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TOUTES LES RAISONS DE CROIRE
Lacrimations et images miraculeuses
n°607

Dès premiers siècles de notre ère jusqu’à nos jours

La dévotion à la Sainte Face

Les serviteurs du grand-prêtre l’ont frappé, lui ont cassé le nez, comme le montre le Linceul de Turin, l’ont giflé, tel un esclave pris en faute, lui ont craché à la figure, puis les soldats romains ont pris le relais et, pour se moquer de ce titre de roi des Juifs, lui ont tressé une couronne de longues épines, tranchantes comme des poignards, qu’ils lui ont enfoncée sur le crâne à coups de bâton. Ainsi le visage du « plus beau des enfants des hommes » était-il, ce Vendredi saint, méconnaissable, défiguré, empoissé de sang, de sueur et de crachats que viendra encore recouvrir la poussière ocre des rues de Jérusalem, qu’il mordra trois fois lors de ses chutes sur la Via Dolorosa. Depuis, ce visage massacré hante la sensibilité chrétienne, de sorte que la dévotion à la Sainte Face nourrit l’amour que ses fidèles lui portent.

© Shutterstock/Jozef Klopacka
© Shutterstock/Jozef Klopacka

Les raisons d'y croire :

  • Au contraire des dieux païens, qui s’exhibent dans leur gloire et leur fausse splendeur, le Christ offre à nos regards non l’insoutenable majesté de sa divinité que nous ne pourrions supporter, mais les traits suppliciés de son humanité. De sa naissance à sa mort, il n’aura jamais fait semblant d’être un homme : il l’aura été pleinement, jusque dans la pire abjection de notre condition.
  • Le désir de voir le vrai visage du Christ est une constante dans l’histoire de la foi, car la contemplation de la Sainte Face, quelle que soit l’image, est un puissant moyen de s’associer aux souffrances du Rédempteur et de les soulager, dans l’humble mesure du possible.
  • Parmi les dévots de la Sainte Face, l’on compte, à la fin des années 1830, sœur Marie de Saint-Pierre et de la Sainte-Famille, du carmel de Tours. La jeune religieuse reçoit des révélations lors d’apparitions du Christ et de sa mère. Ils la chargent de mettre la France en garde contre les châtiments qu’elle mérite en se détournant de la foi. Blasphème, irrespect, profanation des choses saintes, sacrilèges, abandon du repos dominical en sont les symptômes visibles et blessent le Divin Cœur. L’on pourrait supposer que la carmélite reprend des propos entendus lors de sermons, car il s’agit de thèmes récurrents pour le clergé de l’époque, mais d’autres aspects de ces avertissements sont trop originaux pour les attribuer à l’imagination de la religieuse.
  • Jésus dicte à la religieuse une prière de réparation des blasphèmes contre le Saint Nom de Dieu et lui indique que tous ceux qui la réciteront pieusement contribueront à essuyer de son visage la boue et les crachats qu’y lancent sans cesse les pécheurs. Il incite à considérer avec amour son visage blessé : « Ceux qui contempleront mon visage blessé sur la terre un jour contempleront la gloire et la majesté avec laquelle il est entouré dans le Ciel. »

  • Bien que, du fond de son cloître, il soit malaisé à sœur Marie d’obéir au Christ et de diffuser, comme il le lui demande, la prière et la dévotion à la Sainte Face, elle y parvient tout de même, en s’adressant directement à Rome, et elle obtient du pape en 1847 qu’il approuve la création d’une archiconfrérie et d’une médaille. Très vite, l’œuvre rencontre un succès inespéré et se répand. Cette réussite est le signe que ces apparitions sont bien réelles et que Dieu veut cette œuvre.
  • Preuve supplémentaire de la protection divine, alors que sœur Marie disparaît à trente-deux ans, en juillet 1848, peu après l’approbation romaine, et que sa mort devrait entraîner la fin de l’entreprise, le Ciel lui suscite, en 1851, un successeur qui va non seulement maintenir l’œuvre, mais lui donner une visibilité que n’aurait jamais obtenue la religieuse. Léon Papin-Dupont, « le saint homme de Tours », grande figure du laïcat français et du catholicisme social, entreprend de répandre à son tour cette dévotion à la Sainte Face. Il installe dans son salon une image de la Sainte Face, qu’il incite à venir vénérer et prier pour la réparation des blasphèmes.

  • Or, un miracle, puis deux, puis des dizaines vont, semble-t-il, se produire devant cette image, attirant des foules de pèlerins chez monsieur Dupont. Cela durera jusqu’à sa mort, en 1876. En cette époque scientiste et incrédule, il va de soi que médecins, journalistes, pouvoirs publics et ecclésiastiques vont scruter les événements sans jamais déceler l’ombre d’une supercherie.
  • Parmi ces pèlerins, l’on compte Louis Guérin, père de sainte Thérèse de Lisieux, qui inculquera cette dévotion à sa fille. Elle l’adoptera si pleinement qu’elle choisira de l’ajouter à son nom de religieuse : sœur Thérèse de l’Enfant-Jésus et de la Sainte-Face, unissant les deux abaissements du Christ, dans l’Incarnation et la Passion.
  • À l’image tourangelle de la Sainte Face, une religieuse italienne, Maria Pierrina di Micheli, substitue dans les années 1930 l’image du Linceul de Turin, puis, par le biais de cette photo, contribue à son tour à transmettre et à entretenir cette dévotion. Seule la volonté du Ciel explique cette persistance, alors même que le souvenir des messages de sœur Marie de Saint-Pierre, tout comme ceux de monsieur Dupont, a pratiquement sombré dans l’oubli.

Synthèse :

En 1898, Secundo Pia, à l’occasion d’une ostension du Suaire de Turin, en prend des clichés et découvre un impossible négatif photographique du Crucifié. Il révèle alors au monde, prompt à s’insurger contre l’authenticité dérangeante de l’image, avec le positif, le visage que nul n’avait vu depuis deux millénaires. Mais, bien avant cette découverte, la piété chrétienne était nourrie d’autres images du visage de Jésus, à commencer par les reproductions de « la Véronique », ainsi que les œuvres d’art qu’elle inspira.

Certes, l’histoire ne figure pas telle quelle dans les Évangiles, mais elle s’enracine dans d’antiques traditions : parmi les femmes de Jérusalem qui pleuraient sur le rabbi de Nazareth conduit au supplice, l’une, soulevée de compassion, aurait bravé les soldats pour s’approcher de Jésus afin d’essuyer de son voile son visage meurtri. Il n’est pas plus invraisemblable d’admettre que le Christ ait laissé sur le linge l’empreinte de ses traits que de constater l’existence de l’image du Linceul. En référence à ce miracle, la Tradition baptisa l’inconnue, parfois identifiée à l’épouse de Zachée (le publicain), Véronique, « vraie image » en grec.

On objecte, pour la discréditer, que cette supposée relique miraculeuse, précieusement sauvegardée, serait un faux ; on en veut pour preuve qu’il existe de ce voile plusieurs reliques réputées authentiques, plus des copies. L’hypothèse la plus vraisemblable reste que la « véronique » serait le voile aux propriétés troublantes, aujourd’hui visible dans l’église de Manoppello, en Italie du Sud, qui serait l’authentique image miraculeuse volée par les reîtres du connétable de Bourbon lors du sac de Rome, en 1527, et remplacée dans la basilique Saint-Pierre par une copie que l’on y vénère toujours. Dans tous les cas, ces représentations de la Sainte Face, vraies ou fausses, sont un support à la méditation de la Passion, un moyen puissant de s’associer aux souffrances du Rédempteur et de les soulager dans l’humble mesure du possible.

C’est à peu près ce que le Christ révèle, à la fin des années 1830, à une jeune religieuse du carmel de Tours, sœur Marie de Saint-Pierre et de la Sainte-Famille, Perrine Éluère pour l’état civil, née à Rennes en 1816. Le Christ lui explique qu’il souffre par-dessus tout d’entendre sans cesse jurer le saint nom de Dieu. Si ce n’est pour certains qu’une mauvaise habitude dont ils ne voient pas la gravité, d’autres, véritablement coupables, savent très bien ce qu’ils font et jurent par malice, dans l’intention d’offenser Dieu. Comme il faut prononcer le nom du Seigneur avec piété et révérence, les fidèles doivent réparer les fautes des pécheurs.

Jésus dicte à la carmélite une prière qu’il appelle « flèche d’or », arme toute-puissante contre le blasphème et la profanation du dimanche : « Qu’à jamais soit loué, béni, aimé, adoré, glorifié le très saint, très sacré, très adorable, très inconnu, très inexprimable nom de Dieu au Ciel, sur la terre et dans les enfers par toutes les créatures sorties des mains de Dieu et le Sacré Cœur de Notre Seigneur Jésus-Christ au très saint sacrement de l’autel. Ainsi soit-il. » La pieuse récitation de cette prière « fera sortir du Sacré Cœur des torrents de grâces pour les pécheurs » et contribuera à « essuyer la boue » que les blasphèmes lui jettent au visage.

Après la mort de sœur Marie, Léon Papin-Dupont, qui préfère être appelé « Monsieur Dupont », mais que l’on appelle déjà « le saint homme de Tours » est bouleversé par les écrits de la défunte carmélite. Comme il passe déjà pour un exalté, personne ne s’étonne de le voir reprendre le flambeau de cette autre « illuminée » qu’était sœur Marie. Il entreprend de répandre à son tour cette dévotion à la Sainte Face, aidé par les miracles qui se produisent dans son salon, devenu oratoire ouvert au public. Parmi les visiteurs, le père de sainte Thérèse de Lisieux, qui lui transmettra cet amour du Christ outragé.

Spécialiste de l’histoire de l’Église, postulateur d’une cause de béatification, journaliste pour de nombreux médias catholiques, Anne Bernet est l’auteur de plus d’une quarantaine d’ouvrages, pour la plupart consacrés à la sainteté.


Au-delà des raisons d'y croire :

À l’apôtre Philippe, qui demandait à Jésus de « lui montrer le Père », celui-ci répondit : « Ne sais-tu pas que celui qui me voit voit mon Père ? » (Jn 14,8-9). Il est dès lors impossible de laisser passer le privilège et la chance de contempler la Sainte Face de Jésus.


Aller plus loin :

Le livre de sœur Marie de Saint-Pierre et de la Sainte-Famille et de l’abbé Pierre-Désiré Janvier : Vie de sœur Marie de Saint-Pierre du carmel de Tours par elle-même, 1884. Peut être consulté en ligne. Disponible en anglais sous le titre : The Life of Sister Mary, réédition 2009.


En savoir plus :

  • Sœur Bénédicte, Sœur Marie de Saint-Pierre et de la Sainte-Famille, 1998.
  • Abbé Pierre-Désiré Janvier, Monsieur Dupont et l’oratoire de la Sainte Face, 1880.
  • Odile Métais-Thoreau, Léon Papin-Dupont, le saint homme de Tours, Hérault, 1991.
  • Dorothy Scallan, The Holy Man of Tours, the Life of Leo Papin-Dupont, St. Jerome Library Press, 1951.
  • Le site Internet The Holy Face Association, en anglais.
  • L’article 1 000 raisons de croire sur le voile de Manoppello.
  • Plusieurs articles des 1 000 raisons de croire sont liés au Saint Suaire.
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