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TOUTES LES RAISONS DE CROIRE
Les moines
n°314

Égypte

III et IVe siècles

Les Pères du désert

Les Pères et Mères du désert sont des religieux de l’Antiquité tardive (IIIe et IVe siècles), ayant vécu essentiellement en Égypte. Ils vivaient dans le désert, en ermites ou au sein de communautés. Désireux d’éviter les persécutions romaines, qui perdurent jusqu’en 313 – date de l’édit de Milan, qui voit l’empereur Constantin autoriser le culte chrétien –, ils se retirent dans le désert pour vivre une vie d’ascétisme absolu, formant parfois de petites communautés. Ils sont connus pour leurs apophtegmes, mais n’ont laissé que peu d’écrits, ce qui les distingue des Pères de l’Église.

© CC0 pxhere
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Les raisons d'y croire :

  • Les conditions de vie de ces Pères et Mères du désert sont difficiles à l’extrême. Sans le moindre confort, pratiquant l’ascèse dans un dépouillement absolu, ils parviennent à vivre dans une grande paix intérieure et développent même une infinie sagesse, qu’ils transmettent à leurs disciples. Sans une foi véritablement solide et le secours de grâces surnaturelles, ils n’auraient pu s’imposer de telles conditions de vie et les supporter une vie durant.
  • Certaines Mères du désert vivront dans des tombeaux (Synclétique d’Alexandrie, Alexandra), ou dans une cellule, ne la quittant que pour la messe (Sarah), ou encore attachées à un poteau (Marana, Cyra). Les exemples de mortification sont nombreux : il semble impossible de vivre ainsi sans l’aide de Dieu.
  • Même après la fin des persécutions romaines, les Pères continueront leur exil au désert, ce qui prouve qu’ils ne s’y cachaient pas par peur de la mort. Dans ces conditions extrêmes, ils souhaitent vivre une forme de martyre, pour l’amour du Christ.
  • On peut citer l’exemple de Marie L’Égyptienne, qui se convertit brutalement devant une icône de la Vierge Marie, après avoir vécu douze ans dans la prostitution. Elle devient ensuite ermite dans le désert.

Synthèse :

La plupart des Pères et Mères du désert vivaient en Égypte, mais d’autres ont vécu dans les déserts de Palestine et de Syrie. Les raisons de leur retrait au désert sont nombreuses. Fuir les persécutions romaines en est une, mais c’est loin d’être la seule. D’ailleurs, ils continueront de s’exiler au désert, même après l’édit de Milan, voyant dans l’isolement au désert une nouvelle forme de martyre ; un martyre qu’ils recherchent avec la ferme volonté de suivre l’exemple de leur chef de file, le Christ, qui fut, lui aussi, tenté au désert. Ils cherchent ainsi à vivre comme lui, dans le dépouillement et l’ascèse la plus totale. Il s’agit aussi de renoncer au monde, vu comme le lieu du mal, et de vivre une vie de vertu, de prières et d’étude des textes. Certains parlent de « quitter l’homme ancien pour rencontrer l’homme nouveau ».

Exemples d’humilité, ils cherchent à rester inconnus de leurs contemporains. « Si tu veux être connu de Dieu, sois ignoré des hommes » est une célèbre citation anonyme des Pères du désert, qui montre bien à quel point ils ne cherchent pas la reconnaissance.

Les premiers Pères du désert, comme ceux qui ont marqué l’Histoire, vivent tout d’abord en ermites (anachorètes). Bien qu’ils souhaitent rester dans la solitude, des disciples se regroupent rapidement autour d’eux, constituant des communautés, souvent formées autour de points d’eau. Ils vivent alors en moines communautaires (cénobites). Peu à peu, ils constituent des Églises, au sein desquelles ils célèbrent la messe, avec les ermites qui les entourent. La communauté permet aussi de prendre soin des malades.

Ils cultivent un jardin qui leur permet de vivre, et fabriquent parfois des paniers ou des nattes avec des joncs pour les vendre en ville et ainsi récolter des fonds. Certains copient des manuscrits. C’est le cas notamment d’Évagre le Pontique. Le reste du temps, ils étudient les Écritures, prient ardemment et méditent des passages de la Bible.

Les plus avancés dans la vie spirituelle sont Pères ou Mères, et les moines ou moniales viennent les consulter. Le premier et le plus célèbre de tous est Antoine le Grand. Né vers l’an 250, il mène très tôt une vie d’ermite et s’exile dans le désert vers l’âge de trente ans. Il sera suivi par de nombreux disciples. Certains d’entre eux sont aussi Pères de l’Église, dans la mesure où ils ont laissé quelques écrits. Ces écrits, que l’on nomme Apophtegmes (du grec ancien apophtegma, sentence, précepte), sont des paroles sous forme de brefs dialogues ou de courts récits qui visent à éclairer l’âme et l’esprit humain afin de les faire grandir spirituellement. Ce sont souvent des paroles courtes, qui se retiennent facilement et sont chargées de sens. Elles révèlent une fine connaissance de l’âme humaine, d’autant plus que leurs auteurs sont pénétrés des Écritures et cherchent à vivre l’amour fraternel. Ils n’enseignent que ce qu’ils incarnent eux-mêmes et, souvent, plutôt que de donner une consigne, le maître se contente de donner l’exemple. Ils sont maîtres dans l’exercice de l’écoute intérieure, dans le silence du désert, et pratiquent la miséricorde avec leurs frères ainsi que la retenue dans la parole qui juge.

Bien que n’ayant jamais vécu dans le désert sur une période prolongée, Athanase d’Alexandrie (soutenu par les Pères dès le début de son épiscopat mouvementé) est considéré comme un Père du désert. Il en est de même pour Cyrille d’Alexandrie et Grégoire le Théologien. D’autres restent célèbres, tel saint Pacôme le Grand, fondateur de neuf monastères à la même époque qu’Antoine le Grand. Parmi les plus connus, l’on trouve Paul de Thèbes, Jean Cassien, Macaire le Grand, Isidore de Péluse, Épiphane de Salamine, Évagre le Pontique, Jean de Thébaïde. Quelques femmes ont inscrit difficilement leur nom dans l’Histoire : Théodora, et Mélanie l’Ancienne, qui sera consultée longuement par Évagre le Pontique avant qu’il ne s’exile au désert, puis Mélanie la Jeune, sainte Synclétique, Sarah, Marie l’Égyptienne, Photine, Anastasie, Eusébie, Pélagie et bien d’autres. Leur silence s’explique principalement par le fait qu’à l’époque, les femmes n’étaient pas lettrées et les Pères étaient souvent hostiles à leur présence. De plus, ceux qui ont observé ces anachorètes et cénobites observaient les moines, et non les moniales. Elles n’ont donc laissé que peu de traces. Cependant, certains des apophtegmes leur sont attribués. Toutes ces femmes vivaient exactement comme les hommes : en ermites ou en communautés. Certaines vivaient même enchaînées, ou dans des tombeaux.

Camille Mino di Ca, récemment baptisée, s’est convertie à 50 ans. Passionnée par les récits de conversion et les vies de saints, elle rédige pour Hozana et d’autres supports. Elle pratique l’écriture sous différentes formes, y compris la biographie, le théâtre, la poésie et la chanson.


Aller plus loin :

Sœur Marie-Ancilla, Chercher Dieu avec les Pères du désert, Source de Vie, 1996 (2e édition, 2020).


En savoir plus :

  • Jean-Claude Guy, Paroles des anciens. Apophtegmes des Pères du désert, Paris, Seuil, 1976.
  • Mattias Rouw, Les Pères du désert, Première Partie éditions, 2022.
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