près ou de loin, à une telle éventualité !

C’est bientôt chose faite. Après avoir pris congé des siens, il entre au grand séminaire de Grenoble en 1818. Bien qu’issu d’un milieu socioculturel très humble, il y suit trois années de formation théologique et philosophique sans déconvenue aux examens, à la suite de quoi il est ordonné prêtre.

Sans attendre, ses charismes se révèlent à tous. Nommé successivement vicaire de Saint-Symphorien-d’Ozon, curé de Feyzin, puis archiprêtre de Saint-Symphorien, il a l’air de « brûler les étapes ». Mais, paradoxalement, il est n’est pas le moins du monde hyperactif, et personne n’a jamais trouvé en lui la moindre parcelle d’ambition ; il s’abandonne à la volonté de Dieu et vit les valeurs évangéliques sur un mode exceptionnel. Comme il le dit lui-même, tout le reste lui est donné par surcroît.

L’évêque de Grenoble lui accorde son plein soutien : il fait venir successivement dans le diocèse les religieuses de Saint-Vincent-de-Paul puis les Jésuites. Il accorde son aide aux Sœurs de la Providence, tout en admirant les communautés contemplatives, qu’il souhaite plus nombreuses. Mgr Philibert de Bruillard, évêque de Grenoble, le nomme chanoine, titre qu’il a du mal à accepter tant son humilité est grande et permanente. Lorsqu’il est ainsi nommé à Grenoble, des centaines de personnes assistent à la cérémonie organisée en son honneur dans la cathédrale de la ville.

Dès sa première nomination comme vicaire, l’abbé Gerin initie plusieurs entreprises caritatives. Jusqu’à son dernier souffle, il n’interrompra jamais ni même ne ralentira le rythme avec lequel il porte secours aux pauvres, soulage les malades, confesse les pécheurs et enseigne aux enfants. Ses journées commencent vers quatre heures du matin et s’achèvent à minuit passé. Outre les confessions, auxquelles il consacre entre huit et dix heures par jour, il reçoit ses paroissiens à n’importe quelle heure de la journée, et parfois de la nuit, prêche toutes les semaines, visite les malades, fait l’aumône aux indigents, prie une heure, seul, tous les jours, fait un chemin de croix le vendredi, écrit chaque soir sa correspondance en ne négligeant personne…

En 1856, il est élevé au grade de chevalier de la Légion d’honneur ; mais cette distinction le trouble : tout ce qu’il dit, tout ce qu’il entreprend est, à ses yeux, le fruit exclusif de la grâce, et non de ses mérites personnels. Il se sent indigne d’une telle décoration, mais accepte pour éviter toute difficulté.

L’évêque de Grenoble le charge peu après d’une mission inattendue : il lui demande d’aller à Rome pour apporter au pape Pie IX les « secrets » des deux voyants de Notre-Dame de La Salette (1846), Mélanie et Maximin. Il se met en route, accompagné de l’abbé Rousselot, en espérant être revenu au plus tôt dans sa chère ville de Grenoble, auprès de ses paroissiens.

Il décède le 13 février 1863. À cette date, sa popularité est à son comble. Il est sollicité de toutes parts : les prêtres et les religieux lui soumettent projets, difficultés et états d’âme ; les laïcs l’inondent de demandes de toutes sortes, spirituelles (prières, sacrements, enseignements) et matérielles (besoin d’argent, de nourriture, d’un emploi, etc.). Les institutions qu’il a lui-même fondées absorbent son énergie jusqu’au jour de son agonie.

Grenoble célèbre ses funérailles dans une atmosphère de recueillement, de paix et de confiance en l’avenir. Il y a tant de monde présent pour bénir son corps exposé au presbytère que le plancher de l’édifice manque de céder ! Sa tombe devient vite un lieu de pèlerinage. Des guérisons miraculeuses sont signalées. On fleurit les lieux et on recommande au « saint curé Gerin » d’intercéder auprès de Dieu.

En 1925, le diocèse de Grenoble ouvre la cause de sa béatification, démarche qui sera abandonnée trois ans plus tard après la mort du prêtre chargé de la procédure diocésaine, le père Charpin. Elle est rouverte en 2018 grâce à l’initiative de Mgr Guy de Kérimel, soutenu par tous les évêques français. L’enquête diocésaine a démarré à l’automne 2023.

Patrick Sbalchiero


Au-delà des raisons d'y croire :

Placée sous le regard de Dieu, la vie entière de l’abbé Gerin, jusqu’à son dernier souffle, est un témoignage exceptionnel de charité, de dévouement et de disponibilité envers tous les hommes, par-delà leurs conditions, confessions et origines.


Aller plus loin :

Gilles-Marie Moreau, Le « bon curé » de Grenoble : l’abbé Jean Gerin (1797 – 1863), Paris, L’Harmattan, 2023.


En savoir plus :

  • R.P. Amédée de Damas, Vie de M. l’abbé Gerin, ancien curé de la cathédrale de Grenoble, Grenoble, Rousset et Côte, 1870.
  • Pierre-Henri Fissont, Petite biographie de Jean-Baptiste Gerin,curé de la cathédrale de Grenoble, Grenoble, Imprimerie Saint-Bruno, Grenoble, 1923.
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