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TOUTES LES RAISONS DE CROIRE
Les Apôtres
n°388

Galilée

Ier siècle

Saint Jacques, premier apôtre martyr

Avec son frère Jean, Jacques compte parmi les premiers disciples de Jésus-Christ. De simples pêcheurs sur le bord du lac de Tibériade, en Galilée, ils deviendront apôtres de Jésus-Christ et donc pêcheurs d’hommes. Ils le suivent durant sa vie publique et sont témoins de ses miracles, par lesquels il authentifie sa prédication. Dieu vous a créé et veille sur vous avec amour : servez-le à votre tour par amour pour lui. Le péché d’Adam vous séparait de lui ; je suis le Rédempteur qui vient effacer cette faute, leur enseigne-t-il. Il les envoie en mission porter cette Bonne Nouvelle. Parce que le disciple du Christ porte sa croix à la suite de son Maître, l’apôtre Jacques est martyrisé au tout début des années 40 de notre ère. C’est le patron céleste de l’Espagne ; il est fêté le 25 juillet en Occident.

Saint Jacques par Rembrandt en 1661. /© CC0, wikimedia.
Saint Jacques par Rembrandt en 1661. /© CC0, wikimedia.

Les raisons d'y croire :

  • Les Évangiles de saint Matthieu, de saint Luc et de saint Marc mentionnent plusieurs fois le personnage de Jacques. Saint Marc le cite juste après l’apôtre Pierre dans la liste qu’il dresse des douze apôtres et précise que Jésus-Christ lui a attribué un nom en commun avec son frère : « Jacques, fils de Zébédée, et Jean, le frère de Jacques – il leur donna le nom de Boanerguès, c’est-à-dire : "Fils du tonnerre" » (Mc 3,17).

  • Saint Luc rédige une chronique des actions des apôtres, qui commence après que le Christ les a quittés le jour de l’Ascension pour remonter auprès de son Père. Ce récit historique s’intitule les Actes des Apôtres. Au premier chapitre de l’œuvre (Ac 1,13), saint Luc cite les noms des apôtres, parmi lesquels figurent deux Jacques : le frère de l’apôtre saint Jean et Jacques, fils d’Alphée. Le premier est celui que la Tradition dénomme « le Majeur », tandis que le second est appelé « le Mineur ».
  • L’évêque Eusèbe de Césarée (né vers 265 et mort en 339) compose son Histoire ecclésiastique à partir d’une abondante documentation. Il y évoque plusieurs fois le personnage de l’apôtre saint Jacques. Eusèbe s’appuie notamment sur un ouvrage aujourd’hui perdu de Clément, prêtre d’Alexandrie (né vers 150 et mort vers 210), dont le titre est Hypotyposes.
  • En tant qu’apôtre, Jacques est un témoin privilégié des miracles de Jésus. En particulier, Jacques est présent lorsque Jésus ramène à la vie la fille de Jaïre (Mc 5,37 et Lc 8,51). Jacques voit également Jésus changer d'apparence corporelle pendant quelques instants pour révéler sa nature divine. Cet évènement majeur, la transfiguration, est rapporté dans trois Évangiles (Mc 9,2 ; Mt 17,1-8 et Lc 9,28-36).
  • Eusèbe, en plusieurs endroits de son Histoire ecclésiastique, décrit le martyre de saint Jacques le Majeur. Le soldat qui avait conduit Jacques au tribunal, « l’entendant rendre témoignage, fut ébranlé et confessa lui aussi qu’il était chrétien. On les emmena... tous deux au supplice et, en chemin, celui-là pria Jacques de lui pardonner. L’apôtre réfléchit un instant : "La paix soit avec toi", dit-il, et il l’embrassa. Et ainsi tous deux furent en même temps décapités » (livre II, ch. 9, 2-3). Ce geste montre combien l’apôtre avait fait sien le commandement de la charité que le Maître lui avait enseigné : aimer jusqu’à ses ennemis. Et la mort que saint Jacques subit avec force d’âme, mais aussi une paix profonde – son échange avec le soldat le prouve –, témoigne de l’amour qu’il avait envers Jésus-Christ, Homme-Dieu, qu’il avait servi depuis le jour où ce dernier l’avait appelé à sa suite, et de la réalité du Royaume qui n’est pas de ce monde, en lequel il s’apprêtait à pénétrer.

  • Jésus avait annoncé avec justesse la persécution de ses disciples en ces termes : « On vous livrera aux tribunaux et aux synagogues ; on vous frappera, on vous traduira devant des gouverneurs et des rois à cause de moi ; ce sera pour eux un témoignage » (Mc 13,9).

Synthèse :

Jacques et Jean sont des pêcheurs, installés sur le bord du lac de Tibériade. Un jour, alors qu’ils réparent leurs filets, Jésus-Christ, qui les a vus, les appelle : ils le suivent. Le Seigneur leur avait probablement dit, comme auparavant à leurs associés Pierre et Jean, eux aussi frères (Luc 5,10) : « Venez à ma suite. Je vous ferai devenir pêcheurs d’hommes » (Mc 1,16-20).

Le Christ fait preuve envers Jacques et Jean, en plus de saint Pierre, d’une familiarité qu’il n’accorde pas à d’autres apôtres. Ainsi les choisit-il pour être témoins du miracle de la résurrection de la fille de Jaïre (Mc 5,37 et Lc 8,51), comme encore de sa propre transfiguration (Mc 9,2 ; Mt 17,1-8 et Lc 9,28-36). C’est peut-être parce qu’ils se prévalent de cette proximité avec le Christ que les deux frères proposent à ce dernier de prier afin que le feu du Ciel punisse un village qui refusait de le recevoir – et le Christ les en réprimande (Lc 9,52-55) –, ou qu’ils osent demander au Christ de siéger à ses côtés dans sa gloire (Mc 10,32-40). L’évangéliste Matthieu écrit que c’est leur mère qui accomplit cette dernière démarche (Mt 20,20-23). Jacques et Jean n’imaginent alors que la récompense : Jésus-Christ leur explique que ce ne serait pas sans d’amères et cruelles souffrances. Eux, hardiment, réitèrent leur demande, l’assurant de pouvoir souffrir avec lui. Le Christ leur prédit donc qu’ils mourront, eux aussi, après lui.

C’est encore Pierre, Jacques et Jean qui interrogent Jésus-Christ à l’écart des autres pour lui demander quand arrivera la destruction de Jérusalem, dont ce dernier vient d’annoncer l’imminence au groupe des disciples qui l’accompagnait. Le Christ ne leur répond pas directement, mais leur assure que l’Esprit Saint les assistera quand ils seront persécutés à cause de lui (Mc 13,3-11).

À Gethsémani, le soir de son arrestation, alors qu’il laisse ses disciples pour aller prier seul, il emmène avec lui Pierre, Jacques et Jean pour leur demander de veiller et de prier comme lui. Mais ils succombent au sommeil. Par trois fois, il les réveille, mendiant de leur part la charité de la prière (Mc 14,32-42 et Mt 26,37-46).

Le martyre de saint Jacques le Majeur, laconiquement rapporté par saint Luc dans les Actes des Apôtres (Ac 12,2), est décrit par Eusèbe dans son Histoire ecclésiastique. L’apôtre, rapporte-t-il (livre III, ch. 5, 2), eut la tête tranchée par ordre d’Hérode Agrippa, sous l’empereur Claude. Hérode Agrippa, rapporte en effet l’historien juif Flavius Josèphe dans ses Antiquités judaïques (livre XIX, 4-5), avait favorisé l’accession de Claude à la tête de l’empire en 41 : ce dernier l’avait récompensé en lui donnant entre autres présents le royaume de Judée. D’autre part, Hérode Agrippa mourut de maladie ou d’empoisonnement à la fin de l’année 43 ou en 44, à Césarée, après trois ans de règne sur la Judée (ibid., XIX, 8). L’apôtre Jacques le Majeur a donc été martyrisé entre 41 et 44.

Docteur en philosophie, Vincent-Marie Thomas est prêtre.


Au-delà des raisons d'y croire :

  • Le nom de saint Jacques le Majeur figure au canon de la messe, dans la première liste des apôtres, après Le mémento des vivants, juste avant le nom de son frère l’apôtre saint Jean, conformément au texte des Actes des Apôtres que nous avons évoqué. Saint Jacques le Mineur est cité peu après. Le canon a été composé à partir des traditions antiques, vers le IVe siècle.

Aller plus loin :

Saint Luc, Actes des Apôtres.


En savoir plus :

  • Saint Matthieu, Évangile.
  • Saint Luc, Évangile.
  • Saint Marc, Évangile.
  • Eusèbe de Césarée, Histoire ecclésiastique, Paris, Cerf, Sources chrétiennes. No 31, 2001, tome I : Livres I-IV et no 41, 1955, tome II : Livres V-VII. Le texte des livres I à IV de l’ouvrage est disponible en ligne dans la traduction d’Émile Grapin.
  • Nicéphore Calliste Xanthopoulos, Histoire ecclésiastique. Traduction française de 1578. L’auteur évoque le martyre de saint Jacques le Majeur à la page 36. Disponible en ligne.
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