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Les apparitions et interventions mariales
n°249

Pellevoisin (Indre, France)

Du 14 février au 8 décembre 1876

« Je suis toute miséricordieuse » : Notre Dame à Pellevoisin

Estelle Faguette, une domestique âgée de trente-trois ans est gravement malade. Elle écrit une prière à la Vierge Marie, demandant sa guérison. Alitée dans sa chambre, Marie lui apparaît, le 14 février 1876. Estelle est miraculeusement guérie quelques jours plus tard et continue de voir la Vierge, « Mère toute miséricordieuse », à plusieurs reprises cette année-là. Marie lui confie notamment la mission de faire diffuser le scapulaire du Sacré-Cœur, qui donne un nouvel élan à la dévotion du Sacré-Cœur, que Marguerite-Marie Alacoque avait déjà fait connaître au XVIIe siècle.

Vitrail de l'église de Nangis représentant l'apparition de la Vierge à Estelle Faguette / © CC BY-SA 3.0, GFreihalter.
Vitrail de l'église de Nangis représentant l'apparition de la Vierge à Estelle Faguette / © CC BY-SA 3.0, GFreihalter.

Les raisons d'y croire :

  • Il est strictement impossible d’associer la pathologie d’Estelle (lésions pulmonaires graves) à une maladie psychosomatique.
  • Après avoir ausculté Estelle, atteinte d’une péritonite chronique qui a dégénéré en tuberculose, le docteur Bucquoy, professeur de médecine, pense qu’elle est définitivement condamnée. Quelques heures avant l’apparition, elle est au plus mal, « ne voyant plus, ne mangeant plus, "comme morte" ». Pourtant elle est guérie dans la nuit du 18 au 19 février 1876, ce qui est scientifiquement inexplicable.

  • La commission d’enquête, mise sur pied le 13 janvier 1877 au sujet de la guérison inexpliquée de la voyante, a rendu un rapport positif en tous points.

  • La guérison d’Estelle intervient précisément le jour prophétisé par l’apparition, le 14 février 1876 : « Tu souffriras encore cinq jours, en l’honneur des cinq plaies de mon Fils. » Dans la mesure où la maladie d’Estelle n’est pas feinte et doit selon toute probabilité aboutir à sa mort, il est impossible qu’Estelle ait pu savoir d’elle-même quand elle guérirait, à moins que cela lui ait été révélé de façon surnaturelle.

  • Estelle est aussi éloignée que possible de toute recherche de célébrité, de reconnaissance, de tapage médiatique. Elle mène une vie d’une grande discrétion, conserve son emploi de domestique et manifeste une humilité et une obéissance de tous les instants jusqu’à sa mort. Ce n’est donc pas motivée par un besoin de reconnaissance qu’elle témoigne des apparitions.
  • Certains croient devoir mettre les apparitions sur le compte de la santé défaillante d’Estelle. Pourtant, ces apparitions ne contiennent rien qui puisse suggérer qu’il s’agirait d’hallucinations : leur durée (bien plus longue que le seraient de tels événements psychiques), la clarté des messages, la physionomie de Marie (détails vestimentaires et subtilité des expressions successives de son visage), la paix intérieure de la voyante, les interactions entre Estelle et l’apparition (il s’agit d’un vrai dialogue entre deux personnes, parfaitement clair sur le plan linguistique), le respect des lois de l’optique (la taille de l’apparition varie selon qu’elle s’éloigne ou se rapproche d’Estelle), etc.
  • Tous les messages de la Vierge recueillis par Estelle sont absolument conformes à l’enseignement de l’Église catholique : ils ne peuvent être le fruit des divagations d’une malade fiévreuse. La dévotion du scapulaire est parfaitement connue dans le monde chrétien depuis le XIIIe siècle (Carmel).
  • En outre, une vision prophétique d’Estelle s’est réalisée : le 6 février 1878, elle voit en extase Mgr Luigi Pecci, archevêque de Pérouse, vêtu de blanc, à qui elle remet un scapulaire semblable à celui que la Vierge tenait lors de la quinzième apparition. Treize jours plus tard, Mgr Pecci monte sur le trône de saint Pierre sous le nom de Léon XIII et, le 17 février 1900, il reçoit Estelle en audience privée. La Vierge Marie avait, elle aussi, annoncé lors de ses apparitions, en 1876, qu’Estelle, humble domestique, rencontrerait un jour personnellement le pape.
  • Les fruits du sanctuaire marial de Pellevoisin sont très importants : conversions, vocations religieuses et sacerdotales, confessions en nombre, guérisons, etc.
  • Depuis bientôt cent cinquante ans, rien n’a jamais interrompu les pèlerinages au sanctuaire de Pellevoisin : ni les guerres, ni les crises économiques et sociales, ni les aléas de la vie publique, ni aucune décision des autorités épiscopales.
  • Bien que l’Église ne se soit pas encore prononcée formellement et canoniquement sur l’authenticité de ces apparitions (la procédure est restée en suspens), la dévotion à Notre Dame de Pellevoisin est amplement encouragée. Depuis 1876, l’accompagnement favorable de l’Église est manifeste : le caractère surnaturel de la guérison d’Estelle est reconnu (en 1983, par Mgr Paul Vignancour, archevêque de Bourges) ; le développement du sanctuaire et du pèlerinage est encouragé ; le scapulaire de Pellevoisin est approuvé par décret (par la congrégation des Rites, en 1900) ; la cause de béatification d’Estelle a été ouverte en 2020…

Synthèse :

Estelle Faguette, née en 1843 à Saint-Memmie, près de Châlons-sur-Marne, est devenue domestique chez la comtesse Marie-Luce de La Rochefoucauld-Montbel, à Pellevoisin, lorsqu’une mauvaise chute l’a fait quitter le noviciat des Sœurs augustines de Notre-Dame de Paris et renoncer à la vie religieuse. Mais, depuis 1875, elle est atteinte d’une péritonite chronique qui, mal soignée, est devenue tuberculeuse. En février 1876, elle est alitée depuis plusieurs jours et souffre beaucoup : autour d’elle, on commence à évoquer une issue dramatique.

Le 14 février, vers minuit, la Vierge lui apparaît. « Je cherchais à me reposer quand tout à coup apparut le diable au pied de mon lit. Oh ! Que j’avais peur, il était horrible, il me faisait des grimaces ; à peine était-il arrivé que la Sainte Vierge apparut de l’autre côté […] ». Ainsi commence le récit d’Estelle. La jeune femme, d’origine très modeste, fille d’un entrepreneur ruiné, n’a jusqu’alors jamais rapporté le moindre fait extraordinaire. Elle mène une existence enfouie, loin des mondanités, qu’elle fuit comme la peste. La présence de l’être grimaçant peut paraître bien anecdotique, ou le fruit de l’imagination. En réalité, il révèle le combat spirituel qui est en train de se jouer autour de la malade, promise au trépas par quelques personnes. Au-delà de la référence symbolique au démon, et de son aspect figuratif, cet ange du mal rend compte de l’importance de l’instant que vit Estelle, au seuil de la mort.

La description qu’elle donne de la Mère de Dieu est la suivante : « Elle avait un voile de laine bien blanc qui formait trois plis, ses traits étaient réguliers, son teint blanc et rose, plutôt un peu pâle. » Débute alors un dialogue entre Estelle et l’apparition : « Ne crains rien, tu sais bien que tu es ma fille. Courage, prends patience, mon Fils va se laisser toucher. Tu souffriras encore cinq jours, en l’honneur des cinq plaies de mon Fils. Samedi, tu seras morte ou guérie. » L’initiative vient de l’apparition, nouant un contact entre l’humble jeune femme et le Ciel, à la manière dont Dieu prend tant de fois l’initiative d’appeler les hommes dans la Bible. Marie apaise Estelle, en qui elle fait disparaître la peur suscitée par la présence du diable, fauteur de troubles et de mal-être, qui s’évanouit par la seule présence mariale, comme le confirme toute la tradition chrétienne. Dans les semaines suivantes, l’apparition répétera : « Je suis toute miséricordieuse. »

L’allusion aux cinq plaies du Christ ne saurait être une invention de la voyante : il s’agit d’une dévotion pratiquée depuis le XIe siècle au moins (saint Pierre Damien, † 1072). Formulée de la sorte, il est impossible qu’Estelle, dont les connaissances religieuses sont des plus rudimentaires, ait inventé une telle formule.

Quatorze autres apparitions vont se succéder jusqu’au 8 décembre 1876, au même endroit, dans la chambre d’Estelle. Dans la nuit du 18 au 19 février (cinquième apparition), tandis qu’on la croit sur le point de mourir, Estelle est guérie miraculeusement de ses lésions pulmonaires d’origine tuberculeuse.

Le 9 septembre (neuvième apparition), Marie montre son « cœur rouge » à Estelle en lui disant qu’elle en aime la dévotion (cf. la dévotion au cœur immaculé de Marie, en vigueur dans l’Église depuis saint Bernard de Clairvaux et les révélations privées faites à de grandes mystiques, comme sainte Gertrude d’Helfta à la fin du XIIIe siècle). Les messages suivants évoquent les difficultés rencontrées par les croyants dans la France de la IIIe République, où règnent parfois en maître positivisme et matérialisme.

Le 8 décembre 1876, jour de la quinzième et dernière apparition, la Vierge prie Estelle de porter le scapulaire qu’elle lui montre : « Je t’ai choisie pour répandre ma gloire et répandre cette dévotion ; tu iras toi-même trouver le prélat, et tu lui présenteras le modèle de scapulaire […]. Rien ne me serait plus agréable que de voir cette livrée sur chacun de mes enfants, et qu’ils s’appliqueront tous à réparer les outrages que mon Fils reçoit dans le sacrement de son amour. » « Le montrer au pape ? », se demande naturellement la modeste domestique, qui ne connaît ni Rome ni même le reste de la France... De fait, elle portera bel et bien le scapulaire à Léon XIII lors de leur rencontre en audience privée, vingt-quatre ans plus tard.

À partir du 11 avril 1876, l’abbé Salmon, directeur spirituel d’Estelle, informe le clergé diocésain des apparitions successives. La machine est lancée. La nouvelle parvient rapidement aux oreilles de l’archevêque de Bourges, Mgr Charles-Amable de La Tour d’Auvergne. Le père Salmon est autorisé à évoquer les événements en chaire. Le mois suivant, l’archevêque écrit qu’il ne voit pas d’inconvénient à ce qu’on inscrive sur une pancarte les paroles de l’apparition (« Je suis toute miséricordieuse »), qu’on placerait au-dessus de la statue de Notre Dame du Sacré-Cœur, dans l’église de Pellevoisin, et que l’on transforme la chambre d’Estelle en « petit oratoire », car c’est à cet endroit que la voyante a été guérie, après avoir annoncé par avance la date de ce prodige (dans la nuit du 18 au 19 février, soit effectivement cinq jours après l’apparition précédente qui avait précisé le moment : « Tu souffriras encore cinq jours »). C’est l’amorce du sanctuaire de Pellevoisin et du pèlerinage afférant.

Une commission d’enquête chargée d’étudier la guérison subite d’Estelle est diligentée le 13 janvier 1877. Ses conclusions sont toutes favorables, comme l’est la réaction du pape Pie IX vis-à-vis du projet de confrérie en l’honneur de Notre Dame de Pellevoisin. Cette confrérie est instituée le 28 juillet 1878 et sera élevée en archiconfrérie en 1894 par le pape Léon XIII. Papauté et évêques soutiennent dès le départ la dévotion au scapulaire de Pellevoisin.

Le 6 février 1878, la veille de la mort du pape Pie IX, Estelle a une vision prophétique : elle voit le futur pape (un « évêque vêtu de blanc ») sous les traits du successeur de Pie IX, qui sera élu treize jours plus tard et montera sur le trône de saint Pierre sous le nom de Léon XIII. Ce souverain pontife reçoit Estelle en audience privée le 17 février 1900.

Le 4 avril suivant, la Congrégation romaine des rites publie un décret approuvant le scapulaire de Pellevoisin. Désormais, rien n’arrête les milliers de fidèles, qui se rendent dans la chambre d’Estelle, transformée en lieu de prière.

Si, à la mort d’Estelle, le 23 août 1929, l’Église n’a pas encore statué sur l’origine surnaturelle des apparitions, en revanche, les responsables diocésains organisent le sanctuaire naissant en le confiant à des religieuses et des religieux. En 1983, Mgr Paul Vignacour, archevêque de Bourges, reconnaît officiellement le caractère miraculeux de la guérison d’Estelle. En 2009, un « Centre Estelle Faguette » sort de terre : on y organise chaque année des sessions de formation, des temps de prière, diverses retraites, etc. Enfin, en juin 2020, Mgr Jérôme Beau, archevêque de Bourges, a eu la joie de voir son projet de réouverture de la cause de béatification de la voyante accueilli favorablement par tous les membres de la Conférence épiscopale de France.

Patrick Sbalchiero


Aller plus loin :

« Pellevoisin (France, Indre) », René Laurentin et Patrick Sbalchiero, Dictionnaire des « apparitions » de la Vierge Marie, Paris, Fayard, 2007, p. 713-715.


En savoir plus :

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