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TOUTES LES RAISONS DE CROIRE
Les docteurs
n°434

Italie

1542 – 1621

Saint Robert Bellarmin, défenseur de la foi catholique

Théologien, prédicateur, professeur, archevêque de Capoue, cardinal, conseiller de plusieurs papes, Robert Bellarmin a laissé une empreinte intellectuelle et spirituelle de premier plan dans l’Europe moderne. Docteur de l’Église depuis 1931, il est un auteur de renommée mondiale ; la diffusion de ses écrits, dès son vivant, est exceptionnelle. Malgré ses fonctions et ses honneurs, il est resté un homme de prière, simple, plein de charité pour les pauvres mais aussi pour ses adversaires. Après sa mort, le 17 septembre 1621, la ferveur populaire lors de ses funérailles dépasse l’imagination.

© Museum Plantin-Moretus , CC0, via Wikimedia Commons
© Museum Plantin-Moretus , CC0, via Wikimedia Commons

Les raisons d'y croire :

  • Engagé dans les grands débats de son époque, ses textes forment une réponse doctrinale et spirituelle aux thèses des protestants, dont son célèbre Petit Catéchisme, traduit en soixante-deux langues, chef-d’œuvre de clarté, de synthèse et de savoir, ou ses Controverses contre les hérétiques, traduit en une trentaine de langues de son vivant, dans lesquels il ne manifeste aucun signe de méchanceté ou d’irrespect envers ses adversaires.
  • Le grand nombre de personnes retournées au Christ à la suite de la lecture de ses écrits constitue le plus bel éloge que l’on peut leur attribuer. Un exemple : le jeune Anglais Henry Heat, disciple du théologien anglican Whitaker, qui s’oppose à Bellarmin, décide de lire les Controverses avec trois de ses compagnons, à la suite de quoi ils se convertissent et deviennent religieux. Henry Heat donnera sa vie pour la foi catholique.
  • En proclamant Robert Bellarmin bienheureux (1923), puis en l’inscrivant au catalogue des saints (1930), l’Église catholique a reconnu l’exemplarité évangélique de ses vertus et la qualité chrétienne de toute son existence. En l’élevant au grade de docteur de l’Église l’année suivante, le pape Pie XI a démontré au monde son autorité exceptionnelle en théologie.
  • L’énergie et la force de travail du saint sont inexplicables. Il cumule en quelques années, et simultanément, des responsabilités administratives et pédagogiques invraisemblables, des missions diplomatiques et religieuses, l’écriture de livres de théologie et une vie spirituelle d’une densité peu commune.
  • La plupart de ses adversaires ont également reconnu ses nombreuses qualités humaines et l’authenticité de ses charismes. William Whitaker, professeur à l’université de Cambridge, avoue que le saint fait preuve d’une « érudition d’une extrême étendue » ; Théodore de Bèze, le chef des calvinistes à Genève, s’exclame en parlant des Controverses : « Ce livre nous perd ! »

  • Robert Bellarmin est loin d’être un ecclésiastique évoluant dans une tour d’ivoire. C’est tout le contraire ! Il ne ferme sa porte à personne et tous peuvent compter sur sa disponibilité et sa générosité. De surcroît, il ne recherche jamais ni distinction ni honneur. Après avoir été créé cardinal en 1599, il ne modifie en rien son ascèse et multiplie même les gestes de charité envers les démunis. Robert Bellarmin est l’ami des hommes car il est d’abord ami de Jésus.
  • Il partage l’amitié de trois autres grands saints de cette époque : saint François de Sales – qui dit de lui : « Il sait tout, excepté faire le mal. » –, saint Philippe Néri et saint Charles Borromée, qui voient en lui un frère en Jésus-Christ et un compagnon rare.

  • La ferveur populaire lors de ses obsèques parle d’elle-même : dès l’annonce de son agonie, les Romains se précipitent devant le noviciat jésuite de Saint-André-du-Quirinal. Le corps de Robert Bellarmin, exposé dans l’église du lieu sur un socle trop élevé, est assailli par les fidèles désireux de le toucher et qui, pour cela, brandissent des piques en haut desquelles ils ont fixé leur chapelet. Les soldats gardant le lieu doivent intervenir à plusieurs reprises.

Synthèse :

Fils de Vincenzo Bellarmino, riche toscan, et de Cinthia Cervini, sœur du futur pape Marcel II, Robert est un enfant doué. Il mène une jeunesse studieuse et pieuse. Il effectue sa scolarité au collège tenu par les Jésuites à Montepulciano (Italie, Toscane), à l’issue de laquelle il projette de devenir médecin.

Mais il sent que Dieu l’appelle à autre chose. Il décide d’abandonner son projet professionnel et entre le 20 septembre 1560 dans la Compagnie de Jésus. Ses supérieurs repèrent rapidement en lui une personnalité exceptionnelle. On l’envoie étudier au Collège romain de l’ordre. Il est dispensé de noviciat, ce qui est une marque de confiance rare. Il se rend ensuite à Florence (Italie), puis à Padoue (1567) pour suivre son cursus en théologie. Il achève sa formation à Louvain (actuelle Belgique). C’est là qu’il occupe son premier poste de professeur, dès l’année suivante.

Il est ordonné prêtre à Gand (actuelle Belgique) en 1570. À cette date, il jouit déjà d’une réputation de prédicateur, à la fois populaire et savant, car il lui arrive de prêcher devant toutes sortes d’auditoires, des plus humbles de ses contemporains jusqu’à l’élite sociale.

C’est également l’époque où il pose les bases doctrinales de son enseignement, accordant notamment une place privilégiée à saint Thomas d’Aquin dans l’éducation théologique des Jésuites. Ce choix sera plus tard approuvé par le Saint-Siège (1593).

Enseignant remarquable, prédicateur hors pair, le jeune prêtre s’illustre également dans l’art de la controverse. Dès cette époque, avec une puissance de travail dépassant les capacités humaines, il rassemble, commente et répond à toutes les questions soulevées par les luthériens et les calvinistes en Europe. Dès 1576, il est appelé à Rome pour enseigner la controverse au Collège romain. Dès le départ, il refuse de privilégier les débats intellectuels au détriment des personnes. À ses yeux, celles-ci comptent par-dessus tout. On le voit ainsi engager le fer avec les protestants, non avec des propos violents, mais dans la douceur et le respect : une attitude qui est loin d’être systématiquement partagée à cette époque des guerres de religion !

Entre 1586 et 1593, il rédige l’un de ses plus grands livres, les fameuses Controverses contre les hérétiques. Ce travail, imprimé en trois volumes, va connaître une diffusion incroyable partout en Europe : déjà une trentaine d’éditions du vivant du saint. Dès lors, il accumule charges, missions et honneurs. Outre la direction spirituelle du Collège romain, il collabore à la commission biblique chargée de réviser la Vulgate, projet débouchant en 1593 à la publication de la Vulgate sixto-clémentine.

Il est envoyé en France par le pape Sixte Quint, aux côtés du légat pontifical. La mission est très difficile : Henri III vient d’être assassiné (1589) et il suffirait d’un rien pour qu’un nouveau conflit religieux éclate. Robert démontre des qualités diplomatiques exceptionnelles, tant auprès des évêques français que des chefs protestants, tant du côté de la famille royale que d’Henri de Navarre (futur Henri IV). Il réussit par la douceur et la bienveillance à maintenir un statu quo entre catholiques et protestants français qui, tous, de façon unanime, lui rendent hommage. En avril 1585, Henri IV conseille aux cardinaux français partant au conclave d’élire un saint pape en la personne du cardinal Bellarmin.

À partir de 1593, il devient le théologien attitré du pape Clément VIII. Celui-ci demande à tous les curés du monde d’utiliser le Petit Catéchisme de Bellarmin (Dottrina cristiana breve), chef-d’œuvre littéraire, doctrinal et spirituel imprimé en 1597, qui sera édité à soixante-deux reprises.

Deux ans plus tard, le souverain pontife le crée cardinal, pratiquement malgré lui, tant sa volonté de ne recevoir aucun honneur est grande. Son activité éditoriale, son zèle apostolique et son humanité lui valent d’être sacré archevêque de Capoue (Italie) en 1602. Même refus, même décision du pape : ce sera Robert Bellarmin ou personne ! Dans cette ville, il accomplit un travail pastoral de premier plan : organisation de synodes, créations de paroisses et visites de celles-ci dans leur totalité, accompagnement intellectuel et humain des futurs prêtres, charité sans pareille pour les gens dans le besoin… C’est l’application en majesté des décisions du concile de Trente.

Paul V est le nouveau successeur de saint Pierre. Il appelle aussitôt Robert à ses côtés. Il le nomme membre de toutes les congrégations romaines ! Robert Bellarmin est devenu l’homme clé de la curie. Mais lui ne modifie en rien son genre de vie : ascétisme, frugalité, prière, partage. En réalité, il consacre ses dernières années à la contemplation et aux renoncements des biens terrestres. Trouvant encore le temps de participer à de très importants débats malgré une santé de plus en plus précaire, il écrit alors des traités spirituels empreints de fraîcheur et de poésie, à mille lieues de l’image de l’intellectuel enfermé dans ses réflexions.

Son souci de justice et sa charité sont universellement reconnus. En tant que membre du Saint-Office, le saint se voit confier l’instruction d’un grand procès de l’époque, celui du dominicain Giordano Bruno, qui sera exécuté le 17 février 1600. Au cours des sept années du procès, le saint conduit une vingtaine d’interrogatoires. À cette époque, l’Inquisition fait parfois usage de la torture pour obtenir des aveux. Le saint, qui est certes membre de la congrégation du Saint-Office, veut l’éviter mais il n’est pas seul à décider. Il rend visite à Giordano à maintes reprises, l’invitant, dans le dialogue et la douceur, à changer ses positions.

Robert Bellarmin prend également part au premier procès du grand astronome Galilée, accusé par l’Église de l’époque d’avoir élevé l’héliocentrisme de Nicolas Copernic au rang de certitude scientifique, alors que cette théorie n’a pas été démontrée. Le saint connaît personnellement le savant, avec lequel il a observé la Lune et Vénus dans une lunette astronomique. Contrairement à la plupart des accusateurs, il fait montre d’une grande douceur et d’une étonnante patience vis-à-vis de Galilée, refusant une condamnation brutale. C’est avec un tact extraordinaire qu’il entend l’inviter à dire que l’héliocentrisme constitue une hypothèse scientifique restant à démontrer.

Défenseur unique de la foi catholique, Robert Bellarmin rend son âme à Dieu au noviciat jésuite de Saint-André-du-Quirinal le 17 septembre 1621. Béatifié en 1923, canonisé sept ans plus tard, le pape Pie XI fait de lui un nouveau docteur de l’Église en 1931. L’église romaine Saint-Ignace-de-Loyola, où sont conservés ses restes mortels, a vu des générations de fidèles se recueillir en mémoire de cet apôtre de la foi hors du commun.

Toute sa vie, de l’adolescence à la vieillesse, quelles que soient les circonstances, Robert Bellarmin a fait preuve d’un esprit de service hors du commun, associant des qualités intellectuelles indéniables à une foi sans pareille. Comblé d’honneurs – il a failli être élu pape à deux reprises – et doué de charismes surnaturels, il remplit de très hautes charges au sein de l’Église, sans jamais se départir de son humilité et de sa générosité. Homme de paix et de conciliation, il est avant tout un homme de Dieu, reconnaissant le Christ en chacun de ses semblables.

Patrick Sbalchiero, membre de l’Observatoire international des apparitions et des phénomènes mystiques.


Aller plus loin :

Jean-Robert Armogathe et André Vauchez (dir.), Dictionnaire des saints, Paris, Éd. CNRS, 2019, p. 1031-1037.


En savoir plus :

  • James Brodrick, Robert Bellarmin, Saint and Scholar, Westminster, Newman Press, 1961.
  • Peter Godman, Histoire secrète de l’Inquisition. De Paul III à Jean-Paul II, Paris, Perrin, collection « Tempus », 2009.
  • Franco Motta, Les Jésuites, histoire et dictionnaire, Paris, Éditions Bouquins, 2022.
  • Sur le site Internet de La Porte Latine, l’article « Saint Robert Bellarmin (1542 – 1621), une belle intelligence de la Renaissance ».
  • La vidéo de la chaîne YouTube Prier Aujourd’hui : Robert Bellarmin, par Jean-Luc Moens.
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