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TOUTES LES RAISONS DE CROIRE
Stigmates
n°431

Espagne (provinces de Guadalajara et Tolède)

1560 – 1640

Marie Lopez de Rivas reçoit la couronne d'épines

Marie Lopez de Rivas (1560 – 1640), en religion Marie de Jésus, est une carmélite espagnole qui, par l’étendue de ses charismes et de ses qualités naturelles, fut un des fleurons de la réforme du Carmel espagnol aux côtés de sainte Thérèse d’Avila et de saint Jean de la Croix. Outre les postes de responsabilité qu’elle occupe dans sa communauté, elle développe une spiritualité du Cœur de Jésus impressionnante au sein d’une vie mystique stupéfiante.

© Shutterstock/Valery Zotev
© Shutterstock/Valery Zotev

Les raisons d'y croire :

  • Par sa naissance, Marie Lopez de Rivas était destinée à une existence confortable. Pourtant, elle préfère prendre l’habit religieux au sein du Carmel thérésien, même si l’austérité de cette vie mettra à mal sa santé fragile.
  • Unie à Jésus, dont la bienheureuse a des visions précises, elle porte la plaie de la couronne d’épines. Plusieurs témoins oculaires – dont Jérôme Gratien († 1614) et sainte Thérèse d’Avila († 1582) – rapportent que Marie de Jésus a bien reçu ce stigmate.
  • Dans son Pèlerinage d’Athanase (Peregrinacion de Anastasio. Dialogos de Las Persecuciones), Jérôme Gratien détaille : « Elle a demandé à notre Seigneur de lui accorder quelque chose qui pourrait lui faire physiquement sentir les douleurs de sa Passion. Jésus lui est apparu et elle reçut du Rédempteur une couronne d’épines sur la tête. Ceci produisit une douleur tellement grande, qu’elle ne la quitta jamais […]. Je connais bien cette religieuse, Marie de Jésus par son nom, anciennement prieure de Tolède, et je pourrais raconter beaucoup de choses merveilleuses à son sujet. » Lorsqu’il rédige ces mots qui parlent ouvertement de Marie de Jésus, celle-ci est encore vivante.

  • L’amitié qui la lie avec sainte Thérèse d’Avila est éloquente : elle est le signe de l’intensité de la vie chrétienne de Marie de Jésus, de l’exemplarité de sa vie religieuse et de l’étendue de ses qualités humaines. Thérèse d’Avila, dès avant 1580, parle en ces termes : « Marie de Jésus ne sera pas seulement sainte, mais elle l’est déjà. »

  • Sainte Thérèse d’Avila confie à sœur Marie de Jésus deux de ses plus importants manuscrits pour relecture, ce qui dit beaucoup des aptitudes spirituelles, mystiques et théologiques de cette dernière.
  • Marie de Jésus subit les accusations mensongères d’une religieuse de sa communauté. Elle sera écartée et calomniée pendant vingt ans, jusqu’à ce que la sœur en question avoue avoir agi par jalousie. La patience, l’obéissance et l’amour que Marie de Jésus porte à son accusatrice, en priant pour elle durant toutes ces années, révèlent la force que la bienheureuse a su puiser en Dieu miséricordieux pour accorder un pardon qui sinon n’aurait pas été possible.
  • Après sa mort, le 13 septembre 1640, l’Église n’a pas traîné à rassembler les documents à son sujet : dès les premiers mois qui ont suivi sa disparition, par décision officielle de l’ordre du Carmel, on a demandé aux religieuses de fournir sous serment leur témoignage à l’égard des vertus spirituelles et humaines de Marie.
  • La cause de béatification, introduite le 10 décembre 1926 (Actes officiels du Saint-Siège : Acta Apostolicae Sedis, XIX, 1927, p. 102-105), a abouti en 1976 après la reconnaissance par le Saint-Siège de trois miracles post mortem.
  • Après sa mort, l’incorruption de son corps est attestée par tous ceux et celles qui l’ont approché. Souplesse de la peau, absence de rigidité cadavérique, fraîcheur du teint : autant d’éléments incompréhensibles ont été dûment rapportés.
  • Dans ses écrits spirituels, il y a de fréquentes références au Sacré Cœur de Jésus, de même que des réflexions qu’elle puise dans ses contemplations ; elle dit « avoir vu plusieurs fois des torrents de grâces qui en jaillissent ».

Synthèse :

Marie Lopez de Rivas est née à Tartanedo (Espagne, province de Guadalajara) le 18 août 1560. Son père meurt alors qu’elle est encore très jeune. Confiée à ses grands-parents paternels à Molina de Aragon, elle reçoit une éducation de grande qualité, tant dans le domaine intellectuel que religieux.

À l’adolescence, ses dispositions pour la vie contemplative ne font plus mystère et elle désire une chose avant tout : vivre en fidèle épouse de Jésus-Christ. Son confesseur, le jésuite A. de Castro, l’encourage dans cette voie. Le choix de la future bienheureuse se porte sur le Carmel qui, à cette époque, vit en Espagne sa réforme la plus extraordinaire sous la direction de sainte Thérèse d’Avila.

Elle parvient au carmel de Tolède (Espagne, Castille-La Manche) le 11 août 1577, apportant avec elle une belle dot de 5 000 escudos. Son confesseur a écrit un mot pour les religieuses chargées de l’accueillir : « J’espère en Dieu qu’elle sera un prodige. » Marie reçoit l’habit religieux dès le lendemain de son arrivée. Sa profession est datée du 8 septembre 1578. Novice, elle s’est attachée à devenir une contemplative exemplaire et, de fait, elle y est parvenue en quelques mois à peine, malgré une santé délicate.

C’est paradoxalement cette santé chancelante qui va décider du destin extraordinaire de la jeune femme au sein du Carmel. À Tolède, on s’interroge un moment sur ses capacités à supporter l’austérité de la vie des religieuses. C’est alors que sainte Thérèse d’Avila prend pour la première fois fait et cause pour elle : « Réfléchis bien à ce que tu fais,écrit-elle à la supérieure du couvent de Tolède, si vous n’admettez pas sœur Marie de Jésus à la profession, je la ferai venir à Avila ; et le monastère qui l’aura sera le plus chanceux de tous. Pour ma part, je voudrais l’avoir toujours avec moi dans mon monastère, même si elle a dû rester au lit toute sa vie. »

C’est le début d’une longue et profonde amitié entre les deux femmes. Lors des visites qu’elle effectue au couvent de Tolède, sainte Thérèse est heureuse de s’entretenir avec Marie de Jésus. Elle ira jusqu’à lui confier deux de ses manuscrits les plus importants pour relecture : Fondations et le Livre des demeures. La réformatrice parle alors de Marie comme de son « letradillo » (petit théologien). Ce surnom est désormais le sien au sein de l’ordre.

Sur conseil de la sainte, Marie devient sacristine puis infirmière. Elle s’acquitte merveilleusement de ses tâches, mais ses capacités naturelles l’appellent ensuite à d’autres missions. En 1583, la future bienheureuse est nommée maîtresse des novices, une fonction qu’elle remplit également au monastère de Cuerva (Espagne), puis à plusieurs reprises à Tolède. C’est une charge très importante, en particulier dans le contexte de la réforme du Carmel entreprise dans toute l’Espagne par sainte Thérèse d’Avila.

Marie est un modèle spirituel accompli et elle se révèle une gestionnaire et une organisatrice rares. On lui confie d’importantes responsabilités. Plusieurs fois sous-prieure (1587-1591 ; 1607-1619), elle devient prieure (1591-1595 ; 1598 ; 1624-1627), guidant ses sœurs avec tact, finesse et intelligence, avec les dispositions spirituelles transmises par sainte Thérèse d’Avila.

Mais un tel succès attire l’attention. En juillet 1600, au cours d’une visite canonique du monastère par le provincial de l’ordre du Carmel, elle est accusée par l’une des sœurs. Les griefs portés à son encontre sont graves. Elle est démise de ses fonctions le 25 juillet 1600. Sereine malgré tout, totalement confiante en Dieu, elle va vivre dans l’obéissance et l’humilité, priant chaque jour pour son accusatrice. Son calvaire ne prend fin qu’une vingtaine d’années plus tard, lorsque la religieuse qui l’avait accusée publiquement se rétracte, avouant qu’elle avait agi de la sorte pour prendre la place de Marie ! Réhabilitée, Marie de Jésus est réélue prieure le 25 juin 1624.

Elle passe ses dernières années dans la prière et la contemplation, donnant à l’amour du Seigneur, dans chaque acte de la vie, à chaque instant, la seule place que Marie jugeait digne : la première. L’Enfant Jésus, qu’elle appelle « le Docteur de la maladie de l’amour », occupe une place particulière dans sa spiritualité.

Elle meurt à Tolède le 13 septembre 1640. Son corps incorrompu repose dans l’église du carmel de la ville.

Patrick Sbalchiero, membre de l’Observatoire international des apparitions et des phénomènes mystiques.


Au-delà des raisons d'y croire :

Un frère carme réputé, frère Silvère de Sainte-Thérèse, affirme qu’après « sainte Thérèse elle-même, aucune religieuse carmélite déchaussée en Espagne n’a atteint une telle renommée populaire et une célébrité comme Marie de Jésus ».


Aller plus loin :

Silvère de Sainte-Thérèse, Historia del Carmen Descalzo, Monte Carmelo, 1937.


En savoir plus :

  • P. de Acosta, Vida prodigiosa y heroicas virtudes de la ven. M. Maria de Jesus, Madrid, 1643.
  • Manuel de S. Jeronimo, Reforma de los descalzos, V, Madrid, 1706, chap. 5-11, p. 754-803. Réimprimé à part : Vida de la Madre de Jesus, Caceres, 1924.
  • « La vénérable Marie de Jésus, par une Carmélite », dans Études Carmélitaines, XII, Paris, Desclée de Brouwer, 1927, p. 8-48.
  • Sur le site Heralds of the Gospel, l’article : « Bienheureuse Maria de Jesus Lopez de Rivas. Un cœur ardent, habitué à l’héroïsme » (disponible en plusieurs langues).
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