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TOUTES LES RAISONS DE CROIRE
La Bible
n°112

Palestine

Ier siècle

Le critère d’embarras prouve que les Évangiles ne peuvent pas être un mensonge

Nous avons établi dans les articles précédents que les Évangiles sont précis et exacts quant aux informations objectives rapportées au sujet de la Palestine du Ier siècle. Face aux données historiques, topographiques, archéologiques et onomastiques, on peut conclure que les évangélistes étaient suffisamment informés pour produire un récit historiquement fiable. En revanche, pouvons-nous être sûrs qu’ils n’ont pas menti délibérément pour que leur propagande religieuse se développe, tout en truffant leur récit de détails historico-géographiques exacts ? Le critère d’embarras, cher aux historiens, suffit à réduire cette thèse à néant. Lorsque l’on invente une histoire, on évite en général de s’auto-ridiculiser en relatant des détails gênants pour soi-même. Or, les évangélistes font exactement le contraire : ils racontent un bon nombre d’événements embarrassants qu’ils n’auraient sûrement pas mentionnés s’ils mentaient.

Le reniement de Pierre, représenté ici par Le Caravage / © CC0/wikimedia
Le reniement de Pierre, représenté ici par Le Caravage / © CC0/wikimedia

Les raisons d'y croire :

Parmi les exemples qui remplissent le critère d’embarras, on peut citer :

  • La mort du Christ sur la croix, qui n’aurait pas pu être inventée par les évangélistes ; en particulier s’ils cherchaient à faire valoir leur religion auprès des Juifs et des païens.
  • Le discrédit total du témoignage des femmes à l’époque dans le contexte de la découverte du tombeau vide. Il aurait été parfaitement absurde de la part des premiers chrétiens d’inventer que les premiers témoins du tombeau vide de Jésus étaient des femmes (en particulier une pécheresse comme Marie-Madeleine). Cela ne pouvait que les décrédibiliser aux yeux des Juifs. Si les évangélistes voulaient mentir et inventer leur propre récit, ils auraient choisi de mettre en scène des hommes comme les apôtres afin de renforcer la crédibilité de leur fiction.
  • Le portrait ridicule de Pierre, chef des apôtres, qui se fait réprimander sévèrement par Jésus et qui le renie à plusieurs reprises. Si les Évangiles étaient un récit monté de toutes pièces dans l’unique but de faire valoir la religion chrétienne, jamais les premiers chrétiens n’auraient eu l’idée de dévaloriser leur chef ainsi.
  • Les nombreux détails embarrassants rapportés à l’égard des disciples : ils fuient devant les difficultés, ils doutent (Mt 28,17) et ne comprennent pas toujours ce que dit Jésus (Lc 24,11 ; Mt 16,23 ; Jn 14,9), etc. Cela n’aurait pas de sens que les disciples de Jésus ou les évangélistes aient inventé ces éléments embarrassants. Ces détails apparaissent dans les Évangiles parce que leurs auteurs ont été soucieux de rapporter ce qui s’était réellement passé.
  • Il est donc impossible de considérer que les Évangiles sont un tissu de mensonges conçus de toutes pièces. Ces écrits sont trop gênants pour les disciples et « contreproductifs » pour qu’il s’agisse de mensonges.

Synthèse :

Avez-vous déjà menti pour sauvegarder votre image ou votre réputation ? C’est possible. En revanche, avez-vous déjà menti en faisant exprès d’entacher votre réputation aux yeux des autres ? Certainement non ! En effet, l’être humain n’aime pas se dénigrer lui-même par plaisir. S’il relate un fait gênant à son égard, c’est parce que ce fait lui est vraiment arrivé.

Il en est de même lorsqu’on analyse les faits embarrassants présents dans les Évangiles. Les évangélistes présentent les leaders de l'Église comme ayant souvent l'air impulsifs, incompétents, vantards ou stupides. L’Évangile de Marc décrit les disciples comme étant parfaitement incrédules, si bien qu’à de nombreuses reprises, Jésus les accuse de manquer de foi (Mc 9,17-19). Ils paniquent lorsqu'ils sont confrontés à une tempête sur le lac de Tibériade (Mc 4,35-41), ils sont extrêmement lents à comprendre le véritable sens des paroles de Jésus (Mc 4,13 ;7,18). Lors des moments difficiles, ils agissent comme des couards et des incrédules apeurés. Au lieu de prier avec Jésus en vue de préparer sa passion, ils s’endorment (Mc 14,37-42). Et, quand le Christ se fait arrêter par les grands prêtres, ils prennent la fuite (Mc 14,50).

L’Évangile est particulièrement humiliant à l’égard de Pierre, le chef de l’Église primitive, mentionnant ainsi que celui-ci se fait sévèrement réprimander par Jésus lorsqu’il s’oppose à sa future mise à mort. Quand Pierre dit au Christ « Cela ne t’arrivera pas, Seigneur ! » (Mt 16,22) Jésus répond : « Passe derrière moi, Satan. Tu m'es en scandale ; car tes pensées ne sont pas les pensées de Dieu, mais celles des hommes »(Mt 16,23). Pire encore, Pierre affirme fièrement qu’il ne reniera jamais le Christ – « Quand il me faudra mourir avec toi, je ne te renierai pas » (Mt 26,35) –, et les évangiles rapportent qu’il finira par le renier trois fois. Rien de plus humiliant pour le chef des apôtres ! Jamais les chrétiens n’auraient inventé un tel événement.

On peut aussi ajouter que l’événement humiliant de la crucifixion n’a pas pu être inventé par les disciples. En clair, si vous pensez qu’un homme est le Messie, ou du moins si vous voulez le faire croire aux gens, il paraît tout à fait stupide de le faire crucifier et de l’humilier comme un moins que rien. Les Juifs de l’époque s’attendaient à un Messie fort et vaillant : l’idée d’une crucifixion était impensable pour eux. Pourquoi revendiquer haut et fort que Jésus est Dieu, et créer un scénario dans lequel ce dernier meurt lamentablement à coups de clous ? Au niveau de la crédibilité, il est difficile de faire pire si vous voulez convaincre les gens de la vérité de votre religion. D’ailleurs, au IIe siècle, le polémiste antichrétien Celse prenait un malin plaisir à ridiculiser les chrétiens à cause de ce fait même : « Vous nous donnez pour Dieu un personnage qui termina par une mort misérable une vie infâme » (Discours véritable contre les chrétiens).

Enfin, les Évangiles affirment que ce sont les femmes qui ont retrouvé le tombeau vide. Or, le témoignage des femmes, à l’époque, n’avait aucune valeur devant les tribunaux juifs. Il n’était même pas recevable dans une affaire judiciaire. C’est typiquement le genre d’élément narratif qu’un récit inventé se voulant convaincant aurait préféré éviter car, dans la société de l’époque, rapporter un tel détail revenait à exposer son propre récit à la dérision et à la moquerie.

En conséquence, si la découverte du tombeau vide était une légende, ceux qui auraient inventé une telle histoire auraient choisi de faire en sorte que les premiers témoins de la résurrection soient des hommes. Ils auraient ainsi évité d’ébranler la crédibilité de leur histoire auprès de cette culture largement patriarcale. C’est pourquoi l’historien N. T. Wright remarque : « En tant qu’historiens, nous sommes obligés de dire que, si ces histoires avaient été inventées cinq ans plus tard, [leurs auteurs] n’auraient jamais attribué la découverte du tombeau vide à Marie Madeleine. Pour des apologistes chrétiens, vouloir expliquer à un public sceptique que Jésus est ressuscité en invoquant des femmes serait comme se tirer une balle dans le pied. Mais pour nous, historiens, c’est le genre d’information en or. Les chrétiens n’auraient jamais pu inventer une telle chose » (cité dans Antony Flew, There is a God, HarperCollins, 2009, p. 207).

En somme, les Évangiles contiennent des événements tellement embarrassants que leurs auteurs n’auraient jamais eu l’idée d’inventer de telles choses pour promouvoir leur religion et aller évangéliser les nations. Ils couraient le risque permanent de se ridiculiser aux yeux des Juifs et des païens. Ces faits ne nous sont connus que parce que les évangélistes ont fait preuve d’honnêteté et qu’ils ont voulu retranscrire méticuleusement les événements de la vie de Jésus, en dépit des conséquences humiliantes à leur égard.

Bref, l’hypothèse d’un mensonge est intenable. Cela supposerait en outre que les apôtres eussent été des imposteurs masochistes, prêts à se rabaisser pour des choses qu’ils savaient fausses. La moindre des choses que nous pouvons leur accorder, c’est qu’ils étaient honnêtes et avaient l’intention de rapporter des faits exacts concernant la vie du Christ.

Le critère d’embarras permet donc de renforcer la crédibilité historique des Évangiles, et constitue en cela une solide raison de croire au christianisme.

Matthieu Lavagna, auteur de Soyez rationnel, devenez catholique !


Aller plus loin :

Craig L. Blomberg, The Historical Reliability of the New Testament, 2016.


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