Le miracle des ardents

Synthèse :

Le miracle posthume le plus spectaculaire que l’on doit à l’intercession de sainte Geneviève est sans conteste « le miracle des ardents ». Nous sommes en 1130 et, depuis des mois, sévit à Paris et aux alentours une épouvantable épidémie appelée « mal des ardents », ou « feu sacré », ou « feu de saint Antoine », ou encore « ergotisme ». Cette maladie dévastatrice trouve son origine dans l’ingestion de céréales contaminées par une sorte de champignon vénéneux, « l’ergot ». Ce mal terrifiant dévore d’un feu intérieur les personnes qui en sont atteintes, tant au niveau des pieds, des mains, de la poitrine que des joues. Les malades, dont le corps se dessèche et noircit rapidement, meurent dans d’atroces souffrances. En novembre 1130, on compte déjà près de quatorze mille morts et l’épidémie ne faiblit pas,malgré les jeûnes et les prières publiques organisés par l’évêque de Paris, Étienne de Senlis.

Aux grands maux, les grands remèdes. L’évêque décide d’organiser le 26 novembre une procession de la châsse de sainte Geneviève. La foule désespérée se presse derrière le cortège formé par les religieux de l’abbatiale Sainte-Geneviève, qui portent les reliques de la sainte et cent trois malades transportés sur des brancards. Arrivées sur le parvis de la future cathédrale Notre-Dame, les personnes souffrantes s’approchent de la châsse. Dès qu’ils la touchent, cent malades guérissent instantanément. Seules trois personnes ne guérissent pas immédiatement. On dira d’elles qu’elles étaient « sceptiques ». À la vue de ce miracle, la foule éclate en cris de joie et en applaudissements. La nouvelle se répand très vite et le miracle s’étend à des milliers de malades, qui recouvrent la santé les jours suivants. L’épidémie s’arrête quelques semaines seulement après la procession.

Le miracle est d’une telle ampleur que le pape Innocent II se déplace à Paris pour diligenter une enquête visant à l’authentifier. Il instaure une commémoration annuelle, la « Sainte-Geneviève-des-Ardents ». Les processions de la châsse de sainte Geneviève sont depuis régulièrement organisées en cas de menace ou de calamité. Instituée au XVIe siècle, la « Compagnie des porteurs de châsse de sainte Geneviève » existe encore aujourd’hui et organise une procession tous les 3 janvier.

Ce miracle exceptionnel est loin d’être le seul ! Tout au long de sa vie, Geneviève prie et obtient non seulement de nombreuses guérisons miraculeuses, mais aussi d’autres types de miracles. Sous un ciel menaçant, elle parvient par exemple, en priant, à détourner un orage de grêle qui s’abat alors à côté des terres de ses métayers, laissant ainsi intacts les champs de céréales.

Après sa mort, la sainte est souvent invoquée contre les calamités climatiques. À diverses époques, inondations et sécheresses prennent fin grâce à son intercession. En 822, l’inondation de la Seine est telle que la ville est recouverte par les eaux. Un clerc dénommé Richard atteint la maison de Geneviève. Quelle n’est pas sa surprise lorsqu’il y découvre le lit de la sainte entièrement sec. Prévenus, les autres prélats de la ville arrivent sur place. En voyant la voûte d’eau au-dessus du lit, ils rendent grâce à Dieu. Aussitôt la prière terminée, les eaux refluent de toutes parts et l’inondation prend fin.

La sainte patronne de Paris et copatronne secondaire de la France est aussi celle qui repousse l’ennemi de notre capitale et de notre pays. En 885, les Normands entourent Paris. Après un an de siège, ils lancent un assaut sur la ville. Les Parisiens, affamés et désespérés, transportent les reliques de sainte Geneviève et celles de saint Germain d’Auxerre aux pointes est et ouest de la Cité. Des deux côtés, les Parisiens parviennent alors à repousser les Normands, malgré l’avantage numérique de ces derniers. Paris est sauvé !

Des invasions normandes du IXe siècle à la Seconde Guerre mondiale, les Français ont si souvent prié sainte Geneviève... et puis, beaucoup l’ont peu à peu oubliée. Pourtant, Voltaire lui-même s’en remettait à sainte Geneviève, dont il disait :

« France, pouvez-vous méconnaître
L’héroïne que vous voyez ?
Oui, c’est vous que Paris révère […]
Quel bras les a mieux garantis ?
Vous qui, par d’invisibles armes,
Toujours au fort de nos alarmes
Nous rendîtes victorieux […].
Protectrice de la France […]
Par votre seule prière […].»

En invoquant sainte Geneviève, nous pouvons obtenir bien des miracles. Comme elle, ayons confiance !

Au-delà des raisons d'y croire :

Sainte Geneviève est une personnalité marquante de l’histoire de Paris et de la France. Elle a mené la résistance face aux Huns puis lors du siège de notre capitale et a tenu le rôle de « maire » de Paris pendant une cinquantaine d’années. Elle a soigné, guéri et nourri ses habitants.

Mais, l’essentiel est ailleurs. Geneviève était avant tout une femme de prière. Courageuse et humble, elle s’en remettait toujours au Christ pour tout ce qu’elle faisait. Ainsi, toute sa vie nous invite à prendre exemple sur sa prière. Nous ne sommes pas tous appelés à avoir une vie comme la sienne, mais nous sommes invités à vivre notre vie comme elle a vécu la sienne : en mettant Jésus à la première place, en commençant par la prière et en agissant suivant la volonté de Dieu.

Nous pouvons invoquer sainte Geneviève pour notre pays et pour notre capitale, qu’elle a servie avec dévouement, mais aussi la prier pour nous donner plus de courage et de confiance en Dieu.

Aller plus loin :

Delphine Pasteau, Geneviève, mystique et femme d’action, Éditions de l’Emmanuel, 2020.

En savoir plus :

• Geneviève Chauvel, Sainte Geneviève, premier maire de Paris, L’Archipel, 2017.
• Joël Schmidt, Sainte Geneviève. La fin de la Gaule romaine, Perrin, 1990 (rééditions 1999, 2012).
• Abbé Saintyves, Vie de sainte Geneviève, patronne de Paris et du royaume de France, suivie de l’histoire de l’abbaye, de l’église et des reliques de la sainte, Poussiegle-Rusand, 1846.
• Max Gallo, Geneviève de Paris. Lumière d’une sainte dans un siècle obscur, Paris, XO éditions, 2013.
• Delphine Pasteau, Sainte Geneviève, collection Témoins de l’Invisible, Éditions Emmanuel Jeunesse, 2023.